Sports Samedi 17 août 2019SUD OUEST

Propos recueillis par
Thierry Vautrat
[email protected]

A

u moment de se quitter, dans
ce salon du Haillan où il nous a
accordé un entretien, Otavio se
retourna et lâcha : « Retenez ce que
je vous dis : je serai très fort samedi! »
Nous avons donc pris bonne note,
avec l’espoir que le retour du Brésilien
au souffle inépuisable redynamise le
milieu de terrain bordelais pour le
match de ce soir contre Montpellier.
Bordeaux a bien besoin d’un tel
joueur, de son abattage, dans les
matchs à venir.

« Sud Ouest » Était-ce une décep-
tion de ne pas aller à Angers?
Otavio Oui car je veux être sur le
terrain à tous les matches. J’ai tout
fait pour jouer ce premier match
mais ce n’était pas possible. Je ne
pouvais pas éviter ma suspension.

Ce n’est pas bien tombé car vous
n’aviez pris qu’un carton sur les mat-
ches aller, puis trois sur les cinq der-
niers matches!
Oui, c’est dur, quatre cartons sur
toute la saison, ce n’est pas grand-
chose. À mon poste, c’est difficile
de les éviter. Normalement, un mi-
lieu de terrain défensif termine au
mieux avec 6 ou 7 avertissements.
Quatre, ce n’était rien, si on met ce
chiffre en perspective avec le nom-
bre de ballons que j’ai interceptés.
En plus, tous n’étaient pas méri-
tés...

Vous avez souffert devant votre télé-
vision samedi?
Oui, c’était difficile de voir ses co-
équipiers se faire battre ainsi. Ils
avaient très bien commencé le
match. Et quand ils ont marqué, ils
ont commencé à reculer, Angers a
pu jouer son jeu. Avec la pression,
ils ont trop souvent perdu le bal-
lon, s’exposant à des contre-atta-
ques. C’était difficile pour les jeunes
de jouer un tel match. Mais Mont-
pellier, ce sera autre chose. On va
aborder cette rencontre avec un
état d’esprit différent et sortir avec
la victoire.

En quoi votre rôle a-t-il évolué avec
Paulo Sousa?
Ce n’est pas différent d’avant. Je dois

reculer un peu plus pour lancer la

construction du jeu et assurer les

transitions entre les phases défen-

sives et offensives. Je dois, dans cette

phase de transition, faire en sorte

que l’on se libère de la pression de

l’adversaire. Paulo me demande ce-

la dans l’intérêt de l’équipe. Cela bo-

nifie la densité de mon jeu.

Votre rôle est-il différent selon que

l’équipe joue à deux ou à trois défen-

seurs centraux?

Quand on joue à trois, j’évolue un

peu plus haut. À deux, je suis obligé

de redescendre pour assurer la re-

lance. Dans les deux cas, mon poste

est celui d’un milieu de terrain.

Mais les deux façons de jouer me

conviennent. Cela élargit mes pos-

sibilités et cela me plaît.

Quand vous jouez avec les jeunes,

vous êtes obligé de les guider, de les

conseiller?

Oui et c’est normal. Il faut parler un

peu plus que lorsque tu évolues

avec des joueurs d’expérience. Les

jeunes parlent peu, ils courent, se

concentrent. C’est donc nécessaire

pour nous d’intervenir auprès

d’eux. La communication sur le ter-

rain est essentielle.

Savez-vous quand vous avez fait un

bon match? À quoi le mesurez-

vous?

C’est un ensemble de choses. Pour

faire un bon match, j’ai besoin de

bien jouer avec le ballon. J’ai besoin

d’en récupérer beaucoup, j’ai be-

soin d’agressivité, d’assurer des

transitions parfaites. Il faut que je

parvienne à maîtriser tous les pa-

ramètres de mon jeu. Mon travail

sur le terrain est très important. Le

milieu est essentiel pour la bonne

tenue du collectif. Si on n’aligne pas

un milieu de terrain costaud, qui

soit efficace offensivement et dé-

fensivement, l’équipe va beaucoup

souffrir.

Vous, vous avez besoin de beaucoup

toucher le ballon?

Oui, j’aime toucher le ballon.

Quand le milieu touche beaucoup

le ballon, l’équipe joue toujours

bien. Sinon, elle passe son temps à

courir après.

Il y a des matches où le ballon vous

passe au-dessus de la tête. N’est-ce

pas frustrant?

Oui, c’est quelque chose que l’on

travaille tous les jours. Le jeu direct,

ce n’est pas ce que le coach veut.

Nous, nous jouons avec le ballon

au sol, dans les pieds, on assure les

transitions avec soin.

Quel est votre exemple à votre

poste?

Je regarde toutes les grandes équi-

pes, tous les matches. C’est impor-

tant d’observer les meilleurs

joueurs du monde qui évoluent à

mon poste. Si l’on veut progresser,

il faut prendre modèle sur ces

grands joueurs. Je travaille tous les

jours pour progresser, pour donner

le meilleur de moi-même. Mon ob-

jectif est de porter le maillot de la

Seleçao un jour, et peut-être pour

un grand club. Je dois donc tout

faire pour que Bordeaux arrive au

top, joue le haut du tableau en

championnat et gagne des titres.

Nous avons besoin de cela, d’avoir

l’ambition de gagner des titres, car

c’est possible.

Jouer avec la Seleçao, c’est un défi

difficile...

Oui. Mais je travaille pour y arriver.

C’est mon ambition depuis tou-

jours.

Aujourd’hui, vous êtes heureux à Bor-

deaux. Pourtant, votre première sai-

son avait été difficile...

On peut considérer ma première

saison comme une année de tran-

sition. J’arrivais du Brésil, il fallait

que je m’adapte. J’avais bien com-

mencé et puis les choses ont peu

tourné pour moi. Mais dès la

deuxième saison, ce fut beaucoup

mieux. Depuis, je joue tous les mat-

ches.

Vous avez fait toute la préparation.

Comment vous sentez-vous?

Je me sens très bien. J’ai fait la

meilleure préparation individuelle

de ma carrière. J’ai besoin d’être fort

sur le terrain. Vous verrez.

Vous n’êtes jamais blessé. Comment

faites-vous?

Oui, je remercie Dieu de me proté-

ger. Je travaille sans cesse pour ne

pas me blesser. Je m’étire, je récu-

père, je fais tout ce qui est impor-

tant pour cela. Quand on est joueur

de foot, on a besoin d’être sur le ter-

rain. Besoin de jouer tous les mat-

ches. Je travaille pour être aligné

tous les jours. Parfois j’ai quelques

petites douleurs mais je passe outre,

je joue avec.

Montpellier, ce ne sera pas facile...

Tous les matches sont difficiles.

Mais quand on joue à domicile, il

faut gagner. Si on ne bat pas Mont-

pellier, on va avoir un peu de pres-

sion. On va être obligé de courir

après les résultats. C’est très impor-

tant de bien commencer à domi-

cile, de gagner, gagner, Toujours ga-

gner.

Mes coéquipiers et moi avons fait

une grande semaine de travail

pour être prêt. C’est le premier

match à domicile, nous faisons

tout ce que le coach nous de-

mande pour réussir un grand

match. C’est très important pour

retrouver de la confiance, pour

qu’elle revienne petit à petit cette

saison.

BORDEAUX - MONTPELLIER

Otavio a beaucoup manqué lors du

dernier match à Angers. Son retour,

ce soir, contre les Montpelliérains devrait

redonner de la densité au milieu

« J’ai besoin d’être f ort »

FOOTBALL LIGUE 1 (2

e

JOURNÉE)

« Mon objectif

est de porter

le maillot

de la Seleçao un jour,

et peut-être jouer pour

un grand club »

« Si on n’aligne pas

un milieu de terrain

costaud, qui soit

efficace, l’équipe

va beaucoup

souffrir »

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