L’été n’est jamais en pente douce pour les
marchés financiers. Cette année, elle est par-
ticulièrement raide lorsqu’on regarde la des-
cente des taux d’intérêt à long terme dans le
monde! A début du mois d’août, toute la courbe
des taux aussi bien en Allemagne qu’en Suisse
est passée en dessous de zéro, du jamais-vu!
Dans le monde, à l’heure actuelle, plus
15 000 milliards de dettes génèrent des rende-
ments à l’échéance négatifs. La presse finan-
cière s’amuse à mettre en exergue les obliga-
tions à 100 ans émises par l’Etat autrichien qui
enregistrent une performance de plus de 60%
depuis janvier et de 30% depuis début juillet!
Beaucoup mieux que les meilleures actions!
J’entends de part et d’autre que, désormais, on
achète les obligations souveraines longues pour
le gain en capital et les actions pour le rende-
ment du dividende. Le monde à l’envers! Mais
où est passé le sens commun? Les banques
centrales ont-elles perdu pied avec la réalité?
La grande crise financière, la fameuse GFC de
2008, a profondément bouleversé l’équilibre mon-
dial. Face à l’arrêt complet des flux commerciaux
et financiers, il était nécessaire d’agir de manière
déterminée et surtout coordonnée. Les banques
centrales ont joué un rôle capital pour débloquer
les rouages et remettre le système en marche. Pour
ce faire, les grands argentiers ont mis en place des
mesures dites non conventionnelles, se traduisant
toutes par un recul marqué des taux, des achats
massifs d’obligations et un encadrement plus
serré des banques commerciales.
Une fois le calme revenu et la dynamique éco-
nomique relancée, les gouvernements respectifs
auraient dû prendre le relais avec des initiatives
structurelles de long terme: développement de
nouvelles infrastructures, investissements dans
la formation, dans la durabilité des entreprises,
modification de la fiscalité pour favoriser les
incitations, pour n’en citer que quelques-unes.
Force est de constater que seuls la timidité et le
manque d’envergure (pour ne pas dire de cou-
rage) furent au rendez-vous.
Les politiques monétaires non convention-
nelles auraient dû être temporaires, elles sont
devenues permanentes! Près de douze ans ont
passé depuis la GFC. La dépendance aux
banques centrales reste pleine et entière. Nous
observons en revanche, comme la majorité des
experts, que la baisse des taux en soi ne stimule
pas la croissance (le cycle conjoncturel mondial
depuis 2010 est le plus mou de l’histoire
moderne). L’effet multiplicateur par l’intermé-
diaire du secteur bancaire s’est fortement affai-
bli. Les projets d’investissement sont peu nom-
breux, la visibilité politique minime et les
investisseurs n’y trouvent plus leur compte.
Dans le contexte actuel de démographie décli-
nante et de changements technologiques
majeurs, la croissance des pays développés
reste faible et la baisse massive des taux n’y
change rien. Au contraire, ces baisses contri-
buent principalement à «gonfler» les prix des
actifs financiers, à enfler la dette mondiale et
à creuser encore plus les inégalités.
Normalisation avortée
En 2017, la reprise conjoncturelle synchronisée
sur le plan mondial avait incité les principales
banques centrales (Fed et BCE en tête) à engager
les premiers pas de la normalisation de leur poli-
tique monétaire. Tentative vite avortée dès début
2019 avec une recrudescence de baisses de taux.
L’hérésie de l’administration Trump n’a pas sim-
plifié cette équation, dans la mesure où la guerre
tarifaire met moult sable dans les rouages éco-
nomiques et les flux financiers globaux.
Non seulement la conjoncture mondiale s’af-
faisse, mais les baisses de taux contribuent à
affaiblir certaines devises, principalement
contre le dollar. Le yuan chinois ne fait pas
exception, l’érosion de la devise permettant
d’absorber plus aisément l’imposition des
tarifs. La stratégie économique américaine –
pour autant qu’il y en ait une – visant à affaiblir
les anciens partenaires afin que ceux-ci cèdent
aux différentes demandes de son inepte pré-
sident semble uniquement motivée par des
objectifs électoraux... Même ses plus proches
conseillers le dissuadent d’agir avec pareille
obstination. Force est de constater que ce pro-
cessus est un non-sens économique et que les
citoyens américains commencent à en payer
le prix. Sans parler de l’appréciation naturelle
du dollar.
Course vers le fond
La «course vers le fond» en matière de taux
d’intérêt fera beaucoup de dégâts si elle ne
prend pas fin rapidement. L’effet marginal sur
la croissance est très faible, voire inexistant.
Pour que l’industrie d’exportation puisse en
profiter (par l’affaiblissement de la devise), il
faut que les contreparties commerciales soient
disposées à acheter ou que le reste du monde
ne suive pas simultanément la même stratégie
de «dévaluation». Mentionnons également que
les revenus à l’exportation sont de plus en plus
modestes dans la contribution à la croissance
des pays développés.
Est-il donc raisonnable de ruiner les banques,
les assureurs, les fonds de pension et de péna-
liser les épargnants pour soutenir les exporta-
teurs? Les banques peuvent de moins en moins
se permettre de supporter le coût (taux néga-
tifs) pratiqué par la banque centrale en évitant
de le répercuter sur les clients. La transforma-
tion du bilan (différence entre taux courts et
taux longs) qui permet de créer une marge sur
l’activité de crédit s’est réduite comme peau de
chagrin. Les assureurs voient la rémunération
de leurs portefeuilles de taux disparaître. Les
caisses de pension peineront à assurer les per-
formances permettant de remplir leurs enga-
gements de long terme.
Enfin, les épargnants sont dégoûtés de voir
que les promesses prônées par les vertus de
l’écureuil sont aujourd’hui totalement
bafouées. La situation est grave! Elle ne semble
pas émouvoir nos banquiers centraux, ni nos
gouvernants. S’ils gardent les yeux fermés et
les oreilles bouchées, qu’ils se préparent pour
la prochaine grande crise. Il est donc urgent
de développer des stratégies de sortie basées
sur la dépense publique et l’encouragement à
l’investissement dans les domaines essentiels,
notamment pour tenter – s’il n’est pas trop tard
- de sauver notre planète. n
Est-ce que tout
le monde est tombé
sur la tête?
Un œil sur la place
SERGE LEDERMANN
FONDATEUR, 1959 ADVISORS
LUNDI 19 AOÛT
l Metall Zug et Orior publient leurs résultats
pour le premier semestre
lDans la zone euro, publication de l’inflation
pour le mois de juillet
MARDI 20 AOÛT
l Schlatter, la Banque cantonale de Lucerne,
Meier Tobler, VP Bank, Huber + Suhner,
Hochdorf, Implenia, Komax, Kuros, Medartis,
Orascom, la Banque cantonale de Thurgovie
et Basilea publient leurs résultats pour
le premier semestre
l L’Administration fédérale des douanes
publie les statistiques du commerce
extérieur et des exportations horlogères
pour le mois de juillet
l L’Office fédéral de la statistique (OFS)
publie un sondage sur le marché de l’emploi
au deuxième trimestre
MERCREDI 21 AOÛT
l Alcon, Raiffeisen, Siegfried, Sensirion,
Evolva, Feintool, Kudelski, Von Roll, Zur
Rose, SIX Group AG et Repower publient
leurs résultats pour le premier semestre
l Aux Etats-Unis, publication des minutes de la
Fed, des ventes de logements existants pour
le mois de juillet et des stocks de pétrole brut
JEUDI 22 AOÛT
l La Banque cantonale vaudoise, Bossard,
Peach Property et Coltene publient
leurs résultats pour le premier semestre
l Sunrise publie ses résultats pour
le deuxième trimestre
l L’OFS publie les statistiques sur la
production, les commandes et les chiffres
d’affaires du secteur secondaire au
deuxième trimestre
l En Allemagne, publication de l’indice PMI
manufacturier pour le mois d’août
l Dans la zone euro, publication des minutes
de la réunion de politique monétaire
de la Banque centrale européenne (BCE)
VENDREDI 23 AOÛT
l Bachem, Nebag, Mobilezone et U-blox
publient leurs résultats pour
le premier semestre
l Aux Etats-Unis, discours du président de la
Fed, Jerome Powell, et publication des ventes
de logements neufs pour le mois de juillet
L’AGENDA
Classement des fonds selon leurs perspectives de croissance
SharingAlpha est une plateforme comparable à un réseau social, qui permet à des professionnels de la finance de noter des fonds. Les fonds qui affichent les meilleures perspectives de performance selon les membres de SharingAlpha apparaissent en tête
de la partie de gauche du tableau. La plateforme couvre plus de 100 000 fonds enregistrés dans plus de 110 juridictions. Elle permet également à ses membres de constituer des fonds de fonds (FoF) virtuels. Les véhicules les plus souvent sélectionnés dans ce cadre
apparaissent en tête du classement des fonds populaires, dans la partie droite du tableau. https://sharingalpha.com
FONDS POPULAIRES
Nom du fonds Juridiction
Nombre de fonds de fonds
qui l’incluent
Fundsmith Equity United Kingdom 35
Morgan Stanley INVF Global
Opportunity Fund
Luxembourg 22
Merian Global Equity
Absolute Return Fd
Ireland 22
Nordea 1 - Stable Return Fund Luxembourg 18
BSF European Opportunities
Extension Fd
Luxembourg 18
Magallanes European Equity FI Spain 17
Fundsmith Equity Fund Feeder Luxembourg 15
PIMCO GIS Income Fund Ireland 14
Sextant Grand Large France 14
Hermes Global Emerging Mkts Ireland 13
FONDS LES MIEUX NOTÉS
Nom du fonds Juridiction Note moyenne Nombre de notes
Liontrust European Income Fund United Kingdom 5 7
LFPartners ASG Dynamic Income Fund Luxembourg 5 5
Belgravia Épsilon FI Spain 4.92 8
Prosperity Prosperity Cub Cayman Islands 4.86 7
Magallanes European Equity FI Spain 4.84 22
azValor Internacional FI Spain 4.84 16
Sextant PEA France 4.84 13
Russian Prosperity Fund Cayman Islands 4.83 8
azValor Iberia FI Spain 4.83 6
Vanguard US Opportunities Fund Ireland 4.82 6
6 Lundi Finance
LE TEMPS LUNDI 19 AOÛT 2019
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