Les Echos - 19.08.2019

(avery) #1

Les Echos Lundi 19 août 2019 ENTREPRISES// 15


Déclaré en faillite au mois de mai
dernier, le sidérurgiste British Steel
pourrait bientôt p asser sous
pavillon turc. Le fonds de pension
militaire turc Oyak a annoncé ven-
dredi 16 août être entré en négocia-
tion exclusive avec le gouverne-
ment britannique pour racheter
British Steel. « Nous avons [...] signé
un accord préliminaire pour acheter
le géant industriel du Royaume-Uni,
British Steel »
, a annoncé le direc-
teur général d’Oyak, Süleyman
Savas Erdem.


Sauvegarder une partie
des emplois

Cette vente pourrait permettre de
sauvegarder une partie des 4.
emplois du sidérurgiste britanni-
que, dont 3.000 emplois au sein de
l’usine géante de Scunthorpe dans
le nord-est de l’Angleterre. L’ouver-
ture d es pourparlers avec Oyak « est
une avancée importante et positive
afin de garantir l’avenir de British
Steel
», s’est réjouie Andrea Lead-
som, ministre des Entreprises et de
l’Industrie du gouvernement de
Boris Johnson. Créé en 1961 un an


SIDÉRURGIE


Le sidérurgiste britan-
nique British Steel,
en faillite depuis
le mois de mai, va être
acquis par le fonds
de pension militaire
turc Oyak.


Le fonds de pension militaire turc Oyak


veut racheter British Steel


après un c oup d’Etat militaire, O yak
connaît bien le secteur de l ’acier, car
il détient 49 % du sidérurgiste turc
Erdemir, coté à la Bourse
d’Istanbul, qui emploie plus de
11.000 salariés et détient le quart du

marché de l’acier en Turquie. Pen-
dant deux mois, Oyak va examiner
les comptes du groupe britannique,
avant son achat définitif prévu
avant la fin de l’année. L’acquisition
de British Steel par le fonds de pen-

sion turc ne concernerait en revan-
che pas les sites français de Saint-
Saulve (Ascoval) et d’Hayange. Le
plan de reprise de ces derniers pré-
voyait leur reprise par British Steel,
mais le britannique a entre-temps

fait faillite. Le plan a donc été modi-
fié et validé par le tribunal de com-
merce de Strasbourg le 24 juillet
dernier. C’est l a maison mère de Bri-
tish Steel, le holding Olympus
appartenant au fonds d’investisse-

British Steel emploie plus de 4.000 salariés, dont la majorité travaillent sur le complexe sidérurgique géant à Scunthorpe,
dans le nord-est de l’Angleterre. Photo Lindsey Parnaby/AFP

SÉRIE D’ÉTÉ


RÊVES ET FOLIES


DEMILLIARDAIRES


Manoir PlayBoydeHugh Heffner•Larry
Page,l’espace,nouvel eldorado minier •
Basil Zaharoff, l’homme quiavoulu acheter
la principauté deMonaco•L’hydravion
géant ded’HowardHugues•Lavasa, la ville
très privée d’Ajit Gulabchand

1épisode par jour


àLIRE CETTE SEMAINE DANS LES ECHOS


Raphaël Bloch
_@ BlochR


Le rapport d’Harry Markopolos ne
passe pas. Jeudi, le célèbre expert
financier, connu pour avoir été l’un
des premiers à alerter sur le « sys-
tème Madoff » au début des années
2000, a publié une analyse au vitriol
sur General Electric, accusant le
conglomérat industriel d’avoir
manipulé sa comptabilité. Le comp-
table accuse GE d’avoir sous-estimé
les risques liés à des assurances
dépendance vendues aux particu-
liers via sa filiale de services finan-
ciers GE Capital et d’avoir aussi suré-
valué des actifs pétroliers. A Wall
Street, le titre a ainsi dévissé jeudi de
la semaine dernière de plus de 10 %
(–11,3 %). Mais, dès vendredi, l’action
du géant américain a repris des cou-
leurs (+6,62 %), car les critiques
d’Harry Markopolos ne semblent
finalement pas convaincre. Pas tant
en raison des protestations de GE,
qui a réaffirmé que ses comptes
étaient sincères, qu’au vu des doutes
soulevés par ces révélations au sein
même de la communauté finan-
cière. Certains hedge funds ont ainsi
vivement mis en cause les méthodes
de l’analyste de 62 ans.
Les critiques sont venues de plu-
sieurs grands noms du secteur. C’est
Andrew Left, patron de Citron
Research, qui a tiré le premier. Dans
un communiqué publié dès jeudi,
l’Américain a expliqué q ue, le 15 août,
date de publication du rapport de
Markopolos, était un « jour triste »
pour les hedge funds. Les raisons de
la colère d’Andrew Left? Harry
Markopolos a reconnu avoir rédigé


ment Greybull, qui reprendra en
direct les deux aciéries françaises.
Reste à savoir si British Steel,
numéro deux du secteur de l’acier
derrière Tata Steel au Royaume-
Uni, pourra prendre un nouveau
départ, trois ans après son rachat
pour une livre symbolique à Tata
Steel par Greybull Capital. Le fonds
d’investissement avait
aussi racheté la division euro-
péenne de produits longs (rails, sec-
tion de construction) de Tata Steel,
pour tenter de positionner British
Steel auprès des clients des secteurs
du BTP et du rail comme la SNCF et

l’anglais Network Rail. British Steel
a fait faillite, f aute de liquidités s uffi-
santes. Il avait mis ses difficultés
financières sur le compte du Brexit,
dont les incertitudes plombent la
demande en acier de ses clients
européens. Sa faillite a suscité des
craintes sur l’avenir des quelque
25.000 emplois directs et indirects
en Angleterre et au Pays de Galles
qui dépendent de British Steel, qui
pèse pour un tiers de la production
d’acier au Royaume-Uni. — V. J.

L’acquisition
de British Steel par le
fonds de pension turc
ne concernerait en
revanche pas les sites
français de Saint-
Saulve (Ascoval)
et d’Hayange.

à suivre


Transavia :
préavis de grève

AÉRIEN Le Syndicat des pilo-
tes de Transavia France, qui
veut participer aux négocia-
tions sur le développement de
la compagnie, a déposé un
préavis de grève pour la ren-
trée, a-t-il annoncé dimanche,
dernier jour de grève des
hôtesses et stewards à l’appel
de la CGT. Ce préavis court du
1 er septembre au 15 octobre.
Evoquant le projet d’accord
trouvé en juillet au sein d’Air
France entre direction et pilo-
tes du syndicat SNPL pour le
développement de Transavia
France, le SPL, deuxième syn-
dicat représentatif des pilotes
chez la filiale low cost d’Air
France-KLM, souligne que cet
accord n’est toujours pas
signé, puisque le SNPL Air
France a décidé de le modifier.

Tesla vise le
marché européen
du toit solaire
ÉNERGIE Tesla Inc. souhaite
apporter sa technologie
solaire en Europe en 2020, a
annoncé son patron, Elon
Musk, sur Twitter. Tesla Solar
produit des tuiles avec des cel-
lules solaires intégrées pour
convertir l’énergie du soleil en
électricité. Elon Musk a
annoncé un nouveau design,
qui pourrait, selon lui, per-
mettre d’économiser 500 dol-
lars par an sur une facture
électrique. La production de
ces toits solaires a démarré en
2016 et décolle lentement.
Mais Elon Musk annonce une
forte progression de sa pro-
duction à bientôt 1.000 toits
par semaine, en proposant un
nouveau système de location
mensuel à bas prix. Jusqu’à
présent, le développement de
Solar Roof était poussif.

General Electric :


le « lanceur d’alerte »


dans le viseur des hedge funds


son rapport pour un fonds d’investis-
sement, qui a pu ainsi parier sur la
chute de l’action GE et sa rémunéra-
tion est proportionnelle aux gains du
hedge fund. « Aucun fonds spéculatif
crédible ne fonctionnerait comme cela ,
a déclaré le vendeur à découvert acti-
viste. Ce que nous venons de voir avec
Monsieur Markopolos est irresponsa-
ble et malhonnête – ce qui donne à
notre activité une très mauvaise répu-
tation » , a-t-il ajouté. Des critiques
reprises depuis quarante-huit heu-
res par d’autres pontes du secteur.

D’autres priorités
Pour John Hempton, le fondateur de
Bronte Capital, cité ce dimanche par
le « Financial Times », le rapport de
Markopolos est « stupide » et « tota-
lement trompeur ». L’activiste
recommande même au marché de
tout simplement l’ignorer. « Cela me
met vraiment en colère. L’attitude de
M. Markopolos ne vaut pas mieux
que celle d’une entreprise irresponsa-
ble » , a déclaré de son côté Daniel Yu,
fondateur de Gotham C ity Research.
Signe d u mécontentement dans le
secteur, plusieurs hedge funds ont
même acheté des actions GE, à l’ins-
tar d’Andrew Left. Une autre star du
secteur, Stanley Druckenmiller, a lui
aussi fait savoir qu’il avait acheté des
titres du géant américain. Suffisant
pour faire encore remonter le titre
lundi? Pour l’heure, General Elec-
tric s’est contenté de publier un com-
muniqué déclarant que les accusa-
tions portées par M. Markolos n’ont
aucune valeur. La firme va-t-elle
poursuivre en justice pour manipu-
lation de cours? Pour l’heure, GE,
confrontée à la baisse des comman-
des de turbines à gaz et aux consé-
quences des déboires de Boeing sur
ses livraisons de moteurs, a d’autres
priorités, notamment pour achever
un plan de cession d’actifs et réduire
encore son personnel de plus de
10.000 emplois dans le monde.

(


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CONGLOMÉRAT


L’ex pert financier
Harry Markopolos a
accusé jeudi General
Electric d’avoir mani-
pulé sa comptabilité.

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