liber170819

(Brent) #1

ÉVÉNEMENT


dont le gilet affirme«la
planète bleue a besoin de jaune pour redeve-
nir verte».
Tous sont là pour se former à l’action non vio-
lente, sans que le terme soit toujours clair dans
les têtes. Pour affiner la définition, Laetitia
lance un«débat mouvant».Quatre chaises dé-
limitentdeux axes qui vont de violent à non
violent, et de «je fais» à «je ne fais pas». En
fonction des propositions d’action, les partici-
pants se positionnent sur les axes. Premier
projet: bloquer un chantier qui va détruire une
zone naturelle en sabotant les machines, de
nuit et sans revendication. Mouvement géné-
ral vers la zone de refus d’agir.«Une action de
nuit et sans revendication, c’est dépolitisé.
N’importe quel fou pourrait avoir bloqué les
machines, donc ça ne sert pas notre combat»,
argumente Constant.«Oui, mais l’action fonc-
tionne, le lendemain le chantier ne démarre
pas. On a un impact direct»,lui répond un des
rares participants qui serait prêt à agir.«Et s’il
s’agissait plutôt de bloquer le chantier en s’en-
chaînant aux engins, dans une action revendi-
quée et médiatisée ?»relance Laeticia. Nou-
veau mouvement. Cette fois, presque tous
voudraient prendre part à l’action, jugée peu
violente.«Le but, c’est de faire comprendre que
la notion de violence est subjective et qu’il est
important de ne se lancer dans une action que
quand tu es complètement à l’aise avec son
principe»,explique la jeune femme.


BRAS ET JAMBES EMMÊLÉS
Dans l’après-midi, après un point sur les risques
juridiques et l’attitude à adopter en garde à vue,
les participants se lancent dans une simulation
de blocage. Dans un coin de pelouse derrière
le bar participatif où se tient la formation, ils se
répartissent en deux groupes, activistes d’un
côté, police et employés de la multinationale
polluante de l’autre. Après une demi-heure de
planification, les bloqueurs du jour s’assoient
en ligne, bras et jambes emmêlés, et clament
des slogans au visage des pseudo-CRS. Benja-
min suit l’exercice de loin pour vérifier que tout
se passe bien.«Je suis déjà passé par là et j’ai
trouvé ça très utile pour dédramatiser le contact
physique et le rapport à la police.»Cela permet
aussi aux néoactivistes de prendre conscience
du rôledes médiateurs, qui cherchent à désa-
morcer le conflit avec la police, les employés ou
les passants.«Les chants et les slogans, il en faut.
Mais pensez à rester dans la mesure : chanter
tout le temps, même quand les policiers ou les
employés essaient de vous parler ça tend l’am-
biance,rappelle Margaux, une des quatre for-
matrices.Cherchez toujours la solution qui fera
le moins monter la pression.»A la fin de la jour-
née, les formateurs font circuler une liste pour
récupérer le contact de ceux qui voudraient se
joindre aux actions prévues pour septembre.
Chacun ou presque y laisse son nom. Avant de
repartir, Florent,«apprenti militant»,remercie
une dernière fois l’assemblée. «Ça donne
vachement envie. Maintenant, j’attends la mise
en application.»•


Le cofondateur d’Extinction Rebellion Roger Hallam, le 11 août à Paris, lors d’une conférence à la Bellevilloise.

Suite de la page 2


JUILLET FAIT UN FOUR


Juillet 2019 a été le mois le plus chaud
jamais mesuré. Avec une température
mondiale moyenne de 16,75°C, il a
dépassé juillet 2016. D’après un rapport
de l’agence atmosphérique et océanique
américaine publié le 15 août, la moyenne
des mois de juillet du XXesiècle a été
dépassée de 0,95°C et celle des mois de
juillet de l’ère préindustrielle de 1,2°C.
La canicule en Europe y a contribué
mais, pour notre continent, juillet n’a été
que le 13emois le plus chaud jamais
enregistré. C’est en Afrique et en Alaska
que les records de température ont été
les plus largement battus.


4 u Libération Samedi^17 et Dimanche^18 Août^2019

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