Les Echos - 19.08.2019

(avery) #1

Le s chiffres clefs


+ 2 , 97 %
EN 2019
Le hausse du prix
du logement par rapport
à 2018, selon l’Unef.

2.
EUROS
Les frais d’inscription
en licence pour les étudiants
non européens. Ils ont été
multipliés par 15.

5
CENTIMES
La hausse du prix du repas
dans la restauration
universitaire dès septembre.

représente 69 % du budget mensuel
d’un étudiant. Selon l’Unef, le prix
du logement progresse de 2,97 % en


  1. La Fage souligne que cette
    hausse explose en région (+3,4 %),
    mais reste plus modérée en Ile-de-
    France (+0,92 %).
    Côté transport, les avis des syndi-
    cats diffèrent. Tandis que la Fage
    affirme que les frais stagnent cette
    année, l’Unef s ouligne que dans cer-
    taines villes ces dépenses, déjà
    importantes, augmentent forte-
    ment. Les prix grimpent notam-
    ment à Strasbourg (+3,76 %), Bor-
    deaux (+2,60 %) et Nancy (2,38 %).
    De manière globale, la hausse du
    coût de la rentrée « provient d’une
    augmentation forte des loisirs et des
    consommations comme les vête-
    ments, la nourriture, les produits
    d’entretien et d’hygiène »
    , souligne la
    Fage. La fédération note également
    que le désengagement de l’Etat sur
    la restauration étudiante aura
    comme conséquence une augmen-
    tation de 5 centimes par repas dès
    septembre. L’Unef abonde dans le
    même sens et dénonce l’augmenta-
    tion de 8,17 % des prix dans les café-
    térias CROUS.


Tensions autour
des droits d’inscription
Les étudiants vont également devoir
mettre la main au porte-monnaie
pour payer leurs frais de scolarité.
Pour les étudiants français et euro-
péens, la hausse reste très limitée
(+0,28 % selon l’Unef) tandis que
pour les étudiants étrangers non
européens, elle est multipliée par 15.
En cause, la décision du gouverne-
ment d’augmenter les droits d’ins-
cription pour financer la politique
d’accueil des étudiants étrangers.
Les frais passent ainsi de 170 euros à
2.770 euros en licence et de
243 euros à 3.770 euros en master.
Pour la Fage, l’accès à l’enseigne-

ment supérieur reste encore trop
inégalitaire. « C’est sans appel : le
coût de rentrée est bien t rop élevé p our
permettre une réelle démocratisation
de l’enseignement supérieur » ,
estime le syndicat. La fédération
« demande au gouvernement une
réforme d’ampleur du système
d’aides sociales ».
De son côté, l’Unef exige la mise
en place d’un plan d’urgence, une
revalorisation de 20 % des bourses,
l’élargissement du système d’aides à
100.000 étudiants supplémentai-
res. Même s i les b ourses s ur c ritères
sociaux ont été revalorisées pour la
rentrée 2019 après trois années de
gel, leur progression (1,10 % en
moyenne) reste inférieure à l’infla-
tion, souligne le syndicat étudiant.
— T. C.

Ingrid Feuerstein
_@ InFeuerstein


La rentrée du gouvernement cette
semaine va marquer la reprise des
réunions d’arbitrage avant le bou-
clage du projet de loi de finances
qui s era transmis au Conseil d’Etat
dans le courant du mois de sep-
tembre. Il s’agira du troisième
budget du quinquennat Macron.
Un exercice qui, derrière les chif-
fres, s’avère toujours hautement
politique. Le premier budget, en
2017, avait traduit le programme
présidentiel, notamment la
réforme de l’ISF, qui a valu au chef
de l’Etat l’étiquette de « président
des riches ». Le second a été bous-
culé par le mouvement des « gilets
jaunes » et a vu l’interruption de la
trajectoire de hausse de la taxe
carbone. Le troisième devrait être
marqué par la sortie du grand
débat. Tour d’horizon :


- BAISSE DE L’ IMPÔT
SUR LE REVENU

C’est l’une d es premières d écisions
prises à l’issue du grand débat. Le
projet de loi de finances va entéri-
ner une baisse de l’impôt sur le
revenu de 5 milliards d’euros pour
quelque 17 millions de foyers fis-
caux. Dans le détail, la tranche à
14 % va ê tre a baissée à 11 % et la for-
mule de calcul de l’entrée dans
l’impôt, appelée « décote », va être
révisée. Les contribuables actuel-
lement soumis au taux marginal
de 14 % verront leur impôt baisser
en moyenne de 350 euros par an.
Ceux situés dans la tranche à 30 %
connaîtront un gain de 180 euros.
Pour les ménages les plus aisés
(tranche de 41 % ou 45 %), les


seuils évolueront de façon à ce que
ces contribuables ne subissent ni
une b aisse ni une hausse d’impôts.

- ÉCONOMIES SUR LE DOS
DES ENTREPRISES

Compte tenu de la faible crois-
sance, il faudra bien trouver des
économies pour financer la baisse
d’impôts pour les ménages et
atteindre l’objectif de déficit pour
l’instant fixé à 2,1 % pour 2020. Le
« travailler plus », un temps prôné
par les ministres de Bercy, a été
écarté, p our éviter de compromet-
tr e la réforme des retraites. L’exé-
cutif s’est plutôt tourné vers un
coup de rabot sur les niches fisca-
les des entreprises (gazole non
routier, déduction forfaitaire spé-
cifique, crédit impôt recherche),
dont l’ambition a déjà été revue à
la baisse. Le budget 2020 devrait
ainsi réduire l a dépense fiscale des
entreprises d’environ 620 millions
d’euros, alors q ue la fourchette ini-
tialement envisagée était de 1 à
1,5 milliard d’euros.
La décision de restreindre
l’avantage fiscal sur le mécénat a
été renvoyée à une concertation.
En revanche, la baisse de l’impôt
sur les sociétés pour les grandes
entreprises sera moins marquée
que prévu. Le taux passera d e 33 %
à 31 %, ce qui doit permettre d’éco-
nomiser 700 millions d’euros.
Avant la trêve estivale, le gouver-
nement cherchait encore 3 mil-
liards d’économies.
- UN PAQUET CONTRE
LA FRAUDE À LA TVA

La lutte contre la fraude s’est hissée
parmi les revendications du grand
débat. Le projet de loi de finances
contiendra bien un volet de mesu-
res contre la fraude à la TVA qui
représenterait un manque à
gagner d e 20 milliards d’euros pour
l’Etat. La France va transposer la
directive européenne imposant
aux plates-formes d’e -commerce
de collecter la TVA. D’autres mesu-
res, inspirées d’exemples étran-
gers, sont en préparation, comme


la généralisation de la facturation
électronique pour prévenir les
fraudes de type « carrousel ».

- SUPPRESSION DE
LA TAXE D’HABITATION

Créée au lendemain de la Révolu-
tion, la taxe d’habitation devrait
disparaître dans le projet de loi de
finances 2020. En 2017, la majorité
a déjà voté l’exonération pour
80 % des ménages qui se fera en
trois tranches d’ici à 2020. Cette
fois, le Parlement devrait adopter
sa suppression pour les ménages
encore assujettis, également en
trois é tapes, d e 2021 à 2023. R este à
définir une compensation pour
les communes.
Selon le projet présenté aux élus
locaux en juin, les communes
devraient percevoir la totalité de la
taxe foncière jusqu’ici partagée
avec les départements. Les dépar-
tements, eux, se verraient affecter
une fraction de CSG. Quant aux
mécanismes de péréquation, pour
éviter qu’un nombre trop impor-
tant de communes soient perdan-
tes, ils devraient faire l’objet d’âpres
négociations au Parlement.
- NOUVEAUX CURSEURS
SUR LA FISCALITÉ VERTE

Il ne sera pas question cette année
de taxe carbone, personne au gou-
vernement ne souhaitant rallu-
mer l’étincelle à l’origine du mou-
vement des « gilets jaunes » l’an
dernier. En revanche, plusieurs
outils liés à la transition énergéti-
que seront en débat. Le budget
doit fixer un nouveau barème
pour le malus automobile, corres-
pondant aux nouvelles normes de
mesure d’émissions, bien plus
sévères. Le texte d evrait acter la fin
du crédit d’impôt transition éner-
gétique pour les 20 % de ménages
les plus aisés dès 2020, sachant
que ce dispositif vieux de quinze
ans devrait disparaître l’année sui-
vante au profit d’une prime réser-
vée aux ménages modestes. Une
concertation est ouverte avec les
professionnels jusqu’au 23 août.n


Les derniers arbitrages du budget


en suspens


Le troisième projet de loi
de finances du quinquen-
nat Macron devrait être
marqué par les annonces
faites à la sortie du grand
débat. Les réunions
d’arbitrage reprennent
cette semaine avec la
rentrée du gouvernement.


L’addi tion est salée. Le coût de la
rentrée universitaire va encore aug-
menter cette année, selon les deux
principaux syndicats étudiants, la
Fédération des associations géné-
rales étudiantes (Fage) et l’Union
des étudiants de France (Unef). En
cause, les loyers élevés, les trans-
ports en commun onéreux et les
repas universitaires plus chers. Les
syndicats pointent également du
doigt la hausse des frais d’inscrip-
tion, notamment pour les étudiants
étrangers non européens.
Si les deux syndicats s’accordent
pour dire que le coût de la rentrée
universitaire sera plus élevé cette
année, l’ampleur de la hausse varie.
La Fage table sur une a ugmentation
de 1,96 %, portant le prix moyen de
la rentrée à 2.285,26 euros, contre
2.240,55 euros en 2018. L’Unef pré-
dit de son côté une hausse de 2,83 %
du coût de la vie pour les étudiants,
alors que l’inflation est retombée à
1,1 % en juillet, selon les derniers
chiffres de l’Insee.
Principale cause de cette dégra-
dation : l’augmentation des loyers
dans la plupart des grandes villes.
Une dépense en croissance cons-
tante d epuis plusieurs années e t qui

ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR

Le prix de la rentrée
étudiante croît
de 1,96 % cette année,
selon la Fage, tandis
que le coût de la vie
étudiante augmente de
2,83 %, d’après l’Unef.

Les postes du logement
et du transport sont
en forte progression.

Enseignement : le coût de


la vie étudiante en hausse


Po ur les étudiants français et européens, la hausse des frais de scolarité reste très limitée (+0,28 %
selon l’Unef). Les étudiants non européens, eux, voient la facture multipliée par 15. Photo Shutterstock

Alerte aux pénuries
de médicaments

SA NTÉ Un e vingtaine de méde-
cins et professeurs hospitaliers
se sont inquiétés, dans une tri-
bune au « Journal du diman-
che », de récentes pénuries de
médicaments, et ont appelé à
imposer aux laboratoires la
constitution de stocks pour les
remèdes les plus cruciaux. « Très
rares il y a une dizaine d’années,
les pénuries de médicaments se
multiplient », affirment les
26 signataires, qui s’inquiètent
que 868 « signalements de ten-
sions ou de ruptures d’approvi-
sionnement » aient été relevés en
2018 dans les hôpitaux, soit
« vingt fois plus qu’en 2008 ».

en bref


La France prête
à recevoir
40 migrants
MIGRANTS La France s’est enga-
gée à accueillir 40 personnes sur
l’ « Open Arms », bateau de l’ONG
espagnole Proactiva qui trans-
porte une centaine de migrants
secourus en Méditerranée, a
annoncé le ministère de l’Inté-
rieur. Le n avire humanitaire, qui a
fait débarquer en Italie
27 mineurs non-accompagnés
samedi après deux semaines de
navigation, transporte toujours
105 a dultes e t 2 enfants à bord. Ces
40 personnes devront remplir les
critères pour obtenir le statut de
réfugié. L’Espagne a aussi proposé
dimanche d’accueillir le bateau.

La corrida de deux
ministres passe mal

POLITIQUE La présence à une
corrida aux arènes de Bayonne du
ministre de l’Agriculture, Didier
Guillaume, et de sa collègue char-
gée de la Cohésion des territoires,
Jacqueline Gourault, révélée par
le journal « Sud Ouest », a suscité
les critiques de plusieurs élus
écologistes. « Lamentable », a
considéré l’eurodéputé EELV
Yannick Jadot, déplorant dans un
message publié sur Twitter que
« le ministre chargé du bien être
animal assiste à une corrida ». Le
porte-parole du parti écologiste
Julien Bayou a lui dénoncé « un
soutien clair et net [de la part des
deux ministres] à un massacre ».

Les Echos Lundi 19 août 2019 FRANCE// 03

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