Les Echos - 20.08.2019

(vip2019) #1
conçus pour capter principalement
les entreprises américaines qui réus-
sissent », a-t-il souligné. Une petite
trentaine d’entreprises devraient
payer la taxe Gafa, dont une majo-
rité sont, de fait, américaines.
Le lobby de l’informatique améri-
caine, le CCIA, a repris les déclara-
tions à l’A ssemblée de Bruno Le
Maire pour montrer que l’intention
française e st de cibler les Gafa, et pas
le numérique. En pleine mobilisa-
tion des « gilets jaunes » en décem-
bre, le ministre de l’Economie et des
Finances disait vouloir « remédier à
cette injustice qui fait qu’aujourd’hui,
nos PME et nos TPE paient 14 points
de plus que les géants du numéri-
que ». Plusieurs groupes, dont Goo-
gle, mettent en cause l’étude de la
Commission européenne qui mon-

trait que l’écart de taxation était de
14 points. Google affirme, dans son
argumentaire, payer un taux effectif
d’imposition supérieur à 23 % sur
les dix dernières années.

Mise en conformité
Amazon, de son côté, a critiqué le
fait que cette taxe porte sur l e chiffre
d’affaires, et non sur le bénéfice, ce
qui fait que « même les entreprises
déficitaires doivent la payer ». Le
groupe a annoncé une hausse de
3 % de ses frais au 1er octobre et pré-
venu que 10.000 PME françaises
vendaient par le biais de sa plate-
forme. Facebook, pour sa part, a
insisté sur le fait qu’il devra faire
face à des coûts de mise en confor-
mité pour recueillir les données
nécessaires au paiement de la taxe.

groupes américains perçoivent
cette taxe comme un frein aux
négociations en cours à l’OCDE sur
de nouvelles règles fiscales interna-
tionales, alors que, côté français,
elle est vue comme un moyen de
pression pour faire avancer le pro-
cessus. « Les pays sont en train de
négocier une allocation mondiale des
droits à imposer. Il est malheureux
que la France, leader dans le proces-
sus à l’OCDE, suive désormais une
approche unilatérale », a déploré
Gary Sprague, l’avocat de Baker &
McKenzie qui défend plusieurs
géants de la tech, parmi lesquels
Airbnb, Microsoft ou Twitter.
« En apparence neutre, le champ
de cette taxe sur les services numéri-
ques et le seuil de chiffre d’affaires
[750 millions d’euros, ndlr] ont été

« La taxe sur les services numériques
s’applique à une nouvelle assiette
basée sur la localisation de l’utilisa-
teur », a expliqué Alan Lee, son
directeur fiscal.
Cette agitation autour de la taxe
française peut surprendre, dans la
mesure où plusieurs pays (Autri-
che, République tchèque, Grande-
Bretagne, Espagne) affichent des
intentions similaires. Parmi les
grands Etats européens, seule
l’Allemagne était réticente par
crainte de rétorsions sur son sec-
teur automobile. « Dans l’audition
d’aujourd’hui, il n’est pas unique-
ment question de la taxe numérique
française. Il s’agit d ’empêcher le déve-
loppement à grande échelle de taxes
unilatérales », a avancé l’Itic, qui
représente la tech américaine.n

Ingrid Feuerstein
@In_Feuerstein


Trois semaines après la promulga-
tion de la loi, la taxe Gafa n’a pas
encore terminé sa course d’obsta-
cles juridiques. En pleine montée
des tensions commerciales, l’admi-
nistration Trump a lancé une inves-
tigation sur les effets de la taxe de
3 % sur le chiffre d’affaires des
géants du numérique, tout en lais-
sant planer la menace de mesures
de rétorsion contre le vin français.
Un dossier qui devrait être au cœur
des échanges au G7 à Biarritz à la fin
de la semaine.
En attendant, le bureau du repré-
se ntant américain au Commerce a
tenu lundi une audition pour
recueillir les réactions à la nouvelle
taxe française. Les commentaires
ont été unanimement négatifs... à
l’exception de ceux de l’Afep, seul
représentant d’intérêt localisé en
France à s’être exprimé.


Un moyen de pression pour
faire avancer le processus
L’inquiétude face à d’éventuels
droits de douane sur les importa-
tions françaises ressort dans les
arguments avancés par le lobby
français. L’Association, qui défend
les intérêts des grands groupes tri-
colores, a invité l’administration
américaine à recourir à une procé-
dure d’arbitrage devant l’OMC et à
considérer le caractère temporaire
de cette taxe, dans l’attente d’un
accord international à l’OCDE. On
constate par cette audition que les


FISCALITÉ


Le représentant
américain
au Commerce a tenu
lundi une audition sur
la taxe française sur les
services numériques.


Les commentaires des
géants du numérique
ont été unanimement
négatifs.


La taxe Gafa soulève une avalanche

de critiques outre-Atlantique

L’administration Trump laisse planer la menace de mesures de rétorsion contre le vin français. Photo Brendan Smialowski/AFP

Bonne nouvelle pour les
familles, le coût de la rentrée ne
progresse cette année que de
0,17 % en moyenne, selon l’étude
de la Confédération syndicale des
familles (CSF). Mais avec de gros-
ses différences selon les classes.
« La question de la modulation de
l’ARS demeure plus que jamais
d’actualité. Elle est très insuffisante
pour couvrir l es besoins, en particu-
lier pour le lycée et plus encore pour
le lycée professionnel », estime
la CSF.

Conditions de ressources
Cette année, les parents allocatai-
res recevront donc 368,84 euros
pour les élèves de 6 à 10 ans,
389,19 euros pour les 11-14 ans, et
402,67 euros pour les 15-18 ans.
Comme chaque année, le verse-
ment de l’ARS se fait sous condi-
tion de ressources.
Les revenus des familles ne doi-
vent pas dépasser un certain
palier : 24.697 euros pour un
enfant à charge, 30.396 euros
pour deux enfants à charge,
36.095 euros pour trois enfants à
charge, et dont les enfants de 6 à

18 ans sont scolarisés ou en
apprentissage. Pour chaque
enfant supplémentaire le plafond
est relevé de 5.699,00 euros.
Aucune démarche n’est néces-
saire pour les élèves de moins de
16 ans. Les parents doivent rédiger
une déclaration sur l’honneur
pour confirmer que leurs enfants
âgés de 16 à 18 ans sont scolarisés.
—T. C.

(355,43 euros) et de 5,58 % en
classe de 6 e (361,32 euros). Princi-
pale raison de l’augmentation,
selon la CSF, l’achat d’équipements
sportifs. A cet âge, les enfants gran-
dissent rapidement et les parents
doivent parfois leur racheter du
matériel. Par ailleurs, les adoles-
cents réclament généralement des
vêtements de marque qui font gon-
fler l’addition, souligne la confédé-
ration. En CM1 et CM2, la hausse de
2,89 % s’explique par les mêmes
raisons.

Baisse pour l’entrée en CP
Au l ycée et a u cours préparatoire, l a
situation s’inverse. Le coût de la sco-
larité baisse de 3,64 % en seconde
générale pour s’élever à
389,09 euros, contre 403,79 euros
l’année dernière. « Les familles sont
plus attentives à réutiliser le matériel
de l’année précédente » et « de moins
en moins enclines à des achats super-
flus », souligne l’étude. Au CP, le
coût de la scolarité (159,12 euros)
baisse de 3,97 %, après avoir aug-
menté de 10,64 % l’année dernière,
parce que les « familles dépensent
moins sur le poste des fournitures »,
détaille la CSF.
Si les parents parviennent à réu-
tiliser du matériel, les listes de
fournitures dressées par les éta-
blissements restent longues.
L’étude publie par exemple la liste

de matériel nécessaire à un élève
de CE1 d’une école de Canteleu
(Seine-Maritime). Sont demandés
pas moins d’une cinquantaine
d’articles, dont 12 c rayons à
papier HB, 10 tubes de colle ou
encore 5 stylos à bille bleus.
Autre problème, selon la CSF,
ces listes sont bien souvent incom-
plètes. Elles ne prennent pas en
compte les tenues de sport, ou le
matériel informatique nécessaire
dès la 6e, qui « impactent considéra-
blement le budget des familles »,
notamment celles les plus en diffi-
culté économique.

Le poids du numérique
Si l’Etat a décidé de cofinancer avec
les départements les équipements
numériques dans les collèges, des
disparités subsistent. Pour pallier
ce manque, le gouvernement pro-
pose aux collégiens d’apporter leur
propre matériel : une dépense de
plus à assumer pour les familles,
selon la CSF. Sans compter qu’il faut
bien souvent ajouter l’achat d’une
clef USB, un abonnement à Internet
ou encore une imprimante. Pour
répondre à ces nouvelles dépenses,
la confédération demande la prise
en charge des équipements numé-
riques nécessaires à la scolarité, au
même titre qu’elle revendique la
gratuité des manuels scolaires.
— T. C.

La hausse est contenue. Après avoir
baissé l’an passé, le coût de la scola-
rité augmente d e 0,17 % cette année,
selon l’étude annuelle de la Confé-
dération syndicale des familles
(CSF) publiée ces jours-ci. Cette évo-
lution n’est toutefois pas homo-
gène. Certaines classes voient le
prix de la rentrée largement aug-
menter, alors que l’allocation de
rentrée scolaire (ARS), versée ce
mardi aux ménages modestes, n’a
été revalorisée que de 0,3 %.
Mauvaise nouvelle pour les
parents de collégiens après deux
années de baisse, le coût de la sco-
larité bondit au collège. Elle pro-
gresse de 7 % en classe de 4e


ÉDUCATION


Selon l’étude annuelle
de la Confédération
syndicale des familles
(CSF), la rentrée
scolaire coûte 0,17 %
plus cher cette année.


Les vêtements de sport
pèsent sur le budget
des familles
tandis qu’elles
économisent
sur les fournitures.


Très légère hausse du coût de la rentrée scolaire


L’aide versée aux familles modestes


est à peine revalorisée


Maigre coup de pouce pour les
familles aux revenus modestes.
L’allocation de rentrée scolaire
(ARS), versée c e mardi à 3 millions
de familles pour l’achat de carta-
bles et autres fournitures, a été
revalorisée de 0,3 %, soit nette-
ment moins que l’inflation, qui a
atteint 1,1 % en juillet sur douze
mois, selon les derniers chiffres de
l’Insee.
L’ARS fait partie des prestations
sociales que le gouvernement a
décidé l’an dernier de sous-in-
dexer par rapport à la hausse des
prix pour faire des économies.
L’enveloppe globale consacrée à
l’ARS s’est élevée à 2,031 milliards
d’euros en 2018, soit 0,9 % de plus
qu’en 2017.

L’allocation de rentrée
scolaire (ARS) est versée
ce mardi à 3 millions
de familles aux revenus
modestes. Elle n’est
revalorisée que de 0,3 %
par rapport à l’an dernier,
alors que l’inflation
a atteint 1,1 % en juillet
sur douze mois.

« Les pays sont
en train de négocier
une allocation
mondiale des droits
à imposer. Il est
malheureux que
la France, leader
dans le processus
à l’OCDE, suive
désormais
une approche
unilatérale. »
GARY SPRAGUE
Avocat de plusieurs géants
de la tech

Les chiffres clefs


159 , 12


EUROS
Le coût de la scolarité au CP,
en baisse de 3,97 %.

355 , 43


EUROS
Le coût de la scolarité
en classe de 4e, en hausse
de 7 %.

FRANCE


Mardi 20 août 2019Les Echos

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