Afrique Magazine N°395-396 – Août-Septembre 2019

(Marcin) #1
30 AFRIQUE MAGAZINE I 395-396 - AOÛT-SEPTEMBRE 2019

ÉCLAIRAGE


Éducation MALGRÉ DE GRANDSMOYENS,


le secteurreste loin des espérances.


E


n prenantles rênesdu pouvoiren 1999,Moham-
medVI a héritéde la Chartenationalede l’éducation
et de la formation,projetlancépar son père.Elle
aboutit,quelquesmoisplus tard,à la publicationd’un
texteoù s’énoncent,entreautres,des objectifstrès ambitieux:
généraliserles inscriptionsen premièreannéede primaire
d’ici 2002et en premièreannéede préscolaired’ici 2004,et par-
venird’ici 2015à l’éradicationquasi-totalede l’analphabétisme.
Le nouveaumonarqueen fait sa deuxièmepriorité,aprèsla
luttecontrela pauvreté,et lancealorsla «décenniede l’éduca-
tion ». Depuis,les effortsn’ontpas manqué: un programmed’ur-
gencea mêmeété mis en placeentre 2009 et 2012,moyennant
une rallongebudgétairede 33 milliardsde dirhams(3 milliards
d’euros).Aujourd’hui,les dépensespubliquespar élèvedu pri-
mairereprésententencore19,3% du PIB par habitant,classant
le Marocparmiles paysdontl’effortfinancierest le plusélevé.
Ces engagementsmajeursn’ontcependantportéque de maigres
fruits.La scolarisationdes élèvesde primaireest certespassée
de 78 % en 2001à 99 % en 2017,selonle ministèrede l’Éduca-

tion nationale, mais l’abandon scolaire fait encore des ravages.
Selon le Haut-Commissariat au plan, en 2014, 41,9 % des
enfants étaient sans instruction, et 4,8 % étaient analphabètes.
Au centre des préoccupations, la qualité de l’enseignement
public largement décrédibilisé, de sorte que le recours à l’ensei-
gnement privé est devenu un réflexe pour toutes les familles
dès qu’elles peuvent se le permettre. Signe de cette défiance des
parents, la part de l’enseignement privé a quadruplé, passant
de 4,2 % en 1999 à 16,7 % en 2017, selon le Conseil supérieur
de l’enseignement.
Dans un tel contexte, la réforme de l’éducation reste un
chantier permanent. La dernière évolution en date donne lieu à
un affrontement entre élus et palais royal. Le Conseil supérieur
de l’éducation, rattaché au roi, a proposé une réforme préconi-
sant notamment l’enseignement des matières scientifiques et
techniques en langues étrangères. Au Parlement, les représen-
tants du PJD (islamiste) et du parti Istiqlal (nationaliste) restent
opposés, au nom de la prééminence de l’arabe, à la loi-cadre,
adoptée le 22 juillet dernier. ■ J.C.

La réforme de l’enseignement supérieur est l’un des autres défis
du royaume. Ici, à l’école nationale d’architecture de Rabat.

PATRICK FORGET/SAGAPHOTO
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