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(Brent) #1

Libération Samedi 17 et Dimanche 18 Août 2019 http://www.liberation.fr ffacebook.com/liberation t@libe u VII


«C


e “bout du monde” m’a laissé un
fort sentiment d’abandon,
comme un lieu qui serait
condamné à rester tel qu’il est,
immobile.»En 2016, Michele Palazzi décide de
documenter le Portugalet ouvre le premier
chapitre de son projet «Finisterrae»: en latin,
«fin de la terre».«Le point de départ de ma re-
cherche visuelle n’est ni le présent ni la crise,
mais plutôt l’ancien territoire lusitanien
comme un reflet des origines de l’Europe. Les
différentes régions que ma série va aborder ont
en commun des racines, une histoire, une reli-


gion, elles ont au cours des siècles construit une
part importante de la culture européenne telle
qu’on la connaît aujourd’hui.»Cette série, cen-
trée sur l’Europe méditerranéenne, se pour-
suivra en Italie puis probablement en Grèce.
Michele Palazziparcourt le territoire avec une
idée en tête: chercher les figures historiques,
parmi paysages et personnages. Tel ce som-
met, dressé devant un ciel indigo, qui est en
réalité la mine de cuivre de São Domingos,
ouverte par les Romains et exploitée pendant
400 ans, jusqu’à leur départ. Elle est rouverte
en 1859, et emploie jusqu’à 5000 personnes

avant d’être définitivement fermée en 1966.
Ou encore ce «forcado», yeux clos, costume
traditionnel taché du sang du taureau que lui
et sept de ses compagnons ont tenté d’immo-
biliser à mains nues.«Je cherche à capturer
cette atmosphère claustrophobe, à decontex-
tualiser les sujets en les représentant telles des
figures cultes, des statues, à créer une forme
d’intemporalité en les privant d’action. Les
paysages, de leur côté, semblent être les seuls
témoins du temps qui passe.»A la limite de
la dystopie.
TESS RAIMBEAU

L’Europe


par les racines


TerreTout l’été, les cinq éléments revisités par des photographes. Aujourd’hui, l’objectif
de Michele Palazzi, braqué sur une extrémité de l’Europe, les paysages lusitaniens.

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