Trax N°223 – Été 2019

(C. Jardin) #1

98 record


Votre dernier film?
Apocalypse 2024. L’histoire est nulle, les acteurs sont mauvais,
les images sont fantastiques. C’est une œuvre post-apocalyptique
complètement absurde. Ça m’a fait un peu penser au Dernier
Survivant, un film néo-zélandais avec lui aussi un jeu d’acteur
horrible et des visuels dingues. Je peux apprécier un film
uniquement pour cet aspect. Cet attrait pour les images me vient
sans doute de 2001, l’Odyssée de l’Espace de Kubrick, Blade Runner,
Terrence Malick... Chez eux, les histoires sont très bonnes aussi,
mais c’est avant tout visuellement que c’est époustouflant.


Votre dernier livre?
Les Douze de Justin Cronin. C’est un livre hollywoodien... mais
un très bon livre hollywoodien! Cet énorme pavé de près
de 800 pages est le second tome d’une saga de vampires post-
apocalyptique. Dans 5 ans, c’est sûr, ce sera adapté au cinéma dans
un immense blockbuster. Je suis vraiment passionné par ce type
d’univers. J’ai vu tous les films, lu tous les livres du genre, j’ai joué
à Fallout, The Last of Us... Je trouve ça tellement intéressant de voir
des gens errer sans but. À notre époque, on a plein de contraintes :
se lever le matin, aller au travail, etc. Mais quand il n’y a nulle part
où aller, tu ne fais que marcher. C’est super romantique. Je n’ai
jamais vu ces univers comme quelque chose de catastrophique,
mais plutôt comme un monde fantastique, un rêve. Je ne veux
pas penser à ce qui a dû se passer avant pour en arriver là.


Votre dernière nuit en club?
Mon dieu, c’était il y a très longtemps... Je ne m’en rappelle
même pas. Je n’aime pas du tout aller en boîte. Je joue dans
les clubs donc aller là-bas pour danser, c’est pratiquement comme
si j’allais au travail. Quand j’étais plus jeune et que je jouais
au Panorama Bar, j’adorais aller au Berghain et y rester
quatre heures à écouter Marcel Dettmann. Maintenant, je suis
plus branché concerts. Le dernier live que j’ai vraiment adoré,
c’était Sunn O))) dans une église. C’était super fort et noisy.


andré


bratten


Par Gil Colinmaire Dernières questions


à un artiste de premier rang.


le dernier mot de...


Le dernier son qui vous a marqué?
J’ai entendu un faucon qui volait en cercle sur la colline
où j’habite. Il passait autour de moi, et au-dessus de l’eau,
ça créait un écho de dingue. Tu as déjà entendu des aigles dans
des films? Le cri est presque le même, c’est vraiment puissant.
Ça m’a marqué, mais ce n’est pas quelque chose que j’ai l’habitude
d’enregistrer. C’est rare que j’aie mon appareil sur moi dans
ces situations. Quand je fais du field recording, je sais à l’avance
où je vais aller et ce que je vais enregistrer. La dernière fois, c'était
dans une forêt d’érables. Ils étaient très jeunes et fins et bougeaient
différemment avec le vent. J’avais placé 16 microphones
à la cime des arbres, donc ça soufflait dans toutes les directions.
On avait vraiment l’impression d’être au cœur du vent.

Votre dernier rêve?
Je me suis réveillé avec le piano de mon nouveau titre
« Commonwealth » en tête. J’entends souvent de la musique
en dormant, surtout la minute juste avant de m’endormir
totalement. À ce moment-là, l’esprit est complètement hors
de contrôle et le subconscient prend le dessus. Ce très court
laps de temps peut être vraiment fou, surtout quand je n’ai
pas beaucoup dormi pendant une longue période. Les mélodies
m’apparaissent sous forme de passages. C’est comme si j’étais
drogué, mais sans drogue. Si je suis vraiment fatigué, je peux
déclencher volontairement cet état en restant éveillé. Je ne suis
pas sûr que ce soit très sain, mais c’est très stimulant.

Le producteur norvégien André Bratten sort son troisième album
Pax Americana, le 28 juin sur Smalltown Supersound. Entre rythmes
syncopés, nappes planantes et inspirations Detroit electro, le disque
offre une synthèse des multiples sonorités explorées dans sa carrière.
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