Trax N°223 – Été 2019

(C. Jardin) #1

54 PAUSE


FUTURES


OF


LOVE


Par la rédaction Présentée aux Magasins Généraux du 21 juin


au 20 octobre 2019, l’exposition Futures of Love
anticipe le devenir du sentiment amoureux
et de la sexualité à l’ère des nouvelles technologies,
de l’intelligence artificielle et de la fluidité des genres.

Il est toujours intéressant de s’intéresser aux préjugés pour mieux
les retourner. Ça, Anna Labouze et Keimis Henni l’ont bien
compris. L’année dernière, ces deux commissaires d’exposition
exploraient l’univers du football avec Par amour du jeu 1998-2018,
qui rassemblait 38 artistes internationaux autour de ce sport
profondément populaire, dans le cadre de la première saison
d’expositions des Magasins Généraux à Pantin. L’occasion pour
les visiteurs de découvrir que bien loin de n’être qu’un simple
jeu sans profondeur, le football est avant tout un phénomène
de société, un prodigieux objet d’étude et une véritable source
d’inspiration pour les artistes. Cette année, Anna Labouze
et Keimis Henni persévèrent dans cette voie avec l’exposition
Futures of Love et s’attaquent à la thématique souvent stéréotypée
de l’amour. Plus particulièrement à ses évolutions à venir.
« Au début, en pensant au futur de l’amour, nous allions
naturellement vers quelque chose de très dystopique, un peu façon
Black Mirror, décrit Keimis Henni. On imaginait une société
du matching dans laquelle les gens ne feraient l’amour qu’avec
des robots. Mais plus nous creusions le sujet, plus nous réalisions
que nous étions partis avec énormément d’a priori. À la fin, notre
projet est devenu l’inverse : une ode à l’amour. Évidemment,
les nouvelles technologies vont avoir leur influence, mais elles
ne vont pas conditionner tout le reste. Aucun algorithme ne peut
nous obliger à aimer. » Au contraire, Futures of Love est prétexte
à une profonde réflexion sur le sentiment amoureux et pose
une question simple : quel amour voulons-nous pour demain?

Pour répondre, l’exposition se découpe en huit chapitres
qui se suivent naturellement. Un parti-pris novateur pour
Anna Labouze et Keimis Henni dont les autres projets
fonctionnent généralement sans parcours. « Nous voulions
réfléchir ici sur l’idée du labyrinthe. C’est quelque chose
qui résonne avec les thématiques de l’amour et de la sexualité,
qui renvoie à la figure du Minotaure, aux méandres du plaisir
et de la libération amoureuse. C’est le passage d’une œuvre
à l’autre qui créé le fil d’Ariane », détaille Keimis Henni.
Le visiteur évolue donc en huit étapes au sein d’un corpus
allant de l’amour calculé, celui de la drague sur internet
et des rencontres sur appli (le chapitre Computed Love), au principe
d’un amour universel (le chapitre Infinite Love) capable
de dépasser la mort, l’espace et le temps. Un parcours poétique
et remarquablement prospectif – autant dans sa thématique
que dans les œuvres et les jeunes artistes mis en avant – dont
on ne peut que ressortir changé, libéré des doutes et des angoisses
qui nous habitent dès qu’il s’agit d’évoquer les sujets croisés
de l’amour et de l’avenir. Qu’on se rassure : le futur sera rose.

Futures of Love, du 21 juin au 20 octobre 2019
aux Magasins Généraux, à Pantin
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