Afrique Magazine N°395-396 – Août-Septembre 2019

(Marcin) #1
AFRIQUE MAGAZINE I 395-396 - AOÛT-SEPTEMBRE 2019 29

Intégrité territoriale


LA QUÊTE INABOUTIE :


les provinces du Sud


restent un enjeu majeur.


C


’était la priorité absolue du nouveau roi. Et elle l’est
toujours vingt ans plus tard : « l’intégrité territoriale
du royaume » n’est toujours pas accomplie. Le statut
du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole
reste en suspens au sein de la communauté internationale. À
l’avènement de Mohammed VI, la situation du conflit opposant
le Maroc au Polisario, mouvement indépendantiste réclamant
l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, était déjà
largement enkystée. Pour les deux partis, reculer était déjà
devenu impossible. Le Polisario, désavantagé par le rapport
de force, jouait sa survie tandis qu’au Maroc, Hassan II avait
fait reposer l’union nationale sur la cause Sahara occidental.
Dès lors, si le Maroc et le Polisario ont accepté le principe d’un
référendum en 1999, cela fait déjà une dizaine d’années qu’ils
sont incapables de se mettre d’accord sur l’étendue du corps
électoral. L’une des premières décisions de Mohammed VI,
dans ce contexte, sera de refuser, en 2003, le Plan Baker qui
prévoyait l’organisation du fameux référendum après une large
période d’autonomie sous administration onusienne.
Le 11 avril 2007, pour tourner la page d’un si long conflit,
le royaume propose aux Nations unies une « initiative pour
la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du
Sahara ». Il s’agit implicitement de reconnaître la souveraineté
du royaume sur ses provinces du Sud tout en accordant à la
région un large degré d’autonomie. Une proposition qui ne
passera pas. Parallèlement, les investissements sont specta-
culaires. Laâyoune et Dakhla s’imposent comme des centres
urbains à part entière. Le tourisme y fait même son apparition.
Malgré le poids financier que cela représente pour le pays,
l’opinion publique reste soudée. Mais sur place, les tensions
sont parfois vives, et la question juridique demeure entière sur
la scène internationale. Le Maroc et l’Union européenne ont été
amenés à renégocier leur accord commercial pour qu’il puisse
s’appliquer aux provinces du Sud. Face à l’impatience de la
nouvelle administration Trump lassée de financer vainement
la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référen-
dum au Sahara occidental (Minurso), le Maroc et le Polisario
ont accepté de revenir en décembre 2018, puis en mars 2019
à la table des négociations, sous l’égide de l’ex-président alle-
mand Horst Köhler. Des pourparlers en suspens après la démis-
sion inattendue de ce dernier, le 22 mai. Et pour le Maroc,
« reprendre les négociations, c’est finalement repartir à zéro »,
explique la politologue Khadija Mohsen-Finan. ■ J.C.

National

2001 2007 2014

Urbain Rural

15,3

8,9
4,8

7,6

25,1

14,4

9,5
4,9
1,6

Taux de pauvreté (seuil national)

Source : note sur l’évolution de la pauvreté et des inégalités au Maroc,
Haut-Commissariat au plan.

Source : Banquemondiale.

[...] soit une baisse de 11,5 % pour les communes ayant bénéficié
de ces actions à partir de 2005, 10,9 % pour les communes qui
n’ont commencé à en bénéficier qu’en 2011, et 9,5 points pour les
communes non ciblées », répond le HCP dans une récente étude.
L’initiative est cependant accusée de « clientéliser » en
quelque sort les populations bénéficiaires. « L’INDH est avant
tout une démarche caritative. Ces subventions maintiennent
en réalité une relation d’assistance et de dépendance, qui entre-
tient l’idée que la pauvreté est une fatalité », accuse Abdelaziz
Messaoudi, membre de Transparency Maroc. À l’inverse, elle a
également poussé les populations locales à s’organiser en asso-
ciation pour bénéficier de ses subsides.
Pour la politologue Mounia Bennani-Chraïbi, cette initiative
a ainsi involontairement donné à la population de nouvelles
ressources organisationnelles pour revendiquer et défendre
ses intérêts. En dépit de ces limites, l’INDH reste un symbole
des bienfaits de l’action publique voulue par le roi. L’an dernier,
Mohammed VI a donc lancé la troisième phase du programme et
annoncé l’engagement de 18 milliards de dirhams supplémen-
taires d’ici 2023, en axant particulièrement les interventions sur
la petite enfance et l’insertion des jeunes. ■ J.C.

68 ans
73 ans

76 ans

1998 2008 2016

Évolution de la pauvreté

Espérance de vie dans le pays

SHUTTERSTOCK

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