Les Echos - 20.08.2019

(vip2019) #1

24 // Mardi 20 août 2019 Les Echos


// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2 .350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3 .377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.635,3 milliards d’euros (au 12-08-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,58 en juin 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8 ,5 % au 4e trimestre 2018
// Dette publique : 2 .322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

=
Les chiffres de l'économie

crible


Perles et pékinologues


L’ histoire boursière de HSBC résiste,
malgré sa relation spéciale avec Hong Kong.

« Il est aisé de trouver une armée mais difficile de trouver un bon
général. » HSBC n’a pas fait mentir le proverbe chinois, début août,
en montrant la porte à son patron, John Flint, sans annoncer le nom
de son successeur. Ce coup de balai dans la « C-suite » aurait pu avoir
au moins la vertu de faire vite remonter son étoile auprès des princes
rouges, ternie par l’arrestation de la directrice financière de Huawei
Meng Wanzhou. Des pékinologues sur la brèche en doutent désor-
mais vu son absence de la liste des 18 établissements retenus pour
participer à la réforme de la fixation des taux du crédit orchestrée par
la banque centrale, à la différence de Standard Chartered. La majorité
de son bénéfice avant impôt vient pourtant de l’Asie (78,8 % au pre-
mier semestre), et plus précisément de Hong Kong (51 %) et de Chine
continentale (12 %), même si son siège social n’a pas été rapatrié de
Londres. Vu les tensions politiques à l’embouchure de la rivière des
Perles, ce n’est pas forcément un handicap pour l’histoire boursière
immédiate. HSBC résiste mieux que la moyenne européenne depuis
le début de l’année (–2,8 % contre –5,1 %), et son action reste mieux
valorisée (à 0,9 fois les fonds propres) que celles de ses consœurs
britanniques. Le « board » n’en devra pas moins aider les investisseurs
mondiaux à décrypter l’avenir de cette relation si spéciale avec l’ex-ter-
ritoire britannique, vieille de plus de cent cinquante ans, en plus de
leur présenter sa nouvelle recrue.

Double sens


Il n’est jamais trop tard pour vivre avec son temps. Les 181 grands
patrons américains de The Business Roundtable qui se disent dési-
reux de mettre fin au principe de primauté de l’actionnaire (« share-
holder primacy ») pour mieux gérer leur entreprise dans l’intérêt de
toutes les parties prenantes sembleront, pour beaucoup de leurs
concitoyens, avoir découvert l’eau chaude. Il se confirme que les
« licornes » de la Silicon Valley, avec leur arrogante habitude de se
fixer pour mission de tout changer pour mieux faire le bonheur de
leurs concitoyens, ont donné un coup de vieux au courant de pensée
incarné par le prix Nobel Milton Friedman, celui de la « shareholder
value ». Si c’est un moyen pour ces CEO de mieux résister à la tenta-
tion de se contenter d’une gestion purement dédiée à la maximisation
à court terme du bénéfice par action, c’est tant mieux. Car les investis-
seurs boursiers ont vu, avec Boeing et General Electric, que cette
pression pouvait se payer durement, par la suite. Ils se demanderont
néanmoins comment seront effectuées la hiérarchie des priorités et
l’évaluation des patrons chargés d’un spectre d’objectifs aussi large.
L’un des sujets les plus délicats et controversés de la gouvernance
d’entreprise est celui de la fixation des bons critères de rémunération
des dirigeants. Il faut espérer que ce nouveau sens donné à l’objet des
entreprises ne le rendra pas encore plus inextricable. Et c’est aux
« boards » et non aux patrons de le traiter.

Le patronat américain essaie de voir plus loin que le bout de son bénéfice par action.


CHAQUE MOIS,


CONNAISSANCE


DESARTS


FAIT DE VOUS


UN EXPERT


EN KIOSQUE DÈSAUJOURD’HUI

Embellie à la Bourse de Paris



  • Le CAC 40 commence la semaine
    comme il avait terminé la précé-
    dente, dans le vert. L’indice a fini en
    hausse de 1 ,34 % l undi, à
    5.371,56 points. Le volume d’échan-
    ges, de 2,9 milliards d’euros, est
    néanmoins resté faible.
    En cause, l’espoir retrouvé des
    investisseurs, qui s’attendent à des
    mesures de soutien à l’économie.
    Outre-Rhin, le gouvernement envi-
    sage de débloquer 50 milliards
    d’euros en cas de récession. Aux
    Etats-Unis, on attend un geste du
    président de la Fed, Jerome Powell,
    dans son discours de vendredi. Sur
    le front de la guerre commerciale, la
    promesse de reprise des négocia-
    tions par le principal conseiller éco-


nomique de Donald Trump, Larry
Kudlow, dimanche, a rassuré.
Du côté des valeurs, l ’ensemble de
l’indice a terminé dans le vert, à
l’exception de Pernod Ricard, qui a
décliné de 0,63 %. Les pétroliers ont
bondi : TechnipFMC a pris la t ête d u
CAC 40, en hausse de 4,29 %, et
Total a gagné 2,12 %. De même pour
les titres cycliques, dont Arcelor-
Mittal, qui a grimpé de 3,62 %. Le
luxe, sensible au marché chinois, a
profité de l’apaisement de la guerre
commerciale. LVMH a gagné 2 ,41 %,
Kering 1 ,31 % et Hermès 1,22 %.
Hors du CAC 40, Dassault Sys-
tèmes a augmenté de 0,59 %. Il a
annoncé finaliser l’acquisition de
l’américain Medidata Solutions.

O


n ne verra peut-être plus sa glabre bouille
juvénile au gouvernement italien : Luigi Di
Maio, leader du Mouvement 5 étoiles, est
poussé hors du gouvernement par son sulfureux
homologue à la barbe hirsute, le quarantenaire Mat-
teo Salvini qui dirige la Ligue d’extrême droite. Pour-
tant, le couple p artageait d es goûts communs : pour le
jaune des gilets français, les idées antisystème et
populistes ou les attaques polémiques – « La France,
lance Di Maio en janvier, n’a jamais cessé de coloniser
des dizaines de p ays africains. » Mais le voilà submergé
par la popularité record de son r ival Salvini. En même
temps, pas facile de s’imposer quand on affiche tren-
te-trois ans et un CV maigrichon. Di Maio n’achève pas
ses études de droit et son job de « steward » au stade
de Naples l ui d onne un air plus dandy que gros dur. On
titille aussi ce fils d’enseignante sur ses approximati-
ves conjugaisons du subjonctif. Avec, en prime, un
père qui recrute au noir, le combattant de la corrup-
tion frôle la décrédibilisation. Il n’en savait rien, tente
de rattraper le père : Luigi n’est pas malhonnête. Au
pire, naïf. Et c’est pire, pour celui qui veut échapper à
son image de novice. Mais l’homme politique assure :
la coalition avec la Ligue a rendu son parti « plus
adulte ». Sauf que la Ligue demande le divorce. Avec
tous ces tracas, le jeune Di Maio finira peut-être par
afficher quelques rides.

Luigi Di Maio


EN VUE

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