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ELLE LIVRES
POUR FINIR LES VACANCES,
ON VOUS INVITE À UN MARIAGE
ÉPATANT, C’EST DE SAISON!
MARIAGE
POUR TOUTES
Ringardisé par le recul du religieux, ragaillardi par le
combat pour le mariage pour tous, le mariage est
aujourd’hui moins une institution sociale qu’un incontournable de la
pop culture. Quel parfait décor dramatique que cette journée où
deux familles s’unissent symboliquement autour d’un couple plein
d’espérances, où deux mondes se rencontrent dans une mise en
scène dont il est difficile d’oublier la dimension quasi tribale. À son
tour, l’Américaine Jamie Weisman s’attaque au genre éculé du
roman pièce montée, mais prend rapidement ses distances avec le
jour J. Articulé autour d’un couple dont on n’apprendra finalement
rien, son récit choral se lit plutôt comme un recueil de nouvelles, qui
regarde le rêve américain du point de vue de la communauté juive
d’Atlanta, cette ville du Sud « où les descendants de Scarlett O’Hara
se portent comme des charmes et continuent de pourrir la vie aux
disgraciés, aux exclus et aux opprimés ». En sept monologues (plus
un chapitre final ambigu et mystique), « Nous sommes aujourd’hui
réunis » creuse l’articulation complexe entre réussite sociale et
bonheur individuel, vernis du succès et réalité des doutes. Albert, le
grand - père de la mariée, est cloué dans un fauteuil roulant suite à un
AVC ; Steven, l’ancien beau gosse du lycée promis à un brillant
avenir, a été rattrapé par la maladie mentale ; Carla, jeune assis-
tante d’un acteur hollywoo-
dien, est affublée d’une tache
de naissance qui lui mange
la moitié du visage ; Rachel,
née en Allemagne dans les
années 1930, est hantée par
le souvenir des camps de
concentration... À ses person-
nages tourmentés, déçus et
combatifs, Jamie Weisman a
la générosité de prêter des
pensées toujours profondes,
leur rendant leur intériorité,
au - delà des rôles qui les enfer-
ment. Vue ainsi, chaque exis-
tence a des airs de roman.
« NOUS SOMMES AUJOURD’HUI
RÉUNIS », de Jamie Weisman,
traduit de l’anglais par Catherine
Richard-Mas (Actes Sud, 331 p.).
PAR CLÉMENTINE GOLDSZAL
