SUD OUEST bassin d\'Arcachon du Samedi 17 Août 2019

(Darren Dugan) #1

Sports Samedi 17 août 2019SUD OUEST


Denys Kappès-Grangé
et Arnaud David
[email protected]


C


ertaines nominations réson-
nent comme des évidences.
Celle de Jefferson Poirot
(26 ans, 26 sélections) au grade de
capitaine du XV de France appar-
tient à cette catégorie. Face à
l’Écosse, le pilier gauche de l’Union
Bordeaux-Bègles portera les galons
pour la première fois en bleu. D’ac-
cord, il ne s’agit pour l’heure que
d’un simple intérim : Guilhem Gui-
rado (côtes) n’est que « ménagé »
lors de ce premier match de pré-
paration à la Coupe du monde
(20 septembre - 2 novembre). Mais
cette promotion n’en est pas
moins on ne peut plus « natu-
relle » aux yeux du sélectionneur
Jacques Brunel : « Celui qui est capi-
taine dans son club à l’heure ac-
tuelle, c’est Jeff. »
L’argument se veut imparable.
Oui, le joueur originaire de Lalinde
(24), qui a été installé dans ce rôle
depuis le début
de la saison
2017-2018 en Gi-
ronde, est un
authentique
leader. « Je l’ai
choisi parce
que c’est quel-
qu’un de très
ambitieux, ex-
pose a posterio-
ri l’ancien ma-
nager de l’UBB,
Rory Teague.
Mais pas seulement pour lui : il
avait aussi une vision pour le
club. » Mais résumer cette promo-
tion à une simple affaire de logique
apparaît un peu court.
Cela reviendrait à passer sous si-
lence l’épaisseur qu’il a prise en sé-
lection. Appelé pour la première
fois par l’ancien sélectionneur Guy
Novès, lors du Tournoi 2016, Jeffer-
son Poirot ne s’est pas contenté de
devenir incontournable à gauche
de la mêlée. Il a vite démontré qu’il
était un cadre en devenir. « C’est un
garçon intelligent sur lequel on


peut compter : il est de la trempe de
Guilhem Guirado », estime Guy No-
vès : « Il était à l’écoute, il est arrivé
sur la pointe des pieds : c’est déjà
une marque d’intelligence. Mais
c’est aussi quelqu’un avec qui on
peut discuter. Il participe à certains
débats et remet même en ques-
tion certains choix. »

Personnalité et influence
Conforté par une expérience dont
manque cruellement le groupe
France, Jefferson Poirot exerce au-
jourd’hui cette influence au sein
du conseil des joueurs. « C’est un
garçon qui a un rôle important
dans le groupe et qui le joue mer-
veilleusement bien, apprécie Serge
Simon, manager des équipes de
France. Il a un profil engagé dans le
combat avec une hauteur de ré-

flexion naturelle. » Le verbe haut et
clairvoyant, le personnage plaît
dans les hautes instances de la FFR.
Ça s’est confirmé lors du dernier
Tournoi. Alors que les Bleus étaient
en plein marasme au lendemain
du naufrage en Angleterre, le staff a
envisagé de lui confier le capitanat
au détriment de Guilhem Guirado.
Jefferson Poirot a refusé. « Humaine-
ment, c’était impensable de se dé-
solidariser », a-t-il expliqué en avril
dernier dans un entretien à
« L’Équipe ».
Une déclaration conforme au
portrait que brosse Laurent Marti :
« C’est quelqu’un de courageux, de
franc. Il est capable de dire les cho-
ses : à ses partenaires, ses entraî-
neurs, et même son président... »
Des qualités que le gaucher aurait
toujours portées en lui selon le pré-

sident de l’UBB : « Je me souviens
d’une anecdote qui date d’il y a
trois ou quatre ans après un match
perdu à Oyonnax : il commençait à
être titulaire, mais il était encore
jeune. Alors que j’étais coincé au
fond du vestiaire, là où il ne pou-
vait pas me voir, il a tenu un dis-
cours avec un ton très sûr, les mots
justes et un fond très bon. Là, je me
suis dit qu’on tenait un futur capi-
taine. »
Ça ne fait aucun doute pour Lau-
rent Marti, Jefferson Poirot « a
l’étoffe pour être un grand capi-
taine » des Bleus. Le jugement est
certainement prématuré. D’autres
leaders en puissance pourraient
éclore. Mais Jefferson Poirot a d’in-
contestables prédispositions pour
jouer ce rôle. C’est là une autre évi-
dence.

FRANCE - ÉCOSSE Capitaine des Bleus pour la première fois, le pilier de l’UBB doit


cette promotion à l’absence de Guirado mais aussi à l’épaisseur de sa personnalité


L’évidence Poirot


RUGBY COUPE DU MONDE (MATCH DE PRÉPARATION)


Appelé pour la première fois en 2016, Jefferson Poirot fait désormais partie des cadres. PHOTO AFP

PAYS DE GALLES - ANGLETERRE

Qui veut la place
de numéro 1 mondial?

Détrôner la Nouvelle-Zélande, instal-
lée depuis dix ans en tête du classe-
ment mondial : c’est le défi proposé
au pays de Galles et à l’Angleterre, qui
s’affrontent cet après-midi (15 h 15) à
Cardiff à un mois de la Coupe du
monde au Japon (20 septembre -
2 novembre).
Les All Blacks ne sont pas maîtres
de leur destin, et c’est déjà un événe-
ment en soi. Quel que soit leur résultat
face à l’Australie ce matin (9 h 35) à
Auckland, les doubles champions du
monde en titre, tenus en échec à do-
micile par l’Afrique du Sud (16-16) puis
balayés chez les Wallabies (47-26),
peuvent perdre lundi la tête du classe-
ment de World Rugby qu’ils occupent
depuis le 16 novembre 2009.
Parmi les candidats pour les rem-
placer, les Gallois, actuels n° 2, sont les
mieux placés : une simple victoire face
au XV de la Rose à Cardiff, où ils sont
invaincus depuis l’automne 2017 soit
10 matches, et ils deviendront la 4e na-
tion à porter ce titre honorifique après
l’Angleterre, la Nouvelle-Zélande et
l’Afrique du Sud.
L’Angleterre doit elle s’imposer de
plus de 15 points pour retrouver un
siège qu’elle a connu au tout début du
classement, de septembre 2003 à juin
2004, à l’époque de son titre mondial.
Compliqué mais pas impossible, vu la
prestation de l’équipe d’Eddie Jones
dimanche dernier lors de la première
manche remportée face au XV du Poi-
reau (33-19).

FIDJI

13 joueurs du Top 14
au Japon

Les Fidji, 10e nation mondiale au clas-
sement World Rugby, ont convoqué 13
joueurs issus du Top 14 pour la Coupe
du monde au Japon, prévue du
20 septembre au 2 novembre. Outre
sept joueurs locaux, Levani Botia et
Keni Murimurivalu (La Rochelle), Semi
Radradra et Peni Ravai (Bordeaux-Bè-
gles), Jale Vatubua et l’actuel capi-
taine du XV fidjien Dominiko Waqani-
burotu (Pau), ont notamment été
appelés par le sélectionneur John
McKee.
Waqaniburotu, qui apparaîtra
comme quatre de ses coéquipiers à
son troisième Mondial, tentera de me-
ner ses hommes en quarts de finale du
tournoi mondial, le meilleur résultat
des « Flying Fijians » (1987, 2007) en
Coupe du monde. Les Fidji ont hérité
du groupe D, aux côtés de l’Australie,
de la Géorgie, du pays de Galles et de
l’Uruguay.

PLANÈTE RUGBY


« Il a un profil


engagé dans


le combat


avec une


hauteur de


réflexion


naturelle »


Serge Simon


Côté gallois, Dan Biggar
remplace Anscombe, blessé.
ARCHIVES AFP

Être capitaine de Bordeaux-Bègles
et du XV de France, c’est la même
chose?
Jefferson Poirot Ce n’est pas le
même village! C’est encore un
plus de responsabilités mais ça
reste du rugby. J’ai essayé de met-
tre en place rapidement les mê-
mes choses que je mets à Bor-
deaux. J’aime bien travailler avec
plusieurs joueurs, être épaulé. Au-
jourd’hui, on a pas mal de joueurs
d’expérience dans le groupe, on a
Wesley (Fofana), on a Louis (Pica-
moles) aussi qui sera sur le banc,
des mecs qui vont m’aider sur le
terrain. C’est facilitant pour moi


aussi. Je le vois vraiment comme ça
en club, je le vois comme ça ici aus-
si. C’est juste le village qui change.

Plus de responsabilités, ça veut dire
quoi?
La première responsabilité, c’est de
faire un gros match. On a un capi-
taine depuis quatre ans qui a don-
né son corps : ce sera déjà d’essayer
d’être au niveau de Guilhem Guira-
do. Et ensuite, c’est la responsabili-
té des joueurs autour de nous, de
garder le sang-froid de l’équipe par
moments, de gérer des situations
un peu critiques, de faire les bons
choix. C’est pour ça que j’aime bien

avoir des relais sur le terrain parce
que je n’ai pas la prétention de dire
que je maîtrise tous les aspects du
rugby. J’aurai besoin d’être aidé par
ma charnière, par des joueurs d’ex-
périence qui ont vécu plus de cho-
ses que moi en équipe de France.
Ce sera plus participatif que moi
tout seul.

Le staff s’est renforcé avec Fabien
Galthié (adjoint en charge du mouve-
ment et futur sélectionneur) et Thi-
bault Giroud (préparateur physique).
Que va-t-on voir de neuf?
On a des schémas clairs, on sait
qu’on a un peu plus de clés

qu’avant. On va se mettre en place
proprement, essayer de jouer un
peu plus structuré. On a, je pense,
plus de repères que les derniers
mois. Maintenant, on sait que tout
ne sera pas parfait, c’est une évi-
dence. Cela fait un petit moment
qu’on n’a pas joué ensemble
(mars), ça fait un petit moment
qu’on n’a pas joué non plus (le
Top 14 s’est terminé en juin), on
manque tous un peu de rythme.
Mais par contre, il faut qu’on maî-
trise le plus possible notre rugby et
qu’on se crée une base solide pour,
à chaque sortie, être un peu
meilleurs.

« Ce n’est pas le même village! »


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