liber170819

(Brent) #1
A Roubaix, mobilisation
en faveur d’un sans-papiers
menacé d’expulsion
Arrivé en France en 2012, Mohammed Lakel est
devenu une figure locale depuis qu’il s’est installé
dans la région lilloise. Un comité de soutiena été
constitué pour empêcherla reconduite en Algérie
de ce membre du milieu associatif actuellement
en détention.

LIBÉ.FR

FRANCE


F


ournitures et ouvra-
ges scolaires, vête-
ments, matériel infor-
matique... Si les dépenses
engagées pour la rentrée sco-
laire à venir sont à peu près
équivalentes à celles de l’an
passé (+0,17%), cette stagna-
tion des chiffres masque un
déséquilibre important en
fonction des classes. C’est la
conclusion d’une enquête de
la Confédération syndicale
des familles (CSF), une asso-
ciation de consommateurs
qui, pour son quarante-
sixième baromètre, a étudié
les différentes dépenses
occasionnées par la scolarité
tout au long de l’année.
L’étude, dévoilée vendredi,
permet de mettre en perspec-
tive le poids du coût de la
rentrée dans le budget fami-
lial et les pratiques d’achat
des familles (lorsqu’aucune
consigne n’a été donnée aux
parents quant au choix des
fournitures). Ainsi, le coût de
toute une année scolaire peut
aller de 842 à 1 128 euros
en primaire, et de 1 436 à
1542 euros au collège et au
lycée.«Des moyennes qui
montrent que la scolarité n’est
pas gratuite»,commente la
présidente de la CSF, Marie-
Françoise Martin.

Survêt siglé.En primaire,
le coût de la rentrée stricto
sensu est hétérogène d’un
niveau à l’autre. Pour la
classe de CP, il se situe autour
de 160 euros. Pour le cours

moyen, le budget s’élève
à 200 euros et augmente de
3% par rapport à 2018. C’est
au collège que les dépenses
sont les plus importantes:
alors que le budget avait
baissé entre 2017 et 2018, il
repart à la hausse pour l’an-
née 2019, avec un montant
moyen de 361 euros pour
un élève de sixième. Selon
Johan Jousseaume,
secrétaire confédéral à la
CSF, cette augmentation s’ex-
plique avant tout par les som-
mes allouées aux équipe-
ments sportifs:«Les enfants
grandissent fortement au
collège. Il est possible qu’ils
changent de taille dans l’an-
née et ça entraîne un investis-
sement supplémentaire. Par-
fois, l’établissement demande
aussi aux élèves d’avoir deux
paires de basket.»
L’étude montre aussi l’attrait
des vêtements de marques
chez les jeunes. Avoir des
chaussures ou un survête-
ment siglés est un moyen de
se valoriser vis-à-vis de ses
camarades.«Il ne faut pas
nier cet impact. Les marques
sont proactives pour inciter
les jeunes à acheter ce genre
de produits,affirme Johan
Jousseaume.Les affaires de
sport, qui sont aussi parfois
les habits portés en classe, re-
présentent un enjeu entre les
enfants eux-mêmes. Elles sont
un marqueur social.»
Et au niveau territorial, les
inégalitéspersistent.PourAn-
nie Giroud, responsable poli-
tique du secteur éducation à
la CSF,«le transport scolaire
reste un facteur lourd et très

inégal d’un bout à l’autre du
territoire. L’harmonisation du
réseau dans certaines régions
s’est faite aux dépens de la gra-
tuité que pratiquaient certains
départements. Le constat est le
même pour la restauration
scolaire».Enconséquence,les
tarifs sont très variables d’un
territoire à un autre. Et parmi
les autres dépenses lourdes,
l’association de consomma-
teurs pointe le coût de l’habi-
tat pour les élèves du supé-
rieur. Ainsi, à Paris, le prix
moyen d’un logement étu-
diant est de 873 euros par
mois, tandis qu’il tourne
autourde340eurosauMans.
«Certains lycéens doivent re-
noncer à leur choix d’études
car c’est un gouffre financier
qui les angoisse trop»,pointe
Annie Giroud.

Tablette.Si les montants
d’inscriptionen2019pourles
étudiants non-boursiers sont
équivalents à ceux de l’année
passée, la CSF rappelle que
dès la rentrée prochaine, les
nouveaux étudiants venant
de pays hors de l’Union euro-
péennedevronts’acquitterde
2770 euros pour s’inscrire en
licence, et de 3770 euros en
master. «Un montant 15 à 16
fois supérieur aux autres pays
européens»,soulignent les
auteurs de l’enquête. «On ne
naît pas égaux,déplorelares-
ponsablepolitiquedusecteur
éducation.Et ça se vérifie tout
au long de la scolarité en par-
ticulier.»
Selon le baromètre du numé-
rique 2018, près de 94% des
Français possèdent un télé-
phone portable, 41 % une
tablette tactile et quatre per-
sonnes sur cinq ont un usage
quotidiend’Internet.Unenu-
mérisation de la société à la-
quellel’école,delamaternelle
aulycée,n’échappepas,etqui
devient une nouvelle source
d’inégalité. D’ici à 2020, le
gouvernement veut des ly-
cées 100% numériques. Mais
le grand plan lancé par Fran-
çois Hollande, qui avait pour
objectif de fournir gratuite-
ment une tablette à tous les
élèves en collège, a été aban-

donné au profit du dispositif
«BYOD» (bring your own
device,«ramenezvotrepropre
matériel»), qui implique
que les familles investissent
elles-mêmesdanscematériel
informatique, alors qu’elles
n’en ont pas forcément les
moyens.
Pour les soutenir, une alloca-
tion de rentrée scolaire (ARS)
sera versée le 20 août aux
foyers ayant au minimum un
enfant scolarisé et âgé de
6 à 18 ans. Pour cette année,

l’ARS a été revalorisée de
0,3% et concernera environ
3millionsdeménagesauxre-
venus modestes. Elle est dé-
sormais de 368,84 euros pour
les élèves de 6 à 10 ans, de
389,19eurospourles11-14ans
et de 402,67 euros pour les
15-18 ans.«Pour les premières
classes, le coût de la rentrée
scolaire est bien pris en
charge, mais il est à peine suf-
fisant au collège et complète-
ment insuffisant au lycée.
L’ARS ne doit pas prendre en

compte l’âge mais bien le ni-
veau scolaire»,estime Johan
Jousseaume.
La CSF demande aussi une
TVA à 5,5% pour les fourni-
tures scolaires, considérant
qu’il s’agit de produits de pre-
mière nécessité. Pour Ami-
nata Koné, sa secrétaire gé-
nérale,«la lutte contre la
pauvreté que l’Etat entre-
prend ne peut se résorber que
si on lutte aussi contre les
inégalités»,et notamment
territoriales.•

Rentrée scolaire,


le coût de blues


Le budget consacré
notamment
aux fournitures
par les familles
est en légère hausse
par rapport à 2018.
De fortes disparités
sociales et
territoriales
persistent,
selon une étude
publiée vendredi.

Par
CHARLES
DELOUCHE

En CP, le coût de la rentrée se situe autour de 160 euros.PHOTO LAURENT TROUDE

«Certains
lycéens doivent

renoncer à leur


choix d’études


car [le loyer]


est un gouffre
financier.»
Annie Giroudde la
Confédération syndicale
des familles

14 u Libération Samedi^17 et Dimanche^18 Août^2019

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