Trax N°223 – Été 2019

(C. Jardin) #1

90 record


leS nouveautéS écoutéeS par...



  1. peder Mannerfelt – « sissel & Bass
    (onscreenActor remix)» (peder Mannerfelt)
    Issu du maxi Sissel & Bass 4 Ever, sorti le 21 juin
    J’ai joué beaucoup de morceaux de Mannerfelt au fil des années.
    C’est un artiste que j’admire, mais je ne veux pas non plus
    acheter aveuglément chacun de ses disques. Il alterne entre
    des choses très expérimentales et de la techno « big room ».
    Ce disque-ci appartient plutôt à la seconde catégorie et ce n’est
    pas un compliment. Enfin, ça aurait pu être pire. J’aime
    les effets sonores de ce morceau, mais si je devais le jouer
    en live, il faudrait le rendre plus pointu en jouant d’autres sons
    sur les deux autres platines en même temps – j’ai commencé
    à utiliser trois platines il y a environ dix ans. Pour moi, ce sont
    vraiment des instruments, elles permettent de réarranger
    la musique afin de la faire entrer dans mon univers.

  2. Dj jM – « ray Mound » (nervous horizon)
    Issu du maxi No Days Off EP, sorti le 21 juin
    J’aime ce son froid et très percussif. On sent que ça n’est
    pas « juste » fait pour plaire au public. J’apprécie aussi
    les influences industrielles. Je n’avais jamais entendu parler
    de DJ JM, je me demande quel est son parcours musical.
    Souvent, les disques que j’apprécie ne viennent pas
    de producteurs de dance music. J’ai commencé à acheter
    des disques très jeune, en 1977. Principalement du punk et du dub.
    L’ère du post-punk de la fin des 70’s, début des années 80,
    a eu un grand impact sur ma manière de penser la musique.
    C’était un moment très créatif, tout semblait possible. Il n’y
    avait aucune règle et la musique la plus excitante était créée
    par des « non-musiciens » ou des débutants. Ne pas trop
    se préoccuper des règles et des formules qui marchent, ignorer
    les attentes, c’est une démarche à laquelle j’adhère aussi.

  3. Africa Express ft. otim Alpha,
    Gruff rhys – « taranau » (Africa Express)
    Issu de l’album Egoli, sorti le 5 juillet
    J’ai beaucoup d’admiration pour Otim Alpha. L’année
    dernière, je l’ai vu jouer plusieurs fois au Nyege Nyege Festival
    à Jinja en Ouganda, où je suis résidente. Il passait sa dance
    music rapide et catchy, mais il jouait aussi de la musique
    « traditionnelle avec d’autres artistes de la “scène” africaine ».


dJ


marcelle


Par DJ Marcelle Dix nouvelles sorties, vues et entendues


par une artiste d’expérience. la dadaïste des platines
Dj Marcelle, riche d’une collection de 20 000 vinyles,
jette son exigeant regard sur la pêche du jour.

Ce son-là est assez doux, tout en restant suffisamment brut.
Toute musique devrait avoir une certaine authenticité,
être faite par nécessité plutôt que par conformité.
Je me demande bien à quoi ressemble le reste de l’album!


  1. Muslimgauze – « kaliskinazure - Momada » (staalplaat)
    Issu de l’album Babylon Is Iraq, sorti le 15 juin
    Fantastique! Muslimgauze est l’une de mes plus grandes
    inspirations. Je suis fière de pouvoir dire que je possède tout
    ce qu’il a sorti, en vinyle et en CD – et je n’achète presque jamais
    de CD ! Vingt ans après sa disparition, de nouveaux disques
    sortent encore, même si les plus récents sont principalement
    constitués de remixes et des prises alternatives. Apparemment,
    il lui arrivait de livrer six versions d’un même album à son label.
    Son usage des sons, rythmes et samples est unique. On peut
    déjà déceler les traces du dub, de la techno et d’autres bizarreries
    électroniques dans la plupart de ses travaux, parfois même
    avant que ces genres ne deviennent populaires. Un vrai génie,
    malheureusement sous-estimé et incompris par certains
    qui l’ont – à tort – qualifié d’antisémite. Il était opposé
    à l’occupation des territoires palestiniens et c’est une cause
    que je comprends, quelle que soit la complexité de la situation.

  2. Chloé feat. Alain Chamfort – « Androgyne
    (Flavien Berger remix) » (lumière noire)
    Issu du maxi Endless Revisions Remixes, sorti le 21 juin
    Ce n’est pas trop pour moi. Je trouve cela « surproduit ». Il leur
    a certainement fallu beaucoup (trop ?) de temps pour faire
    ce morceau. Et c’est trop mainstream, trop calibré, ça manque
    de prises de risques. Quand j’entends des tracks comme
    celui-ci, je me souviens du regretté Mark E. Smith, le leader
    du groupe post-punk The Fall. Il n’aimait pas les « musiciens ».
    Je crois comprendre ce qu’il voulait dire par là. Ce sont
    des gens qui restent trop souvent dans leur zone de confort.

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