Afrique Magazine N°395-396 – Août-Septembre 2019

(Marcin) #1
AFRIQUE MAGAZINE I 395-396 – AOÛT-SEPTEMBRE 2019 105

F


leurondu ciel africaindans
les années 1990 et 2000,
South African Airways
(SAA) est en chute libre
depuis une décennie. La compagnie
aérienne, qui emploie 11 000 salariés,
est au plus mal. SOS pour SAA.
Dernier avatar, la démission, le
11 juillet 2019, pour des « raisons
personnelles », de Johannes Bhekumuzi
Magwaza, le président depuis deux
ans du conseil d’administration. Elle
suit le départ surprise du directeur
général, Vuyani Jarana, un mois plus
tôt. Réputé pour avoir conduit avec
succès le redressement des activités
de Vodafone en Afrique, ce dernier
était arrivé en homme providentiel,
fin 2017, pour redresser la compagnie
affaiblie par des années de scandales
de corruption, de mauvaise gestion
et d’interventionnisme de l’État. En
juin dernier, Vuyani Jarana avait jeté

l’épongeavecfracas.C’estla directrice
des opérations, Zuks Ramasia, qui
assure l’intérim. Dans sa lettre de
démission, ce dernier fustigeait l’État :
« Son manque d’engagement dans
le financement de la SAA compromet
systématiquement la mise en œuvre
de la stratégie, ce qui rend de plus en
plus difficile sa réussite », attaque-t-il.
« Nous avons pu obtenir un financement
d’urgence de 3,5 milliards de rands
(225 millions d’euros) auprès de
banques locales en guise de crédit
relais.C’estce qui nousa permis
de fonctionnerde décembre 2018
à ce jour.Ce financementseraépuisé

en juin 2019 », concluait-il, désarmé.
Avec près de 50 avions, la SAA
possède l’une des flottes les plus
importantes du continent, mais la
compagnie croule sous une énorme
dette, qui a conduit à une sévère
réduction de son réseau. Difficile
de faire décoller l’activité dans ces
conditions. Le transporteur sud-
africain n’a pas annoncé de bénéfices
depuis 2011 et cumule une dette de
9,2 milliards de rands (591 millions
d’euros).
Au cours de l’exercice 2017-2018,
celui-ci a enregistré une perte record
de 5,7 milliards de rands (366 millions
d’euros). Elles devraient encore s’élever
à 5,2 milliards de rands (334 millions
d’euros) au cours de l’exercice 2019
et à 1,9 milliard (122 millions d’euros)
en 2020. Selon le plan de relance établie
sous Vuyani Jarana, la société a besoin
de 21,7 milliards de rands (1,4 milliard
d’euros) pour retrouver l’équilibre
d’ici 2021.
Mais depuis 2012, l’ex-première
compagnie aérienne du continent
a déjà coûté 30 milliards de rands
(1,9 milliard d’euros) aux contribuables
sud-africains. Mi-juillet, le ministre des
Finances, Tito Mboweni, dévoilait une
liste d’entreprises publiques, dont SAA,
qui bénéficieront du soutien du compte
de « réserve pour imprévus » de l’État.
Mais il a aussitôt précisé : « Nous ne
pouvons pas considérer un soutien
gouvernemental supplémentaire comme
un chèque en blanc. » Et puis, qui
nommerà la tête de la compagnie? Les
candidatsne se pressentpas. En dix ans,
SAAa vu passerneufDG.■J.-M.M.

South African


Airways en apnée


La compagnie aérienne sud-africaine cumule les pertes
depuis dix ans. Peut-elle encore rebondir?

Zuks Ramasia a été promue
directrice générale par
intérim, le 10 juin dernier.

SIPHIWE SIBEKO/REUTERS - DR


Avec près de 50 avions,
la SAA possède l’une des flottes les plus
importantes du continent.
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