Afrique Magazine N°395-396 – Août-Septembre 2019

(Marcin) #1
Lubero,réputéepourle dynamisme de
ses commerçants et entrepreneurs : des
immeubles de six étages maximum, coif-
fés de multiples toits pointus.
Ce modèle architectural, qui pro-
viendrait de Tanzanie, a fait des petits à
Kinshasa. Bien évidemment, les Nandes,
qui prospèrent un peu partout dans le
pays, ne sont pas les seuls promoteurs
congolais dans la capitale. Des projets
de grand standing, comme Pool Malebo,
vers Maluku, ont été réalisés ou sont en
cours de construction au-delà de l’aéro-
port. En dehors d’une poignée de nan-
tis qui peut accéder à ces logements de
grand standing – des îlots de richesse
dans un océan de pauvreté –, pour la
grosse majorité des Kinois, se loger reste
un immense défi. Difficile en effet pour
ces derniers, qu’ils soient propriétaires ou
locataires, de retaper leur maison, faute
de moyens. Seuls des cadres moyens, du
secteur public ou du privé, et des ensei-
gnants peuvent se permettre d’acheter
un terrain à la périphérie de Kinshasa,
au-delà de l’aéroport ou à la sortie sud de
la capitale,dansle quartierMitendi.La
plupartfontappelà des tâcheronspour
construire leur maison.Les nouvelles
bâtisses s’égrèneraient jusqu’à Kasan-
gulu,dansla provincedu KongoCentral.
D’unemanièregénérale,à l’exceptiondes
quartierschics,le bâti est fait de bric et
de broc,fautede pland’urbanismeet de
contraintesarchitecturales.Un héritage
des régimesprécédents.Dansles quar-

tiers récents, l’urbanisation désordonnée
et l’absence de lotissements rendent le
quotidien difficile. Le manque d’eau et
d’électricité – une constante depuis des
années à Kinshasa – devient ainsi plus
problématique dans ces lieux.

UN BESOIN DE GRANDS PROJETS
Des solutions pour augmenter l’offre
énergétique sont à l’étude. Elles sont le
fait de sociétés privées, le secteur de l’élec-
tricité ayant été libéralisé. Pour preuve,
le projet de construction d’une centrale
hydroélectrique sur les rapides de Kin-
suka, à fleur du fleuve Congo, lancé par
Great Lakes Energy en partenariat avec
Power China. « L’offre de la SNEL [Société
nationale d’électricité, ndlr] à Kinshasa
est de 500 MW, et le déficit de plus de
600 MW. En réalité, nous avons besoin
d’environ 1 800 MW et d’une électricité
de qualité », informe Yves Kabongo, le
président du fonds d’investissement KBG
Capital. La capacité de la future centrale

À part pour


une poignée


de nantis,


se loger reste


un immense


défi pour


la majorité


de la


population.


Le complexe résidentiel Le Mirage
de la Funa, habité par une riche
clientèle congolaise et étrangère.

Selon l’Unicef, plus
de 20 000 enfants
errent dans les rues
de la capitale.

ALFREDO FALVO/CONTRASTO-REA - DR


AFRIQUE MAGAZINE I 395-396
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