Afrique Magazine N°395-396 – Août-Septembre 2019

(Marcin) #1
32 AFRIQUE MAGAZINE I 395-396 - AOÛT-SEPTEMBRE 2019

ÉCLAIRAGE


Énergies


C’EST LA GRANDE


RÉVOLUTION,


cap sur le soleil


et le renouvelable.


relations stratégiques, le Maroc n’en cherche pas moins, ces
derniers mois, à diversifier ses partenariats, tant au niveau
géopolitique qu’au plan économique. » En juillet 2016, lors du
27 e sommet de l’Union africaine (UA) à Kigali, il annonce par
une lettre adressée aux chefs d’État son souhait de réintégrer
l’organisation. Il rompt ainsi avec la politique de la chaise vide
initiée par son père, trente-deux ans plus tôt, après l’adhésion
de la RASD à l’OUA (ancêtre de l’UA). Le royaume chérifien se
positionne depuis comme un leader régional au carrefour entre
l’Europe et le continent. Il se pose en modèle de développement ;
joue de sa diplomatie sécuritaire, religieuse, mais aussi de ses
phosphates. Même si elle est relativement plus diversifiée, l’éco-
nomie ne permet pas, néanmoins, d’imposer un vrai leadership.
Et les échanges commerciaux du Maroc avec l’Afrique restent
encore limités. Ce qui n’empêche pas de garder le cap.
Le roi voyage activement au sud du Sahara, montre un réel
intérêt pour cette nouvelle aire d’influence. Il s’intéresse à l’art,
à la culture, aux gens. Et les initiatives de rapprochements diplo-
matiques et économiques ne manquent pas, notamment avec le
Nigeria et l’Afrique du Sud. Il y a aussi la demande d’intégration
à la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique
de l’Ouest), ce vaste marché commun en construction. En dépit
d’un accord de principe et d’un intense lobbying, le contrat n’est
pourtant toujours pas conclu, en raison de la crainte suscitée par
la concurrence des entreprises marocaines. Qu’à cela ne tienne,
le pays a fièrement adhéré au traité créant la toute nouvelle
Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), adoptée
le 7 juillet 2019, lors du 33e sommet de l’UA à Niamey. La volonté
politique est donc totale, prônant partout « les racines africaines
du royaume ». Sans pour autant emporter l’adhésion immédiate
des Marocains, qui se sentent avant tout maghrébins et arabes.
Le dernier exemple en date est la finale de la Coupe d’Afrique
des nations, au Caire, pendant laquelle leur cœur penchait plus
pour le grand rival algérien que pour le Sénégal, pourtant allié
stratégique politique majeur du royaume. ■ J.C.

S


i le Maroc s’est contenté de répondre, au début des
années 2000, à la demande électrique croissante en
déployant des centrales thermiques à gaz et à charbon,
en 2008, alors que le monde plonge dans la crise éco-
nomique, le bilan est alarmant. La consommation électrique a
augmenté de 91 % en dix ans, tandis que la capacité de produc-
tion n’a progressé que de 32 %. À la dépendance au charbon
s’ajoutent alors les importations d’électricité d’Algérie et d’Es-

pagne,qui atteignent18,8% de la consommationélectrique.
À la mêmeépoque,l’Allemagne fait la promotiondu projet
Desertec,imaginantl’importationpar l’Europed’uneénergie
solaireproduitemassivementdansle désertdu Saharapar les
Étatsdu Maghreb.
Dansce contexte,le roi lance,le 2 novembre2009,le projet
intégréd’énergieélectriquesolaire: cinqcentralesd’unecapa-
cité totalede 2000 mégawatts(MW)à construired’ici2019.
Depuis,celui-cin’a cesséd’évolueret de prendrede l’ampleur,
s’étendantbientôtà toutesles énergiesrenouvelables.Quand
l’inaugurationde la toutepremièrecentralesolaire,NoorI, a
lieu en décembre 2016 prèsde Ouarzazate,l’objectifest alors
que les énergiesrenouvelablesatteignent42 % de la capacité
électriqueinstalléeen 2020et 52 % en 2030.
À un an de la premièreéchéance,NoorI, avecses 160 MW,
est l’uniquecentralesolairepleinementopérationnelle,tandis
que six autressonten coursde constructionpouratteindre
645 MWsupplémentaires.En maidernier,le développement
de NoorMideltI, pour800 MW,a été attribuéau consortium
menépar EDFRenouvelables,Masdaret Greenof Africa.Dans
l’éolien,dontl’exploitation,contrairementau solaire,remonte
au tout débutdes années2000,le Maroccomptedéjà850 MW
de capacitéinstalléeavec,notamment,un parcde 300 MWà
Tarfaya.Plusieursautrescentralessontégalementen coursde
développementpourplusde 850 MW.Le secteurde l’énergie
hydrauliquea, lui, été développédès l’indépendance,à l’initia-
tive d’HassanII dansle but,avanttout,d’augmenterl’irriga-
tion.Les nombreuxbarragesont ainsiune capacitéthéorique
de 1770 MW.Quelquesprojetsdevraientpermettrede com-
pléterle chiffreafind’atteindreles 2000 MWvisésdansles
prochainesannées.■J.C.

Noor I, la plus grande centrale solaire au monde selon les autorités.

FADEL SENNA/AFP
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