Afrique Magazine N°395-396 – Août-Septembre 2019

(Marcin) #1
AFRIQUE MAGAZINE I 395-396 – AOÛT-SEPTEMBRE 2019 87

suffrages exprimés, selon la Commission
électorale nationale indépendante (Ceni).
Et parmi eux, certains ne mettent pas
en doute la volonté du nouveau chef de
changer les choses dans le bon sens.
Quant à la vague anti-Balubas, qui
avait enflé après les élections, elle a
perdu de sa vigueur. À intervalles régu-
liers, les Balubas, une ethnie majoritaire
dans les Kasaï – à laquelle appartiennent
les Tshisekedi–, font l’objetde rejets.On
leur attribuediversmaux(tribalisme,
volontéd’hégémonie,etc.).Des craintes
infondées,réactivéesà l’arrivéede Félix
Tshisekedià la tête du pays.Puis,au fil
des jours,les peursont perdude leur
acuité.Le plusimportantétaitde barrer
la routeà EmmanuelRamazaniShadary,
le poulaindu présidentsortantJoseph
Kabila,qui a régnésur la RD Congode
2001 à 2018,maisqui, sousla pression
populaire,n’a pu se concocterun troi-
sièmemandat.ToutsaufShadary,telle
étaitla convictiondu plus grandnombre!
Néanmoins,les Kinoisn’ontpas donné
carte blanche au nouveauprésident.
«On observeFélixet, danscinqans,aux
prochainesélections,on voterapourou
contrelui, en fonctionde son bilan», sou-
ligneThérèse,une jeuneKinoise.Ainsi,
qu’ilsaientvotépourTshisekediou pour
Fayulu,toussontd’accordpourpour-
suivreles marchescitoyennes,afinde
fairepasserdes messagesaux autorités.
«Il faut que la sociétécivilemaintiennesa
pressionsur les institutionspourimposer
une bonnegouvernanceet exigerl’appli-
cationstrictedes droitshumainset du
droitdes affaires», insisteAl Kitenge.Les
exigencesportentaussisur davantagede
débatscitoyenspourinformer,réfléchir,
êtreà l’initiativede propositions,et ne
plus laisserla paroleaux seulspoliticiens.

DESLOISIRSAUBEAUFIXE
Les Kinoisne seraient plus kinois
s’ils avaient renoncé à la musiqueet
aux ambiancesfestives.Aprèsla longue
période préélectorale tendue, durant
laquelleil étaitpérilleuxde sortirla nuit,
le divertissementa reprisses droits,avec
une préférencepourles discothèqueset

les barsavecterrasses.Les plus en vogue
sont le StaffTchetche,le Température40°
et le Dosd’âneà Lemba,le Margareth
Airwaysà MontNgafula ou encorele
MétroBar à Bandal,qui ne désemplissent
pas de 19 heuresà l’aube.
Dansle domainemusical,plusieurs
changementssontnotables.Si les têtes
d’afficherestentFallyIpupa,FerréGola,
Werrason,ZaïkoLanga-Langaet Koffi
Olomidé, une nouvelle générationde
vedettesdéfieles grands: RobinioMun-
dibu, DJ DidaMaster, DJ Amaroula,
GazMaweteou Innoss’B.Le ndombolo
n’a certespas (encore)été détrôné,mais
une musiqueurbaine,mélangede R’n’B
et de hip-hop,émerge.Des choralesreli-
gieusesde bon niveaus’imposentaussi.
Et la tendanceest à la créationde sortes
de maisonsde productionchapotéespar
les grands.Ainsi,Olomidéa crééle label
KoffiCentralet FallyIpupaproduitdes
artistesvia F Victeam.
Les parissportifs, nouveaugagne-
paindes sans-emploiet des faiblesreve-
nus,sonten pleineexpansion.En tête
du phénomène,la firmeWinnerqui a
installé,dansnombrede quartiers,des
agencesreconnaissablespar leurfaçade
peinteen bleu.Les parisen lignese déve-
loppentaussi. Et la marcheainsi que
la gymnastiqueen sallesont d’autres
hobbies qui s’étendentdans les quar-
tierspopulaires.
Le football,quantà lui, attireles jeunes
de 7 à 17 ans.Pourpreuve,depuis2016,
Kinshasaabritela deuxièmeacadémiede
foot au mondeavec1000 adhérents,der-

rièrecellede Qingyuan,en Chine,qui en
aligne2600.Son centred’entraînement,
voletcommercialdu projetUjana,dont
l’AthléticClubUjanaa formédes footbal-
leurscélèbrescommeLemaMabidi,est
situéà deuxpas du stadeTataRaphaël,
à Matonge.
Sont également très tendance les
barbichetteset les tenuesaux couleurs
vivesinspiréesdes habitsde scènedes
musiciensbranchés,les collantsslimet
les minijupespourles demoiselles,et
les tatouageset piercingspourles deux
genres.Bienévidemment, les réseaux
sociauxne sont pas étrangersà ces modes,
qui fontvibrerla jeunessede la belle,
rebelle,créativeet abyssaleKinshasa.■

Une nouvelle génération émerge, dont Robinio Mundibu (à droite),
proche de Fally Ipupa (à gauche).

Les Kinois


ne seraient


plus kinois


s’ils avaient


renoncé


à la musique


et aux


ambiances


festives.


JOHN BOMPENGO

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