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SOUVENIRS

PIERRE-PAUL
MARTIN
Pierre-Paul, tes doigts sur
l’ivoire et l’ébène font danser
notes de Jazz et Blues. 10ans.
10 ans déjà et pour tes amis ta
mélodie résonne à jamais.
Merci à toi de nous
accompagner depuis l’Orient
Eternel.
Dominique et Colin,
Bernadette et Hervé,
Alexandre et Julien, Marjorie
et Virginie, Jean-Joseph et
Max, Michel et Agnès et tous
les autres. Nous t’aimons,
mon frère. Brigitte

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tation en détournant le festival des
fantômes affamés –pendant lequel
les gens brûlent des papiers dans les
rues en hommage aux défunts –
pour manifester. La jeune femme
montre quelques-uns des échanges:
«A :On n’a qu’à brûler les offrandes
le 18!
— B :Est-ce que le 18 est une bonne
idée? La manif[organisée par le
front des partis prodémocratie]sera
le gros truc, donc vaut mieux qu’il
n’y ait pas de clash.
— C :On peut revenir et brûler les
offrandes après la manif.
— D :Je pense pas qu’on puisse
rassembler une grosse foule après la
manif du front, tout le monde sera
fatigué. Le 18, c’est trop tôt, l’équipe
de promo ne peut pas travailler sur
ça...»
Quant aux décisions sur les actions
radicales,elles sont prises dans un
groupe à l’accès ultrasécurisé, formé
de«gens issus de partis[localistes]et
d’autres rencontrés “sur le front”»,
témoigne via Telegram un militant
partisan d’une plus large autonomie
de Hongkong :«Le rôle principal de
la plateformeest de fournir des in-
formations à ceux en première ligne
sur des points stratégiques comme les
déploiements de policiers en cours.»
Maisqui tire les ficelles?«Il est diffi-
cile de jauger l’influence des meneurs
politiques»,estime Jean-François
Dupré, politologue attaché à l’insti-
tut de sociologie Academia Sinica
à Taiwan, qui cite toutefois
l’influence indéniable d’Edward
Leung, chef de file des indépendan-
tistes. Il a beau être derrière les bar-
reaux depuis plus d’un an pour son
rôle dans des émeutes survenues
en 2016, son mot d’ordre«reprenez
Hongkong»s’est propagé comme
une traînée de poudre.


«LA VIOLENCE A PAYÉ»
Sur le terrain, aucune tête ne dé-
passe, par crainte de représailles ju-
diciaires. Les localistes et leurs par-
tis formés après 2014 ont vu leurs
députés élusdisqualifiés, leurs can-
didatures aux futurs scrutins ban-
nies, et un parti a même été interdit.
«Ils ne peuvent plus être en compéti-
tion»avec la vieille garde prodémo-
cratie, note Jean-François Dupré. Et
l’urgence de la situation explique
aussi que les différences idéologi-
ques soient passées sous silence. Le
camp prodémocratie, en charge de
la politique formelle, et les localistes
(partisans d’une plus grande
autonomie de Hongkong, voire de
son indépendance) actifs lors des
confrontations avec la police ont
trouvé un point d’entente.
L’usage de méthodes plus radicales
reste toutefois largement discuté sur
Telegram. Pour la modérée Claudia
Mo,«quand 1 million de personnes
sont descendues dans la rue le 9 juin,
rien ne s’est passé ensuite. [...] Mais
le 12 juin, quand les premières
gouttes de sang ont été versées et que
les premières violences ont éclaté,
Carrie Lam[la cheffe de l’exécutif]
a suspendu la loi. Et cela a envoyé un
message aux jeunes : “La violence a
payé, il faut donc être radical.”»Et la
députée de reconnaître :«Nous ne
contrôlons rien de ce qui va arriver,
mais nous devons impérativement
avoir un front uni.»•


A


près des semaines de surenchère, les médias
d’Etat chinois semblent appuyer l’idée d’une
intervention militaire à Hongkong. Mais elle
ne serait pas comparable à celle de Tiananmen il y
a trente ans, assure leGlobal Times,proche du
pouvoir:«La Chine est bien plus forte et plus mature,
et sa capacité à gérer des situations complexes s’est
considérablement améliorée»,se félicite le quotidien
ultranationaliste, alors que la répression sanglante
de 1989 –qui a fait plusieurs centaines, voire milliers
de morts selon les sources– demeure un sujet totale-
ment tabou dans la Chine contemporaine. En ce
sens, si le pouvoir central se décidait à passer à l’ac-
tion, c’est la Police armée du peuple (antiémeute)
qui pourrait être mobilisée, en lieu et place de l’Ar-
mée populaire de libération, dont l’image reste asso-
ciée au massacre survenu il y a trente ans.
Une opération militaire pourrait s’appuyer sur
l’unité de garnison de l’armée chinoise présente sur
le territoire semi-autonome depuis sa rétrocession
en 1997. Composée de 5 000 hommes, elle peut être
mobilisée sur demande de l’exécutif local, même si
dans les faits il n’y a qu’un seul patron, le président
Xi Jinping, chef des armées. Une possibilité que
n’envisage pas Wu Qiang, ancien professeur de
sciences politiques à l’université Tsinghua de Pékin:
«Une intervention militaire est impossible,dit-il à
Libération. Le gouvernement ne va pas répéter la
même grave erreur qu’en 1989. Ce serait un suicide
politique pour Xi Jinping et ça mettrait fin pour de
bon à la formule “un pays, deux systèmes”.»
Le leader chinois, qui concentre désormais dans ses
mains tous les pouvoirs ou presque, vit son plus
grand défi depuis son arrivée à la tête de l’Etat
en 2012. Wu Qiang assure ainsi que la contestation
démocratique hongkongaise à l’encontre de l’auto-
rité centrale peut«mettre en péril la ligne dure»du
Président.«Cette situation peut porter atteinte
à l’image de Xi Jinping et discréditer son lea-
dership»,abonde Ming Xia, professeur en sciences
politiques à l’université de la Ville de New York.
Reste que, jusqu’à présent,«il entend montrer son
intransigeance, en plaçant ses soldats comme des
jouets à la frontière, ce qui pourrait renforcer son

contrôle sur l’armée et dissuader ses opposants poli-
tiques au sein du Parti»,ajoute-t-il.
Depuis plusieurs jours, à Shenzhen, métropole chi-
noise qui fait face à Hongkong, des centaines de sol-
dats en treillis ont été déployés autour du stade de
foot, situé à 7 km seulement de la région administra-
tive spéciale. A l’intérieur de l’enceinte, des chars
et autres blindés sont stationnés et la presse d’Etat
se délecte des nombreuses vidéos d’exercices anti-
terroristes effectués aux portes de l’archipel. Le dis-
cours des autorités centrales s’est aussi durci, n’hési-
tant plus à dénoncer les«actes quasi terroristes»des
«émeutiers». «La propagande chinoise est souvent
utilisée comme une stratégie pour attiser le sentiment
nationaliste. En choisissant minutieusement les opi-
nions les plus dures sur les réseaux sociaux et les mé-
dias officiels, le gouvernement entend disqualifier les
étudiants hongkongais et préparer le terrain à une
escalade de la répression»,explique Ming Xia.
La crise intervient alors que Pékin s’apprête à fêter
en grande pompe en octobre les 70 ans de la création
de la République populaire de Chine. Une date ultra-
sensible pour un régime empêtré dans la guerre
commerciale avec les Etats-Unis. La croissance de
la seconde économie mondiale a (officiellement) pé-
niblement atteint les 6,3 % sur un an au deuxième
trimestre 2019, son pire résultat depuis vingt-
sept ans. Dans ce contexte étouffant, Hongkong, où
l’oligarchie communiste détient énormément d’inté-
rêts financiers, apparaît comme une bouée de sauve-
tage avec son statut commercial spécial aux Etats-
Unis qui lui confère un traitement préférentiel en
matière de commerce et d’investissement par rap-
port à la Chine continentale. Mais le sénateur démo-
crate américain Ben Cardin a mis en garde: l’archipel
pourrait perdre cette spécificité en cas d’interven-
tion militaire de Pékin.
Une sortie qui coïncide avec celle de Donald Trump
qui, sur Twitter, a dit espérer que son«grand ami»
Xi Jinping règle la situation de manière«humaine».
Avant de suggérer une rencontre avec son homolo-
gue pour discuter de l’avenir de la région semi-auto-
nome. Un sujet que Pékin considère jusqu’à présent
comme relevant de ses affaires internes, ne pouvant
faire l’objet d’aucune«ingérence américaine».Le rap-
port de force évolue. Wu Qiang estime ainsi qu’une
rencontre entre Xi et Trump à propos de Hongkong
n’est plus improbable,«quitte à faire perdre la face»
au tout-puissant président chinois.
ZHIFAN LIUCorrespondant à Pékin

La Chine hésite


à franchir le Rubicon


Entre désir d’affirmer son autorité
et crainte d’un Tiananmen bis,
Pékin rechigne pour l’instant à faire
entrer ses troupes à Hongkong.

Les militaires chinois massés à Shenzhen, face à Hongkong, vendredi.PHOTO STR. AFP

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