00 XXXX 2019
ELLE.FR 43
ELLE MAG / PHÉNOMÈNE
au côté de son père : « Je ne comprends pas toutes
les références propres à l’ époque, mais ce n’est pas
très important. Je pleure de rire à chaque fois que
j’entends la chanson de Phoebe “Tu pues le chat“. »
Pour la génération d’avant, même verdict : « Friends »,
c’est rire bêtement devant une série intelligente.
ELLE N’EST PAS
MORALISATRICE
« Au bureau, je suis sous pression, alors, quand je
rentre chez moi, j’ai envie de me détendre plutôt
que de me plomber avec “The Handmaid’s Tale“! »
déclare Delphine, 32 ans. Une bonne raison pour
opter plutôt pour un bon vieux « Friends » qui vous
veut du bien, dénué de problématique anxiogène
et qui n’a pas son pareil pour vous vider la tête.
D’ailleurs, en avril dernier, une étude du psycho-
logue anglais Marc Hekster soulignait ses bien-
faits, à commencer par la diminution de l’angoisse :
« Voir un problème résolu à chaque fin d’épisode est très apaisant
pour un téléspectateur anxieux. » Il poursuit en expliquant : « “Friends“
est basée sur la nature relationnelle des personnages. Leur amitié
profonde calme le cerveau, rassure et aide à chasser le stress. »
Effectivement, ne pas savoir qui, de Joey ou Chandler, va gagner au
baby-foot, est parfois un cliffhanger suffisant.
ELLE FAIT ÉCHO AUX MILLENNIALS
Pas de sexe (ou très peu... Monica et Chandler à Vegas, summum de
l’érotisme! ), pas de violence, pas de drogue, pas de suicide, même
pas un petit braquage? À première vue, « Friends » n’a pas de quoi
affoler un post-adolescent. Et pourtant, la passion est là! Car ici,
comme dans les teen-séries récentes, la rupture avec la génération
précédente et l’amitié comme seule religion sont les deux valeurs
cardinales. Confirmation de Donna A ndréolle, professeure spécia -
liste des séries américaines et auteure de « Friends. Destins de la
génération X » (éd. PUF) : « C’est une série pionnière qui montre la
crise de la génération X coincée entre leurs parents baby-boomers
et la génération Y. Elle rompt avec les très eighties et familiales
“Dallas“ ou “Dynastie“. Ici, les parents sont quasi inexistants,
ou alors ils sèment le trouble dans le groupe. Cet te rébellion
contre les agissements des adultes parle aux jeunes
d’aujourd’hui. » À ceux qui, par exemple, lèvent le
poing pour sauver le climat.
ELLE EST VISIONNAIRE
« Homophobe, « sexiste », « trop naïve », « trop
blanche »... La sitcom qui n’a jamais fait une vague
(si ce n’est capillaire, souvenez-vous du raz de marée
de la coupe Rachel !) au siècle dernier, fait
aujourd’hui régulièrement l’objet de critiques, de
polémiques, voire de bad buzz sur les réseaux
sociaux. Et pourtant, à bien y regarder, nos « Friends »
n’étaient parfois pas si vieux jeu : Phoebe a été la
mère porteuse de son frère ; le père de Chandler
est transsexuel ; l’ex-femme de Ross, Carol, est
devenue lesbienne, elle s’est mariée et élève leur
fils avec sa nouvelle compagne. N’en jetez plus, la
coupe de l’inclusivité est presque pleine!
ELLE EST INSPIRANTE
D’abord ultra-populaire (nommée à plus d’un titre
aux Emmy Awards dès l’année suivant sa création),
puis culte (qui n’a jamais prononcé le « Oh-my-
god! » de Janice, l’ex de Chandler ?), « Friends » a
récemment pris un tournant quasi branché. Outre
les faux Central Perk qui fleurissent partout dans le
monde et attirent des hipsters nostalgiques, les
marques se sont aussi emparées du phénomène. Il
y a quelques mois, les mastodontes H&M, Zara et
Tally Weijl ont sorti concomitamment une collection
de sweats et de T-shirts floqués du logo « Friends ».
De leur côté, Asos et Urban Outfitters ont lancé des mugs « Central
Perk », et, aux Émirats arabes unis, Ikea a entièrement recréé, pour sa
campagne « Real Life Series », le célèbre salon de Monica...
ELLE OFFRE UN MODÈLE D’AMITIÉ
On a toutes rêvé de la bande de Carrie, Charlotte, Samantha et
Miranda de « Sex and the City »... Sauf que, backstage, nos idoles ne
pouvaient pas se voir en peinture. À l’opposé, les acteurs de « Friends »
ont réussi le miracle de ne pas tomber dans une guéguerre des ego.
Que c’est bon de voir sur Instagram les trois copines réunies pour
l’anniversaire de Courteney Cox, ou un Matt LeBlanc venu soutenir
son pote Matthew Perry sur scène dans sa pièce de théâtre! Tout cela
donne foi en l’amitié, selon Kelsey Miller, auteure de « I ’ll Be There for
You », qui sortira en novembre (éd. HarperCollins) : « Les téléspecta-
teurs adorent quand les frontières entre réalité et fiction sont floues. En
voyant les comédiens si proches dans la vie, cela leur permet d’ima-
giner que l’histoire qu’ils regardent est vraie, authentique. » Avec « I’ll
Be There for You », chanson du générique, « Friends » honore, depuis
1994, la promesse d’amitié éternelle faite à ses spectateurs. ■
LEUR AMITIÉ
PROFONDE
CALME
LE CERVEAU,
RASSURE ET AIDE
À CHASSER
LE STRESS.
MARC HEKSTER,
PSYCHOLO GU E
T-shirt H&M
Cahier et
tasse Asos.
« Rachel
Green 80s »
Funko
Mug
isotherme.
