Les Echos - 19.08.2019

(avery) #1
Lundi 19 août 2019
http://www.lesechos.fr

Amazon 16
Advent 17
Altran 13
ArcelorMittal 26
Auchan 16
AXA 23
Berkshire Hathaway 22
BMW 14
BNP Paribas 26
British Steel 15

Capgemini 13
Casio 19
Carrefour 16
Cloudflare 19
Crédit Agricole 26
Crédit du Nord 23
EasyHotel 18
Ebro Foods 20
Eramet 26
Foncia 23

General Electric 15
Groupe Barrière 20
Ivanhoé Cambridge 18
Jin Jiang 18
Mercedes 14
Midsona AB 20
Monoprix 16
NumWorks 19
PNB Banka 22
Radisson Hotel Group 18

Laurence Boisseau
@boisseaul

Le rachat d’Altran par Capgemini risque de
ne pas être un long fleuve tranquille. Des
actionnaires minoritaires d’Altran, qui con-
sidèrent que le prix n’est pas suffisant, ont
mandaté Colette Neuville, présidente de
l’Adam (Association de défense des action-
naires minoritaires), pour les assister dans
la défense de leurs intérêts. Cette dernière a
adressé mi-août un courrier au gendarme
des marchés financiers, l’AMF. Elle y
dénonce « un certain nombre d’anomalies
par rapport à la procédure habituelle des
offres publiques ». Fin juin, Capgemini
annonce q u’il va r acheter la société de servi-
ces d’ingénierie Altran pour 3,6 milliards
d’euros, hors dette. Le 12 août, les deux
sociétés publient un communiqué conjoint,
indiquant avoir franchi une nouvelle étape.
Elles ont signé un accord de rapproche-
ment la veille.

La charrue avant les bœufs
Le 9 août, le conseil d’administration
d’Altran a considéré que l’offre était dans
l’intérêt de la société et d e ses actionnaires et
l’a approuvée. Il a indiqué avoir l’intention
de recommander aux actionnaires d’appor-
ter leurs titres à l’offre. Et ce, dans le cadre
d’un avis motivé qui sera rendu après
remise du rapport de l’expert indépendant.
Le cabinet Finexsi a été mandaté le même
jour. Pour Colette Neuville, Altran met la
charrue avant les b œufs. L e projet d’offre n’a
toujours pas été déposé par l’initiateur. « Le
conseil engage sa responsabilité sur l’intérêt
du projet avant que l’expert indépendant
chargé précisément de vérifier l’intérêt de
l’offre pour la société ait remis son rapport et
même commencé à travailler , s’agace-t-elle.
Dans de telles conditions, à quoi va servir le

rapport de l’expert i ndépendant? » Pour e lle,
les marchés n’ont pas toutes les informa-
tions nécessaires. « On apprend que c e projet
comporte des conditions mais sans aucune
indication précise sur leur nature et les délais
correspondants », écrit-elle au régulateur
boursier. Y a-t-il des clauses restreignant la
liberté de la direction d’Altran ou suscepti-
bles d’entraver le libre jeu des enchères?
Les investisseurs ne savent pas non plus
dans quel cadre cet expert indépendant a
été mandaté. Sa nomination n’a rien d’obli-
gatoire. Elle l’est seulement quand il y a des
conventions connexes, par exemple des
clauses prévoyant l’intégration des équipes

de direction, l’attribution de stock-options
ou d’actions gratuites, ou encore de bonus
liés à la réalisation de l’offre. Altran est-il
dans ce cas-là? Ou bien nomme-t-il simple-
ment un expert pour s’assurer que l’offre est
équitable?
La nomination de l’expert et la révélation
de son identité ouvrent une période durant
laquelle les minoritaires peuvent lui adres-
ser leurs observations sur le projet d’offre,
éventuellement le rencontrer pour lui faire
part de leurs questions. « Le fait que l’expert
soit nommé avant la publication du projet
d’offre va priver les actionnaires de cette pos-
sibilité et ôter à l’expertise tout caractère con-

J

CAC 40
5.300,79 points

1,2194 % J

DO W JONES
25 .886,01 points

1,1987 % n

EURO/DOLLAR
1,1091 $

-1,7496 % n

ONCE D’OR



  1. 515 ,25 €


-0,0264 % J

PÉTROLE (BRENT)
58 ,64 $
0,411 %

DEVISES EUR/GBP0,9135EUR/JPY1,1794EUR/CHF1,08 58 GBP/USD1,2143 USD/J PY1,06 35 USD/CHF0,97 89 TAUX EONIA-0,362LIFFE EURIBOR 3 MOIS-0,404OAT 10 ANS-0,498 T- BONDS 10 ANS1,56 37


Soc iété Générale 26
TechnipFMC 26
Texas Instruments 19
Total 26
Ultima Capital 18
Urban Creation 17
Vision Fund 13
Volkswagen 14
Walmart 17
WeWork 26

=


LES ENTREPRISES
CITÉES

l’ essentiel


Comment le fonds Advent
espère relancer
les ex-Walmart
du Brésil
Le fonds d’investissement améri-
cain désire bousculer Carrefour
et Casino, qui dominent le plus
grand marché latino-améri-
cain. // P. 17

L’ immobilier hôtelier
européen tiré par
les investissements
outre-Manche
Le marché immobilier hôtelier a été
solide dans la zone Europe-Moyen Orient-
Afrique au premier semestre. En dépit des
incertitudes l iées a u Brexit, le R oyaume-Uni
continue d’attirer les investisseurs. // P. 18

NumWorks, l’outsider français
des calculatrices scolaires
Cette start-up tricolore a débarqué en
2017 avec un modèle de calculatrice gra-
phique pour les lycéens. Elle se dis-
tingue en ne proposant qu’un
seul et unique produit et en
intégrant de l’open source.
// P. 19

La BCE déclare
en faillite la banque
lettone PNB Banka
La Banque centrale européenne
a déclaré PNB Banka en faillite,
après plusieurs mois de supervision et
d’audit de sa situation. Elle est la 5e ban-
que européenne à connaître une telle

Leonardo Hotels procédure. // P. 22


Guillaume Bregeras
@ gbregeras

Ne pas mettre tous ses œufs dans le même
panier. Ce proverbe ne doit pas vouloir dire
grand-chose au Japon puisque SoftBank
prévoit de prêter à ses propres employés
afin qu’ils puissent investir dans le fonds
maison, Vision Fund, chargé de soutenir
les start-up dans le monde entier. Selon le
« Wall Street Journal », le groupe nippon
envisage sérieusement cette hypothèse, et
le PDG Masayoshi Son donnerait l’exem-
ple en abondant jusqu’à la moitié de l’enve-
loppe prévue, soit 10 milliards de dollars.
L’objectif de SoftBank est de réunir au
total plus de 100 milliards de dollars pour
son deuxième fonds, le premier ayant déjà
rassemblé cette somme en 2017 mais qui a
déjà été quasiment entièrement investie.
En additionnant le ticket « salariés » de
20 milliards et celui de 38 milliards signé
par le groupe en propre, plus de la moitié
de la nouvelle enveloppe de Vision Fund 2
serait ainsi détenu par SoftBank ou ses
employés – une rareté dans l’univers du
corporate venture. Selon le « Wall Street

Altran : des minoritaires alertent


l’AMF sur le projet de Capgemini


tradictoire », s’inquiète Colette Neuville. La
présidente de l’Adam milite donc auprès du
secrétaire général de l’AMF, Benoît de Juvi-
gny, pour que les principaux éléments du
projet soient mis à la disposition du public.
Elle demande aussi au régulateur que les
travaux de l’expert indépendant ne soient
pas clos avant un délai de 15 jours après la
publication du projet d’offre, de manière
que les minoritaires p uissent échanger avec
ce dernier, et que la phase contradictoire
soit bel et bien respectée. Contacté par « Les
Echos », Altran a indiqué ne pas avoir reçu
le courrier. De son côté, Capgemini n’a pas
souhaité faire de commentaire.n

Colette Neuville, présidente de l’Adam, a écrit à l’Autorité des marchés financiers pour dénoncer des anomalies
dans le projet d’OPA de Capgemini sur Altran par rapport à la procédure habituelle d’offre publique. Photo Eric Piermont/AFP

SoftBank va prêter


à ses employés pour investir


dans son nouveau fonds


Anne Bauer
@ annebauerbrux

Ce lundi, le département américain du
Commerce auditionne les grands
acteurs du numérique dans le cadre de
son enquête sur la taxe Gafa adoptée en
juillet par le Parlement français. Dès le
vote français, les autorités du com-
merce américaines avaient ouvert une
enquête, laquelle court officiellement
jusqu’au 26 août, soit le dernier jour du
Sommet du G7 qui s’ouvre à Biarritz
samedi 24 août. Fin juillet, Donald
Trump avait évoqué des mesures de
rétorsion « sur le vin ou sur autre
chose ». Mais selon l’agence Bloomberg,
le président américain aurait indiqué il
y a une dizaine de jours en petit comité
sa préférence pour une taxe de 100 %
sur les importations de vin français. A
ce stade, personne ne sait si un tel mon-
tant doit être pris au sérieux. Seul
indice, le représentant au commerce
des Etats-Unis, Robert Lighthizer,
aurait recommandé une taxe sur des
produits français d’une ampleur suffi-
sante pour annuler le poids de la taxe
Gafa votée à Paris.

Avant même le vote sur la taxe Gafa,
le président Trump, qui préfère le Coca-
Cola au vin, avait déclaré ne pas com-
prendre pourquoi l’Amérique facilite la
consommation de vins français, quand
la France achète si peu de bouteilles de
vin américain. A vrai dire, les droits de
douane sur les vins en provenance des
Etats-Unis sont fixés au niveau euro-
péen et non à Paris. Ils sont effective-
ment supérieurs à ceux pratiqués par
Washington, mais les taxes américai-
nes liées à la lutte contre l’alcoolisme
font plus que compenser ce différentiel
et renchérissent beaucoup le prix des
bouteilles pour les consommateurs
américains.
Enfin, n’e n déplaise à M. Trump, la
France produit davantage de vin que les
Etats-Unis et les Etats-Unis en consom-
ment plus qu’ils n’en produi-
sent. L’Amérique boit près de 33 mil-
lions d’hectolitres mais ne produit
qu’environ 24 millions d’hectolitres. La
moitié du vignoble mondial se répartit
dans cinq pays : l’Espagne, la Chine, la
France, l’Italie et la Turquie, selon
l’Organisation internationale de la
vigne et du vin (OIV), alors que les Etats-
Unis sont le premier consommateur de
vin du monde.
Ramenée au nombre d’habitants,
cette consommation reste cependant
modeste. Avec une consommation
moyenne de 12,4 litres par personne et
par an, l’Américain est un petit buveur
comparé au Français (51 litres). Mais
une taxation des vins français serait un
coup rude pour les producteurs, pour
qui les Etats-Unis ont été un important
vecteur de croissance au cours des der-
nières années.n

Trump


menace


de taxer le


vin français
FUSIONS-ACQUISITIONS

VIN


FONDS


La France produit
davantage de vin
que les Etats-Unis
et les Etats-Unis
en consomment plus
qu’ils n’en produisent.

Journ al », les salariés ont déjà participé à
hauteur de 8 milliards de dollars au pre-
mier fonds. Et l’entreprise a prévu qu’ils
puissent annuler leur mise dans plusieurs
cas de figure, comme un très mauvais
choix de start-up à accompagner par
exemple. Bien sûr, si les pépites choisies
performent et vont jusqu’à l’introduction
en Bourse ou une revente, les employés
peuvent encaisser de forts retours. Mais en
cas contraire, ils pourraient perdre gros.
En moins de deux ans, le fonds Vision
Fund s’est fait une place sur le marché de
la tech, en injectant des tickets dans Uber
ou WeWork par exemple. Deux choix
pour le moment encore incertains puis-
que le cours de Bourse d’Uber serait
revenu au niveau où Vision Fund a acheté
les actions lors de son entrée. Et WeWork
vient de dévoiler des pertes abyssales avant
de tenter l’aventure du marché coté. Le
financement des start-up montre quel-
ques signes de grippage, ce qui pourrait
expliquer la mise en place de ce dispositif
auprès de ses employés. SoftBank assure
pourtant déjà avoir la confiance de plu-
sieurs géants pour l’accompagner dans la
nouvelle vie de Vision Fund : Apple,
Microsoft, le gouvernement du Kazakhs-
tan et une demi-douzaine de banques.n
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