Trax N°223 – Été 2019

(C. Jardin) #1

74 PAUSE


House minimale et electroclash


Au début des années 2000, la musique électronique est à un
tournant. La French Touch s’éteint lentement. Faute de mieux,
les gros clubs montpelliérains tournent encore sur la house
et la techno de ces années 1990 qui se clôturent. Une vague
venue d’Allemagne est pourtant en train d’apparaître avec deux
courants forts. D’un côté, la house minimale, aux teintes pop,
avec notamment les productions des labels Kompakt et BPitch
Control, et de l’autre, l’electroclash, plus noire et new wave,
menée par International Deejay Gigolo Records. Les jeunes DJ’s
résidents du Bar Live vont imposer ces deux styles qui ne sont
nulle part ailleurs à Montpellier. À l’époque – quand Internet
se déploie à peine et que streamer la musique n’est encore
qu’un vœu pieux – le club est l’endroit idéal pour découvrir les
sorties de la semaine. Le Bar Live apporte un nouveau souffle,
un nouveau son. « C’était un lieu avant-gardiste, une révolution
pour une petite ville comme Montpellier! », s’enthousiasme
Olivier Dalle, un ancien client. Pour réussir à convertir le public
du Bar Live, les DJ’s résidents ont leur recette. Dès l’ouverture


du club, à 5 heures, le mix démarre doucement, avec de la deep
house, avant de monter crescendo, jusqu’à 13 heures. Comme
un ascenseur émotionnel qui emmène le public au plus haut,
avec un peak time aux alentours de 10 heures. « À cette heure-
là, la foule était alors survoltée, surexcitée, se souvient Miss
Airie. Et nous, derrière les platines, on avait des frissons! »
Comme souvent avec les afters, le public du Bar Live est
composé de jusqu’au-boutistes pour qui se coucher n’est pas
une option. « On ne savait pas à quoi ils avaient carburé, alcool
ou drogue, mais il fallait les accompagner dans cette nouvelle
“soirée ” », raconte Greg Delon. Au milieu de cette population
mélangée et infatigable, on trouve des jeunes fêtards, des
étudiants, des actifs, plus ou moins vieux, des hétéros, des
gays, des échangistes, des drag queens et même, à certaines
occasions, de jeunes mariés en tenues de noces. « Contrairement
à beaucoup d’autres afters, l’ambiance au Bar Live n’avait
vraiment rien de sordide », commente Alain Zahonero. Après
des heures dans la pénombre et les lights colorées du club,
le soleil méditerranéen cogne dur quand vient le moment
de rentrer se coucher. Ou de filer s’écrouler sur la plage.
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