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Le géant de l’ameublement et le pro de l’expérience audio
ont dévoilé en avril dernier le fruit de leur collaboration :
des enceintes directement intégrées dans du petit mobilier.
Destinée au grand public, la gamme Symfonisk repense en
filigrane notre relation à l’espace privé et au design sonore.Par Fouad Bencheman
la tribune de tecH
Des Suédois en mission secrète à Santa Barbara : le tableau
est peu banal. Pourtant, en 2016, une équipe de designers d’Ikea
s'est bien rendue en Californie pour apprendre à concevoir
des haut-parleurs auprès de Sonos, spécialiste en la matière depuis
- Trois années plus tard, voici le résultat présenté à la Milan
Design Week : deux enceintes hybrides, l’une faisant office
d’étagère, l’autre de lampe de table. Les Symfonisk sont attendues
courant août dans les rayons de la célèbre enseigne bleu et jaune.
Un défi technique
L’idée de base est simple : proposer des objets sonores de qualité
se fondant au maximum dans le décor. L’étagère ressemble
ainsi à une mini-bibliothèque qui se monte sur un mur,
à la verticale ou à l’horizontale, et peut supporter près de 7 kg.
Fonctionnel, ce support est conçu pour s’intégrer à d’autres
solutions de stockage Ikea telles que les armoires Kallax,
Bestå et Eket. De son côté, la lampe offre un large choix
de lumières colorées, pour une ambiance tamisée ou festive,
et une puissance sonore se rapprochant du son de l’enceinte
Play : 1 de Sonos (199 euros). Pas question pour autant de faire
dans l’esbroufe acoustique, assurait récemment Patrick Spence,
le CEO de Sonos, au site The Verge. Si le modèle étagère
n’embarquera « pas le même punch en basses » que les produits
plus haut de gamme du constructeur, les Symfonisk
bénéficieront toutes deux de l’emblématique fonctionnalité
« TruePlay » de Sonos, laquelle permet de calibrer la sortie
audio d’une enceinte en fonction de sa position dans une pièce.
En collaborant, les deux firmes ont veillé à ne pas proposer
une version « au rabais » de produits déjà existants ; la stratégie
se serait révélée discréditante au vu de l’expertise de chacune
dans son domaine. Alors, Ikea et Sonos sont partis de zéro.
« La gamme Symfonisk a nécessité de longs mois d’ingénierie
et de tests de la part de Sonos, explique Björn Block, directeur
du département Ikea Home Smart. Nous savions comment
construire une étagère flottante, mais les enceintes Sonos sont
par exemple soutenues généralement par des structures internes
rigides. Sonos a dû repenser la façon de gérer les vibrations
acoustiques, en les isolant aux endroits appropriés.
La lampe constituait un tout autre défi technique :
enveloppés dans une grande quantité de tissu, le son
et la chaleur de l’appareil peuvent s’accumuler, alors
que les deux doivent pouvoir circuler librement. Ces deux
produits sont le point de départ d’une longue collaboration. »À contre-courant
Pour le géant de l’ameublement, cette aventure sonore s’inscrit
dans une stratégie plus large autour de la maison intelligente.
La firme scandinave propose notamment depuis 2015 des ampoules
connectées et des produits intégrant des recharges à induction pour
smartphone. Pour sa part, Sonos continue d’élargir son catalogue
en gardant l’idée de mieux l’intégrer dans nos lieux de vie.
En février dernier, la firme californienne avait ainsi annoncé
un autre partenariat avec Sonance, spécialiste hi-fi des systèmes
audio encastrables, afin de proposer trois enceintes passives :
la In-Ceiling au plafond, la In-Wall dans les murs et la Outdoor
pour les terrasses de jardin. Grâce à la grande popularité d’Ikea,
le spécialiste audio va pouvoir cette fois démocratiser sa technologie
et notamment son software. La lampe et l’étagère Symfonisk
seront utilisables avec l’application Sonos et compatibles avec
le reste de sa gamme. De quoi convertir de nouveaux adeptes
à l’idéal sonore que prône Sonos depuis ses débuts. À contre-
courant de la philosophie hifiste haut de gamme traditionnelle,
l’Américain part du principe que ce n’est pas à l’habitat de s’adapter
aux enceintes (en agençant par exemple une pièce pour optimiser
son acoustique), mais bien l’inverse. Les Symfonisk dépassent ainsi
le simple meuble-enceinte en nous plaçant comme architectes
d’intérieur de l’espace sonore. Louis Dandrel, journaliste, docteur
en musicologie et fondateur de l’unité de design sonore à l’Ircam,
a beaucoup travaillé sur cette réappropriation de l’espace
et du son au sein de l’habitat. « Toute architecture, tout lieu génère
un ou plusieurs espaces sonores par sa volumétrie, sa matérialité
et ses utilisations, rappelle-t-il. Repenser l’intégration sonore comme
un élément de design, au même titre que la matière, la couleur
ou la forme, transforme la perception de l’espace et l’expérience
d’écoute ne se focalise plus sur le contenant. Grâce aux nouvelles
technologies, chacun va pouvoir se créer son propre design
sonore privé. » Et éclairer son bureau par la même occasion.ikea x SonoS
kit de Son