L’Officiel Paris N°1036 – Août 2019

(Darren Dugan) #1

Comédienne, muse, business woman...


et petite amie présumée de Harry Styles,


Kiko Mizuhara compte parmi les cool kids les plus influents au Japon.


Rencontre un lendemain de tapis rouge.


Hier, vous montiez les marches du
Palais des Festivals à Cannes...
Kiko Mizuhara : Oui, comme l’année
passée, j’ai foulé le tapis rouge pour une
maison de mode. C’est toujours un peu
délicat, je trouve, d’assister à un festival
de cinéma et de ne pas jouer dans un
film... Quoi qu’il en soit, il faut profiter
du moment. Ce genre d’expérience reste
incroyablement marquant. Et puis j’adore
la sublime robe que je portais. Cannes
est un endroit très spécial. Je souhaite
pouvoir y revenir un jour pour défendre
l’un de mes films.
Remontons le temps : quel est votre
premier souvenir de comédienne?
J’ai 17 ans, je rentre au Japon d’un
séjour à Paris quand on m’appelle pour
passer une audition pour La Ballade
de l’impossible, l’adaptation au cinéma
du roman de Haruki Murakami. Le
réalisateur, Tran Anh Hung, avait déjà
auditionné des actrices expérimentées
mais il n’arrivait pas à trancher. Je sais
que je n’ai pas été bonne lors de l’audition
mais Tran Anh a aimé ma personnalité,
proche de celle du personnage de Midori.
C’était inattendu. Sans “légitimité”,
j’avais peur de me jeter à l’eau mais j’ai
fini par prendre du plaisir à jouer.
À l’époque, vous aviez derrière vous
déjà plusieurs années de carrière en
tant que mannequin...
Ma carrière a commencé à 13 ans, par
un casting pour le magazine Seventeen.
Longtemps, ma mère a joué le rôle
d’imprésario, je ne faisais pas partie
d’une agence. Et puis, à 17 ans, j’ai choisi
de quitter Kobe pour la capitale. Quitter


le bercail, la ville où j’avais grandi, me
donnait le sentiment de commencer une
“nouvelle vie”. J’habite toujours Tokyo.
Dans quel quartier vous croise-t-on?
À Setagaya, qui est un peu excentré.
J’ai lu que vous êtes née aux
États-Unis...
Oui, à Dallas, mon père vient du
Texas. J’en garde peu de souvenirs car
j’étais très jeune quand nous avons
déménagé au Japon, d’abord dans les
environs de Tokyo puis, pour le travail
de mon père, à Kobe. À 16 ans, j’ai
commencé à perdre mon anglais... ça a
été un choc!
Vos prénoms témoignent de cette
double culture!
En effet, mon deuxième prénom
est Audrie. Mon père, un grand fan
d’Audrey Hepburn, l’a choisi, comme
s’il avait toujours intimement souhaité
que je devienne actrice. Kiko a
l’avantage, pour un prénom japonais,
d’être facile à prononcer. Ma mère
voulait que ce soit le cas.
Quel souvenir gardez-vous de votre
enfance?
C’est drôle parce que ma mère a
toujours beaucoup aimé la mode. À la
maison, on regardait une chaîne télé qui
diffusait des shows. Je me disais que les
modèles étaient beaux, leurs vêtements,
également... Dans ma chambre, je
“jouais” même au défilé de mode avec
mes amis.
Vous avez 28 ans aujourd’hui, où en
êtes-vous avec la mode?
Je suis une fille vintage. J’ai toujours
eu l’habitude de porter les vêtements que

ma mère portait. Du vieux Kenzo, par
exemple, du Jean Paul Gaultier, du John
Galliano... Ce pantalon que je porte,
je l’ai trouvé sur eBay. Parfois, j’achète
des pièces simplement pour les regarder,
je suis une grande collectionneuse. Pour
autant, ça ne m’empêche pas d’être
ancrée dans le présent. Je soutiens le
travail de mes amis designers, Unif
notamment. Et je regarde toujours de
près ce qu’il se passe pendant la fashion
week de Londres. La mode londonienne
est et a toujours été intéressante,
les créateurs y imaginent toujours des
choses uniques, surprenantes.
Quels sont vos projets?
Dans un futur proche, on me
retrouvera bientôt à l’affiche de
deux longs-métrages : un film japonais
et un film malaisien. Je suis en lice
pour des productions d’envergure
internationale mais rien n’est fait,
j’espère que tout cela va se concrétiser...
Aussi, je consacre beaucoup de
mon temps à Office Kiko, l’agence que
j’ai fondée il y a deux ans! Le projet
qu’on y défend s’appelle OK.
En quoi OK consiste-t-il?
OK n’a rien d’un business.
J’expérimente des choses, je collabore
avec des amis, des marques que
j’apprécie, j’organise des fêtes... Par
exemple, j’ai créé en décembre dernier
un arbre de Noël pour un mall célèbre
au Japon. Je veux qu’OK soit un espace
formel et informel pour les jeunes
créatifs. Pas seulement les kids,
d’ailleurs, mais pour tous les gens qui
cherchent un endroit où s’exprimer.

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L’OFFICIEL COVER-GIRL

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