Les Echos - 19.08.2019

(avery) #1

Les Echos Lundi 19 août 2019 ENTREPRISES// 17


Le transport de colis est à un
tournant de son économie. Les
transporteurs historiques,
régis par une réglementation
stricte, ont vu arriver depuis
quelques années de nouveaux
acteurs, adeptes du covoiturage
de colis. Ces derniers proposent
à des particuliers de devenir
transporteur le temps d’un
voyage et ce sans agrément
nécessaire. La règle est simple
et suivra les directives de la loi
d’orientation des mobilités
(LOM) qui devrait bientôt être
votée. Dans le cadre d’un dépla-
cement effectué à titre privé, un
particulier pourra transporter
un colis pour le compte d’une
tierce personne et être rému-
néré sur ce voyage grâce à un
partage de frais.
Il ne lui est, en revanche, pas
possible de sélectionner un tra-
jet en fonction de la demande de
livraison, ni même de grouper
et desservir plusieurs adresses.
Le transport de colis, en tant
qu’activité première et à titre
onéreux, n’est réservé qu’aux
professionnels. « Le problème,
c’est que c’est impossible à con-


trôler » , s’indigne Hervé Street,
président du Syndicat national
des transports légers (SNTL),
pour qui l’arrivée sur le marché
de ces start-up est le signe d’une
« concurrence déloyale » et d’un
« modèle s ocial peu respectable ».
« Je ne suis pas contre le cotrans-
portage de colis, au contraire.
Mais ça ne doit pas devenir un
métier. Or leur modèle ne peut
pas tenir comme ça. Ou alors il
faut que ces entreprises devien-
nent des commissionnaires de
transport et paient les mêmes
charges sociales que nous.
»


Respect de « l’esprit
collaboratif »

Pour rester dans les règles, les
plates-formes doivent s’assurer
que les particuliers respectent
un « esprit collaboratif ». « On
fait le maximum pour éviter les
abus
, explique Jean-Baptiste
Renié, cofondateur et CEO de
Bring4You, site de covoiturage
de colis lancé en 2015. Si un par-
ticulier dépasse par exemple les
3.000 euros de revenu annuel, on
transmet immédiatement au
fisc.
» Autre nécessité, structu-
relle cette fois, pour les plates-
formes : s’entourer de livreurs
professionnels et indépendants.
« Les particuliers ne peuvent
qu’être à la marge de notre acti-
vité,
continue Jean-Baptiste
Renié. On intègre de plus en plus
de professionnels, pour faire des
déménagements par exemple et
plus de volume. »

Pour éviter le travail illégal et
la concurrence déloyale, le
ministère de la Transition éco-
logique et solidaire assure
qu’un arrêté doit prochaine-
ment fixer un plafond de reve-
nus annuels issus du partage de
frais. — L. Bi.


Po ur éviter


le travail illégal


et la concurrence


déloyale, un arrêté


doit prochainement


fixer un plafond


de revenus annuels


issus du partage


de frais.


lobbyingterritorial


FORMATION


Commentdévelopper etentretenir larelation
avec lesélus locaux?


  • Lundi23etMardi24septembre201 9

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Des particuliers peuvent
désormais transporter
un colis au cours d’un
trajet à titre privé.
Une concurrence jugée
« déloyale » pour les
historiques du secteur.


Le transport


« collaboratif »


crispe les


professionnels


l’origine de l’opération. Il a com-
mandé au fabricant britannique
de préfabriqué modulaire Go
Modular Technologies UK (dont
l’usine est située à Southampton,
dans le sud de l’Angleterre) neuf
logements sur-mesure, pré-équipés
de leur connectique, de leurs canali-
sations, de leur cuisine et de leur
salle de bains. La grue a 20 centimè-

tres de marge des deux côtés du bâti-
ment pour les insérer. « Un logement
est composé de deux modules. Ils ont
été placés sur un grillage d’acier et
sont insérés à l’intérieur avant d’être
attachés à la structure existante ,
explique Jonathan Brecknell, le pro-
moteur fondateur de Urban Crea-
tion. Le rez-de-chaussée sera un
espace commercial, les logements

commencent donc au premier étage et
les modules sont empilés sur trois
niveaux côté rue. Les duplex sont mis
sur la partie arrière du bâtiment. »

Pose en une semaine
Sur neuf logements, il y a en
effet cinq duplex d’une pièce avec
chambre à l’étage. Leurs modules
sont dotés en usine d’un toit pentu et

d’une lucarne à l’ancienne qui seront
revêtus pour former la toiture de la
partie arrière de l’immeuble, en har-
monie avec les c orniches e t les lucar-
nes de l’architecture géorgienne de
la rue. La commande du promoteur
comprend également un grand loge-
ment de cinq chambres, deux loge-
ments de trois pièces et d eux s tudios.
Mercredi, les deux premiers
logements avaient été posés. C’était
les plus difficiles à positionner, car
ils sont à l’étage inférieur et le chan-
tier espère maintenant accélérer.
« On espère achever la pose le 19 ou le
20 août. Il faudra ensuite cinq à six
semaines pour les raccorder et faire
les finitions. Les logements pourront
être loués dans la foulée, à temps
pour la rentrée scolaire car c’est un
immeuble pour étudiants » , expli-
que-t-on côté Go Modular. Si tout se
passe bien, l’opération aura donc
pris à peine plus d’une semaine.
C’est l’avantage du recours à une
enveloppe existante. Côté coûts,
« c’est un projet pilote, mais à l’avenir,
le procédé peut permettre de réaliser
des économies en raccourcissant les
délais de construction , souligne Jona-
than Brecknell. Il devrait aussi y avoir
moins de coûts de maintenance » e t de
contentieux autour du chantier, car
il implique moins de nuisances pour
les riverains et de risques pour les
bâtiments mitoyens qu’une démoli-
tion-reconstruction, surtout en cen-
tre-ville. « Le procédé est compatible
avec tous les types d’immeuble, con-
clut Jonathan Brecknell. Mais le bâti-
ment étant évidé de l’intérieur, ce type
d’opération suppose que les b âtiments
mitoyens soient stables et capables de
tenir debout tout seuls. » n

Myriam Chauvot
[email protected]

Depuis dimanche 11 août, Park
Street, une rue du centre historique
de Bristol, en Angleterre, ferme
la nuit pour une opération qui attire
l’attention des médias britanniques
et suscite la curiosité des passants. A
20 heures, une grue de 200 tonnes
est amenée. Elle hisse toute la nuit
des modules de 7,5 à 10 tonnes jus-
qu’au-dessus d’un immeuble de
quatre étages dont le toit a été enlevé
et les pose à l’intérieur du bâtiment,
qui a été évidé et débarrassé de son
mur arrière pour l’opération mais
conserve sa façade de briques et de
pierre et ses deux murs latéraux.
Dans cette enveloppe préexistante,
la grue empile ainsi des modules de
logements préfabriqués, prêts à
vivre, avant de repartir à l’aube. A six
heures du matin, la rue retrouve sa
vie normale.
« C’est, à notre connaissance, la
première fois au Royaume-Uni qu’on
utilise un bâtiment existant comme
enveloppe pour y insérer des loge-
ments préfabriqués », résume Urban
Creation, le promoteur de Bristol à

IMMOBILIER


Po ur la première fois,
dans le centre-ville
de Bristol, des modules
de logements préfa-
briqués sont empilés
à l’intérieur
d’un bâtiment existant
de quatre étages.

A Bristol, des logements préfabriqués


sont insérés dans un immeuble ancien


Chaque nuit, depuis une semaine, une grue de 200 tonnes hisse des modules de 7,5 à 10 tonnes
dans une enveloppe préexistante évidée et dont le toit a été enlevé. Photo Go Modular Technlogies (UK) Ltd

Thierry Ogier
@ThierryOgier
— Correspondant à São Paulo

« Big is beautiful? » Un an après
l’annonce de l’acquisition de 80 %
de la filiale brésilienne de Walmart,
Advent a déjà pris une décision
lourde : abandonner la marque
Walmart, qui n’a jamais connu un
franc succès auprès des consomma-
teurs brésiliens. Place au groupe Big,
qui va tenter de redonner du poids à
une opération problématique et
déficitaire (avec une chute des ven-
tes de 13 % l’an dernier), dans un
marché dominé par les deux plus
grandes enseignes françaises. Big,
c’était d’ailleurs l’une des marques
régionales acquises il y a quinze ans
par Walmart dans le sud du pays,
alors qu’une autre marque régio-
nale, Bompreço, sera préservée
dans le Nordeste.
Advent compte « coller » aux
aspirations du consommateur bré-
silien. Baptisée « Phoenix », la straté-
gie vise à insuffler une nouvelle vie à
un grand distributeur qui n’a pas
vraiment tenu ses promesses pen-
dant près d’un quart de siècle au Bré-
sil. Et à le faire le plus rapidement
possible afin de récupérer le temps
perdu sur la concurrence.

« Cash and carry »
Le site Internet a été fermé, ainsi
qu’une vingtaine de supermarchés.
Une vingtaine d’autres ont été remo-
delés. L’accent sera ainsi mis sur le
format « cash and carry » (libre-ser-
vice de gros), plus lucratif et long-

temps délaissé par Walmart, et sur
les Sam’s Club (clubs d’achat), dont le
nombre devrait plus que doubler en
cinq ans.
Le plan prévoit une croissance
modeste en nombre de magasins,
des actuelles 410 unités à quelque
430 magasins à la fin de l’année pro-
chaine (à titre de comparaison, Car-
refour et Pão de Açúcar, contrôlé par
Casino, en ont 690 pour le premier et
plus de 650 pour le second). « Cela
risque de prendre beaucoup de temps
avant que Walmart acquière un poids
comparable aux autres concurrents
dans la catégorie “cash and carry”.
Reste à savoir s’ils vont réussir à trou-
ver la bonne formule, s’ils vont parve-
nir à trouver des terrains pour bâtir
une opération forte et s’ils vont réussir
la migration des hypermarchés vers le
“c ash and carry” comme l’ont déjà
réalisé Casino et Carrefour », estime
Alberto Serrentino, du cabinet de
consultants spécialisé Varese.
Pour l’heure, Advent a annoncé
des investissements de l’ordre de
1,9 milliard de r eals (près d e
400 millions d’euros) sur trois ans.
C’est environ le montant qu’investis-
sent chaque année tant Carrefour
que Pão de Açúcar, la filiale de
Casino. Mais Advent, qui a déjà
investi dans plusieurs chaînes de
restaurants au Brésil, nourrit de
grandes ambitions.
Selon certaines informations non
confirmées, le fonds américain se
serait même penché sur le dossier de
certains actifs de Casino dans la
région. Le groupe français souhaite
se désendetter. Son holding, Rallye,
est sous procédure de sauvegarde.
Casino a simplifié, avant l’été, l’orga-
nigramme de ses filiales d’Amérique
latine. Les observateurs ont estimé
que cela pourrait être le prélude à
des cessions. Pour l’heure, le groupe
français n’a rien annoncé. Advent est
un fonds. On peut penser qu’il
revende à terme ses activités de dis-
tribution au Brésil. Cela ferait beau-
coup de magasins sur le marché.n

DISTRIBUTION


Le fonds d’investisse-
ment américain désire
bousculer Carrefour et
Casino, qui dominent
le plus grand marché
latino-américain.

Comment le fonds


Advent espère relancer


les ex-Walmart du Brésil

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