Les Echos - 19.08.2019

(avery) #1

18 // ENTREPRISES Lundi 19 août 2019 Les Echos


CHAQUE MOIS,


CONNAISSANCE


DE SARTS


FA IT DE VOUS


UN EXPERT


EN KIOSQUE DÈSAUJOURD’HUI

nique Ozanne, directeur général
délégué de Covivio (ex-Foncière des
Régions), en charge de l’hôtellerie.
Ceci étant, constate-t-il, « les chiffres
de l’hôtellerie londonienne sont
actuellement très bons » ...
L’an dernier, le Royaume-Uni
avait déjà vu son statut de premier
marché européen en matière
d’immobilier hôtelier conforté,
avec un total d’investissements de
5,9 milliards d’euros, après 5 mil-
liards en 2017. Pour mémoire, Covi-
vio avait notamment acquis une
dizaine d’hôtels 4 et 5 étoiles auprès
du groupe Starwood Capital pour
quelque 970 millions d’euros.
En croissance de près de 55 %,
avec un volume de transactions
avoisinant 616 millions d’euros, le
marché i talien a également été toni-
que au premier semestre 2019.
Cette hausse est cependant alimen-
tée pour moitié quasiment par le
rachat par Oaktree d’un porte-
feuille d’une dizaine d’hôtels à la
foncière Castello SGR, la transac-
tion étant chiffrée à 300 millions
d’euros. L e groupe d’investissement
américain, qui veut créer la plus
grande plate-forme d’hôtels de luxe
et d e loisirs en Italie, entend même y
investir l’équivalent de 1 milliard.

Bas de cycle en Italie
« C’est le moment d’investir en Italie.
L’activité hôtelière est en bas de cycle,
c’est le seul pays européen où les reve-
nus par chambre ont baissé sur les
quinze d ernières années. S on hôtelle-
rie est cependant disparate, à réno-
ver, et les propriétaires gourmands,
ce qui ne facilite pas les transac-
tions » , commente Dominique
Ozanne.

En parallèle, l’activité s’est tassée,
voire a chuté sur les autres grands
marchés européens, notamment
en France où le volume de transac-
tions a diminué de 30,2 % par rap-
port à son niveau au mitan de 2018,
avec un total avoisinant 416 mil-
lions d’euros. Le second semestre
devrait être toutefois plus porteur
avec la conclusion d’un certain
nombre d’opérations. Au bout du
compte, le volume de transactions
pour l’ensemble de l’année « devrait

atteindre ou même dépasser le mil-
liard d’euros » , estime Yves Mar-
chal. L’an dernier, il s’élevait à
1,8 milliard, ayant augmenté de
700 millions.
Par ailleurs, le second semestre
devrait être marqué par la cession
par Accor des actifs immobiliers de
sa filiale polonaise Orbis. Leur
valeur globale avoisine 1,1 milliard,
soit une plus-value potentielle de
l’ordre de 600 millions pour le
champion français de l’hôtellerie.n

mondial de son secteur, n’a pas
tardé à engager l’intégration de sa
dernière acquisition, l’opérateur
américano-scandinave Radisson
Hotel Group (plus de 1.400 établis-
sements e n exploitation ou en déve-
loppement). Leurs synergies com-
mencent, en effet, à se dessiner, un
peu plus de six mois après la reprise
de la partie européenne cotée de
Radisson, présent en France via

deux d e ses sept marques, Radisson
Blu et Park Inn. Ils viennent ainsi de
lancer un programme visant à
dédoubler la marque de certains
hôtels de Radisson, en leur appo-
sant également celle de Jin Jiang.
Un p remier établissement, le Radis-
son Blu Hotel de Francfort, a déjà
fait l’objet de ce co-branding au
début de l’été, une trentaine d ’unités
de la zone Europe-Moyen-Orient-

Afrique étant, à ce stade, concer-
nées par ce programme, dont
5 Radisson Collection.

Développement rapide
S’agissant de cette famille d’hôtels
haut de gamme, modernes et « ori-
ginaux » , le premier a être sujet à
une double appellation sera en
mars 2020 le futur Radisson Collec-
tion de Bruxelles, présentement

commercialisé en tant que Radis-
son Blu et qui doit être rénové.
Surtout, Radisson, qui garde son
indépendance par rapport au fran-
çais Louvre Hotels Group (Pre-
mière Classe, Campanile, Kyriad,
Golden Tulip...), également pro-
priété de Jin Jiang depuis 2015, sou-
haite se développer rapidement en
Chine. Sa direction entend, en effet,
« signer » plus de 1.000 hôtels dans

le pays, cette expansion reposant,
« en majorité » , sur la conversion
d’établissements de Jin Jiang – une
pratique déjà utilisée pour Campa-
nile et Golden Tulip. La première
ouverture est prévue pour fin 2019-
début 2020. A titre d e comparaison,
Radisson compte actuellement
19 hôtels en Chine sous trois mar-
ques, soit Radisson Blu, Radisson,
et Park Plaza. — C. P.

Le géant chinois Jin Jiang a engagé l’intégration de Radisson


Jin Jiang, le numéro un de l’hôtelle-
rie chinoise et le numéro deux


Le géant chinois
de l’hôtellerie et l’opérateur
américano-scandinave
qu’il a racheté ont amorcé
leur intégration.
Radisson doit se doter
de plus de 1.000 hôtels
en Chine d’ici à 2022.


Christophe Palierse
@ cpalierse


Le marché immobilier hôtelier a
été, à première vue, solide dans la
zone Europe-Moyen Orient-Afri-
que (EMOA) au premier semestre,
au vu de statistiques communi-
quées par JLL, le géant américain
du conseil en immobilier, fort actif
dans l’hôtellerie. Alors que le mon-
tant global d es t ransactions a baissé
de 31 % dans la zone Amériques, à
11 milliards de dollars (9,9 milliards
d’euros), faute d e portefeuilles hôte-
liers à céder, l’activité a diminué de
seulement 3 % dans la zone EMOA,
à 9,3 milliards de dollars (8,3 mil-
liards d’euros).
Cette relative stabilité dans la
zone EMOA s’explique largement
par l’activisme – confirmé – des
investisseurs outre-Manche, où le
volume de transactions a bondi de
plus 70 % par rapport à son niveau
du premier semestre 2018, pour
atteindre 2,7 milliards d’euros,
comme si les investisseurs, en parti-
culier nord-américains, faisaient fi
des incertitudes liées au Brexit.
« Il y a beaucoup de fonds de “pri-
vate equity” parmi les investisseurs.
Beaucoup d’argent a été levé, et il faut
le placer »
, souligne Yves Marchal, le
dirigeant Europe du Sud de JLL
Hotels & Hospitality (le pôle hôte-
li er de JLL), avant de rappeler que
« les actifs hôteliers tournent vite »
au Royaume-Uni. « Les anticipa-
tions ne sont pas les mêmes entre les
fonds investissant à court terme e t les
fonds long terme »
, complète Domi-


HÔTELLERIE


au Royaume-Uni, en Allemagne,
en Belgique, aux Pays-Bas, en
Hongrie, Suisse, Espagne, au Por-
tugal, en Bulgarie et à Dubaï.
L’enseigne disposera de son pre-
mier établissement en France à la
fin de l’année, à Nice, une fois
acquis, en octobre, un Ibis situé à
proximité du Palais des Congrès.
EasyHotel a par ailleurs un projet
près de l’aéroport Paris-Charles-
de-Gaulle, à finaliser pour 2021.

Hébergements
très exclusifs
De son côté, Ultima Capital vient
de s’introduire à la Bourse suisse
en plaçant 15,51 % de son capital
auprès d’une vingtaine d’investis-
seurs internationaux et fonds
d’investissement pour quelque
50 millions de francs suisses (plus
de 46 millions d’euros). Créé en
2014 par deux jeunes « pros » de
l’immobilier, Max-Hervé George
et Byron Baciocchi, Ultima Capital
détient déjà 32 hôtels, résidences,
chalets, villas, un mini-réseau de
grand luxe situé dans des lieux pri-
sés des gens aisés : Gstaad, Crans-
Montana, Genève, Megève ou
Courchevel, où son complexe


  • 13 chalets de 4 chambres – doit
    ouvrir à la fin de l’année.
    Toujours concentrés sur
    l’Europe, ses dirigeants entendent
    désormais implanter Ultima Col-
    lection dans des destinations
    urbaines phares, sous la forme
    d’hébergements très exclusifs
    autour du concept de boutique-
    hôtel, mais aussi dans des stations
    balnéaires. Sa villa privée (8 cham-
    bres) de Genève, qui ouvrira en
    septembre, constitue le premier
    pas de sa diversification urbaine.
    Paris, Londres, Rome ou Madrid,
    font partie des villes ciblées, indi-
    que Max-Hervé George. — C. P.


L’ immobilier hôtelier européen tiré


par les investissements outre-Manche


l Le marché immobilier hôtelier a été


solide dans la zone Europe-Moyen-


Orient-Afrique au premier semestre.


lLe Royaume-Uni conforte


largement son statut de première


« plate-forme » européenne.


La coïncidence est fortuite mais
elle témoigne de la vitalité que con-
naît l’hôtellerie européenne, por-
tée par le tourisme international et
les flux continentaux, et l’appétit
qu’elle suscite chez les investis-
seurs. Elle mérite d’autant plus
d’être relevée qu’elle concerne
deux petits opérateurs position-
nés sur deux segments de marché
à l’opposé : d’un côté, la chaîne éco-
nomique anglaise easyHotel ; de
l’autre, le suisse Ultima Capital,
présent dans l’univers du luxe et
des loisirs sous la marque Ultima
Collection.
Créé en 2004 par le fondateur
d’easyJet, Stelios Haji-Ioannou, et
coté à la Bourse de Londres dix ans
plus tard, easyHotel fait, pour sa
part, l’objet d ’une OPA recomman-
dée par le conseil d’administra-
tion, menée par un duo d’investis-
seurs : Ivanhoé Cambridge, un
poids lourd dans le giron de la
Caisse de dépôt et placement du
Québec, très présent dans l’hôtel-
lerie ; et Icamap, un fonds présidé
et cofondé par l’ex-patron d’Uni-
bail-Rodamco Guillaume Poitri-
nal. Icamap, déjà actionnaire à
hauteur de 38,65 % du capital
contre 27,46 % pour Stelios Haji-
Io annou qui, pour sa part, aurait
préféré une offre plus élevée.
Leur OPA, q ui s e chiffre à
138,7 millions de livres (152 mil-
lions d’euros environ) pour 100 %
du capital, doit s’accompagner
d’une expansion plus rapide de la
chaîne, laquelle compte 38 unités
(soit 3.633 chambres) dont 26 en
franchise, 17 autres hôtels (dont 8
en franchise) étant à ouvrir.
easyHotel est aujourd’hui présent

Ivanhoé Cambridge
et Icamap ont lancé
une OPA sur easyHotel.

Economique ou de luxe,


deux petites chaînes qui


montent dans l’hôtellerie

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