M
ouhamadou a l’air
blagueur et volontaire.
Il a ce sourire joyeux
des bonnes âmes qui
siff lotent en travail-
lant. Cramponné au
volant de son petit pick-up vert de la
Propreté de Paris, il trace au milieu
de la place de l’Étoile pour rejoindre
une avenue qu’il doit balayer au plus
vite. Comme tous les samedis depuis
quelques semaines, la manifestation
des Gilets jaunes est passée, laissant
derrière elle son lot de débris. Arrivé
à destination, l’éboueur bondit de son
siège. Dans la caisse arrière, son balai
ébouriffé est planté vers le ciel comme
un étendard de sorcière. Mouhama-
dou s’en saisit et rejoint ses camarades
qui caressent déjà l’asphalte en ca-
dence. « En faisant ce travail, je me sensvraiment utile, explique-t-il sans
perdre sa bonne humeur. J’aime bien
passer à des endroits que j’ai nettoyés,
et voir que c’est propre. Lorsque je rentre
chez moi, je suis fatigué, mais fier. » La
nuit est tombée. Cet homme de 34 ansa pris son service à 12 h 30. Il ne
rentrera pas chez lui avant 21 h. Car
après treize années passées au service
de la Propreté de Paris, il a intégré
la Fonctionnelle. Installée dans le
20 e arrondissement près du boulevard
Mortier et aux ordres de la Préfecture
24 heures sur 24, « la Fonc’ », ainsi que
la surnomment ses membres, est la
force d’intervention rapide de la Pro-
preté. Cette unité à part est systéma-
tiquement envoyée sur les coups durs,
là où l’espace public a subi une dégra-
dation et nécessite une remise en cir-
culation urgente. La Fonctionnelle
n’est jamais loin de la police et des
pompiers, sur les lieux des désastres,Intervenir après un attentat
ou une défenestration, c’est
psychologiquement difficile
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