VSD N°2141 – Août 2019

(Brent) #1

M


ais moi aussi j’en veux du
homard ! Quand je vois des
journalistes de renom
évoquer du bout des lèvres
(la pudeur sans doute...) ces dîners
de l’hôtel de Lassay, du temps où
François de Rugy sévissait au per-
choir de l’Assemblée nationale, ça
me donne grand faim. Piqués les
pognes dans les rince-doigts en
argent massif de la République par
Plenel et sa bande, mes confrères me
libèrent tout de suite de mes com-
plexes. La déontologie en sautoir
(c’est comme pour le sport ou le
sexe, le plus on en parle, le moins on
le fait !), ils ont répondu présents en
son temps à l’invitation du troisième
personnage de l’État et, roulement
de tambourin et pluie de paillettes,
de son épouse, journaliste dans un
grand hebdo people glamour... Ça,
c’est Gala ! Que voulez-vous, on fait
un métier de contact.
Et si, passé 50 ans, un éditorialiste
n’a pas été convié aux soupers fins
de Lassay, il a raté sa carrière jour-
nalistique. C’est mon cas. Oh, ni par
déontologie, ni en vertu d’une quel-
conque morale... La preuve, même
une bonne choucroute à Saint-Cloud
avec Papy Le Pen, en écoutant l’inté-
gralité du catalogue discographique
de la Serp, son ancienne maison de
disques, je prends ! Je suis prêt à
tout. Ah, je sais... C’est pas joli, joli,
mais tellement humain. Saint Jean-
Michel Aphatie, priez pour moi !
Je veux moi aussi faire preuve
d’abnégation et endurer à mon tour
le pensum que représentent de tels
dîners républicains. Fastueux ?

VOYONS! C’ÉTAIT POUR


LE TAF. LE BOULOT!


LE CHAGRIN! PAS DU TOUT


CE QUE L’ON CROIT.


PAS DU TOUT JOUISSIF...


Voyons, laissez-moi rire ! Comme
l’expliquent si bien ces talentueux
confrères, c’était pour le taf. Le bou-
lot ! Le chagrin ! Pas du tout ce que
l’on croit. « Studieux », « profession-
nel  », et ce ne sont pas quelques
pattes de homards ni des gorgeons
de Mouton Rothschild ni même des
godets de Cheval Blanc qui suffi-
saient à rendre l’exercice jouissif.
Ah, non ! Détrompez-vous ! C’était
même limite chiant. À un point tel
que certains s’en souvenaient à
peine. Ou alors très, très vaguement.
On est loin des dîners à la Marie-
Antoinette décrits par les médisants.
On a cru voir Lady Gala, et on était
chez Mère Teresa !
L’une des invités allant même jusqu’à
souffler un merveilleux : « Et Séve-
rine est allergique aux fruits de mer ! »
Tout comme son époux, qui a cru
bon lui aussi d’énumérer piteuse-
ment la liste de ses intolérances
alimentaires avec, en tête de peloton,
le désormais fameux homard et le
caviar, tant qu’à y être...
La crise d’urticaire géante n’a pour-
tant gagné que le bon peuple de
France. Une allergie bien réelle,
celle-là, au « faites ce que je dis, pas
ce que je fais » terriblement macro-
nien, qui a finalement été fatale à feu
notre ministre d’État en charge de
l’Écologie. Aussi sûrement qu’un
œdème de Quincke peut avoir la
peau d’un allergique à l’avalage de
couleuvres. Auront-ils du moins
pensé à envoyer quelques brioches
au Restos du cœur pour se faire
pardonner ? À défaut de pain, c’est
bien la brioche... Non ? J. N.

ÇA SUFFIT!


ANADOLU AGENCY/AFP

PAR JEAN NEYMAR

HOMARD L’A TUER!


26 - N° 2141

Humeurs

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