Les Echos - 19.08.2019

(avery) #1

06 // MONDE Lundi 19 août 2019 Les Echos


Sophie Amsili
@samsili


A deux mois et demi de la date pré-
vue pour le Brexit, Berlin ne voit pas
bien comment un « no deal » pour-


rait être évité. C’est ce qui ressort
d’un document interne du ministère
des Finances allemand
consulté par le « Financial Times ».
Le g ouvernement allemand
y écrit qu’il existe une « forte probabi-
lité » que le Royaume-Uni sorte
de l’Union européenne (UE)
sans accord le 31 octobre prochain
car il est « inconcevable » que le Pre-
mier ministre britannique modère
sa position au sujet du « backstop »,
pierre d’achoppement des négocia-
tions entre Bruxelles et Londres.
Boris Johnson est en effet décidé à
supprimer ce mécanisme destiné à
éviter le retour d’une frontière en
Irlande. Il prévoit pour cela que le
Royaume-Uni reste dans l’Union
douanière en cas d’échec des discus-
sions avec Bruxelles.
Berlin, toujours selon ce
document, se montre tout aussi
fermé à une r enégociation du
« backstop » : « Il est important du
point de vue européen de maintenir la

des documents officiels publiés par
le « Sunday Times », le Royaume-
Uni serait confronté à des pénuries
de nourriture, d’essence et de médi-
caments causés par des blocages
dans les ports. Ce dimanche, une
centaine de parlementaires, adver-
saires du Brexit, ont publié u ne lettre
au Premier ministre lui demandant
de convoquer le Parlement (actuelle-
ment en vacances) afin qu’il siège
sans interruption jusqu’au 31 octo-
bre. Mais la motion de défiance à
l’égard d u gouvernement que
compte déposer le leader travailliste
Jeremy Corbyn, début septembre,
divise les libéraux-démocrates et les
conservateurs.
Dans le document consulté par le
« Financial Times », l’Allemagne dit
s’attendre à une annonce de Boris
Johnson lors du sommet du G7 à
Biarritz le week-end prochain. Il
pourrait s’agir soit d’une avancée des
négociations avec les Européens,
soit de leur rupture.n

EUROPE


D’après un document du
ministère des Finances
allemand, Berlin juge
« inconcevable »
que Boris Johnson
modère sa position
sur le « backstop ».


Le Premier ministre
britannique
rencontrera
Emmanuel Macron
et Angela Merkel
cette semaine.


jets permettant de réduire les
émissions de gaz à effet de serre
et à punir les responsables de la
déforestation.
Mais la défense de la forêt
tropicale n’apparaît pas dans la
liste des priorités de Jair Bolso-
naro. Le président d’extrême
droite, qui a pris ses fonctions
au début de l’année, a réagi vio-
lemment aux mesures prises
par les partenaires européens.
« Prenez votre pognon et aidez
Angela Merkel à reboiser l’Alle-
magne » , a-t-il dit, tout en accu-
sant la Norvège de conduire des
activités pétrolières au pôle
Nord et de « tuer des baleines ».
Selon lui, le Brésil doit savoir
exploiter les richesses de l’Ama-
zonie pour développer son éco-
nomie. « On doit se battre pour
garder ce qui est à nous , soutient
Jair Bolsonaro. Il suffit que nous
exploitions cela avec rationalité,
et en ajoutant de la valeur, pour
que nous puissions sortir de la
situation économique critique
dans laquelle nous sommes, et
atteindre des sommets. »

Exploiter les richesses
de l’Amazonie
Le Brésil est bel et bien en crise,
mais a « désespérément besoin
de ressources venant de l’exté-
rieur » pour faire face au défi du
changement climatique, rétor-
que Paulo Adario, directeur de
Greenpeace au Brésil. Selon lui,
l’attitude de rejet des autori-
tés brésiliennes « montre que le
gouvernement désire la fin de ce
Fonds ». Le WWF exprime pour
sa part sa « préoccupation »
envers une « vision rétrograde »
de l’environnement : « Le Brésil
est presque devenu un négation-
niste du changement climati-
que » , assure Ricardo Mello,
gérant du WWF pour l’A mazo-
nie.
De leur côté, plusieurs ténors
de l’agrobusiness se sont alar-
més des conséquences de cette
passe d’armes sur l’environne-
ment. Les exportateurs crai-
gnent ainsi une remise c ause d u
récent accord commercial
Union européenne-Mercosur.
« Tout se passe comme si Bolso-
naro implorait les pays euro-
péens de ne pas ratifier l’accord,
estime Claudio Angelo, porte-
parole de l’ONG Observatoire
du Climat. Il offre un prétexte en
or à nos concurrents internatio-
naux pour barrer la route à nos
produits. » n

Thierry Ogier
—Correspondant à São Paulo


Partenaires au sein d’un fonds
destiné à financer des projets de
préservation de la forêt amazo-
nienne, l’Allemagne et la Nor-
vège viennent t our à tour d e blo-
quer des dons d’environ
30 millions d’euros chacun.
C’est l’accélération de la défo-
restation au Brésil qui a mis le
feu aux poudres. De plus, le
géant latino-américain a remis
en cause la pertinence de cer-
tains financements accordés
par le Fonds Amazonie, établi
en 2008 pour lutter contre le
changement climatique. Et a
récemment modifié sa gouver-
nance, sans l’accord des princi-
paux bailleurs, à savoir la Nor-
vège et, dans une moindre
mesure, l’A llemagne.
Le pays nordique déplore
que le Brésil « ne désire plus met-
tre un terme à la déforestation »
,
et considère qu’il a « rompu
l’accord »
avec les donateurs.
Doté de 3,4 milliards de reals
(750 millions d’euros au cours
actuel), le Fonds Amazonie est
destiné à financer des pro-


AMÉRIQUE
DU SUD


L’Al lemagne et
la Norvège bloquent
des dons de plus
de 60 millions
d’euros au Brésil
pour préserver
la forêt tropicale.


L’es calade risque
de remettre en
question l’accord
commercial
UE-Mercosur.


Déforestation


en Amazonie :


le Brésil sanctionné


Berlin juge « fortement


probable » un Brexit sans accord


Boris Johnson
est décidé
à supprimer
le « backstop »,
destiné à éviter
le retour
d’une frontière
en Irlande.
Photo Tolga Akmen/AFP

« Prenez
votre pognon
et aidez
Angela Merkel
à reboiser
l’Allemagne. »
JA IR BOLSONARO
Président du Brésil

ligne que nous avons suivie jusqu’à
présent » , est-il écrit. Depuis
son arrivée au pouvoir le 24 juillet,
Boris Johnson martèle que l e
Royaume-Uni sortira le 31 octobre
de l’UE, avant ou sans accord. Il
compte d’ailleurs préciser mardi et
mercredi à Emmanuel Macron et
Angela Merkel qu’il rencontrera
successivement à Paris et Berlin, que
le Parlement britannique n’a pas les
moyens de revenir sur le Brexit.
Car, ces derniers jours, l’opposi-
tion s’est organisée pour renverser le
Premier ministre et éviter un « no
deal » aux conséquences imprévisi-
bles sur l’économie du pays. Selon

Le Royaume-Uni
serait confronté
à des pénuries de
nourriture, d’essence
et de médicaments.

Onpeut


passer


uneheure


surson


smartphone


pour lir eunarticle


defond.


Av ecla nouvelleformule digitale
des Echos, plongez dans des analyses
complètes des sujets du moment.

Abonnez-vous pour vivreuneexpérience inédite :
abonnement.lesechos.fr

BIENVENUEDANSLA NOUVELLEECHOSNOMIE

Free download pdf