Les Echos - 20.08.2019

(vip2019) #1

Classement de Shanghai des universités :


ce que doit faire la France pour progresser


Stéphane

Audras/RÉA

L


’édition 2019 du classement
de Shanghai vient donc de
tomber. Sans surprise, le
résultat est très stable compte tenu
du caractère très conservateur du
classement, f ondé p ar ailleurs s ur la
capitalisation des données. La
France est au sixième rang lorsque
l’on prend le Top 500 des universi-
tés. Et toujours très peu de grandes
écoles, hormis Normale sup’Ulm, y
figurent. Inquiétude tout de même
pour la France car, lorsqu’on élargit
aux mille premiers établissements,
l’Espagne et l’Italie nous devancent
désormais au nombre d’établisse-
ments dans le Top 1.000.
Pour atténuer l’impression de
stagnation des établissements
français, rappelons cependant
que le même classement de Shan-
ghai, par disciplines cette fois,
montre une excellente tenue des
établissements français, avec
notamment une première place
mondiale pour l’université de
Montpellier dans les sciences de
l’environnement.

Mais que de contresens dans les
commentaires médiatiques ou
venant de responsables universitai-
res et même ministériels! Les com-
mentaires qui reviennent en boucle
sont la taille, jugée trop petite, des
établissements français et la fai-
blesse des moyens.
Sur le premier point, rappelons
que la plupart des établissements
du Top 10 du classement de Shan-
ghai sont tous de très faible taille
par rapport à celle des établisse-
ments français. Stanford, seconde,
a un peu plus de 15.000 étudiants,
Caltech, cinquième, en a à peine
quelques milliers.
S’agissant des moyens, oui, les
établissements français sont très
loin derrière leurs principaux con-
currents, américains, européens et
chinois maintenant. Les établisse-
ments du Top 10 de Shanghai ont
infiniment plus de moyens que les
établissements français. Mais
l’honnêteté devrait conduire à dire
que, pour toutes les universités du
Top 10 de Shanghai, les moyens pri-

vés (frais de scolarité, dons de parti-
culiers et apports d es entreprises au
financement de la R&D) sont majo-
ritaires dans leurs ressources. Ce ne
sont pas tellement les ressources
publiques qui manquent aux éta-
blissements f rançais p our la
recherche, mais les ressources pri-
vées! Le président Macron le sait
bien, lui qui fut en 2007 un des
rédacteurs d’un rapport sur la valo-
risation de la recherche en France
dont les conclusions sont hélas tou-
jours d’actualité.
Que faire? Ne pas chercher le
gigantisme et le toujours plus gros
mais cesser de disperser nos
moyens de recherche publics et pri-
vés sur une multitude d’établisse-
ments, d’organismes de recherche,
d’universités et d’écoles, d’agences
de financement, et concentrer les
moyens de la recherche et de la
R&D sur une poignée d’établisse-
ments, comme c’est largement le
cas dans tous les pays comparables,
sans pour autant que dans ces pays
les établissements orientés vers la

LE POINT
DE VUE

de Bernard Belloc


mation de la recherche, de nom-
breux partisans y voient l’illusoire
garantie d’une pérennité de res-
sources publiques accrues (autre
illusion), alors que ce n’est pas tant
le niveau de la dépense publique
dans ce domaine que sa répartition
et son éparpillement qui posent
problème, comme le montrent tou-
tes les comparaisons internationa-
les. Et donnons à nos établisse-
ments les moyens de développer
massivement des ressources pro-
pres à travers leurs activités de for-
mation et la valorisation de leur
recherche.
Avec la politique de création
d’universités mammouths suivie
aveuglément depuis 2013 et les éter-
nelles pleurnicheries sur les
moyens publics dont manque-
raient nos établissements, nous ne
sommes pas près de simplement
tenir nos positions.

Bernard Belloc est président
honoraire de l’université
Toulouse-I Capitole.

formation ne déméritent : il suffit de
regarder les performances à l’inser-
tion professionnelle des Hochschu-
len allemandes, d es écoles supérieu-
res suisses, ou des innombrables
universités de formation anglo-

saxonnes, qui toutes répondent
parfaitement à leurs objectifs de for-
mation professionnelle de haut
niveau, et complètent ainsi effica-
cement les activités des universités
de recherche de leurs pays.
Quant à la future loi de program-

Ce ne sont pas
tellement
les ressources
publiques qui
manquent aux
établissements
français pour la
recherche mais les
ressources privées!

DANS LA PRESSE
ÉTRANGÈRE


  • D’ici à 2050, le nombre des plus de 60 ans risque
    d’atteindre le demi-milliard en Chine. Alors que la
    prise en charge des personnes âgées incombait initia-
    lement aux enfants, la politique de l’enfant unique,
    abolie en 2016, a réduit la taille des fratries. C’est une
    personne seule qui doit désormais assumer les deux
    parents, écrit le quotidien « South China Morning
    Post ». Une situation complexe, d’autant plus que les
    maisons de retraite, outre leur mauvaise réputation,


sont hors de prix pour beaucoup. Les seniors finissent,
pour la plupart, seuls et isolés. Pour faire face au
vieillissement de sa population, le pays mise donc sur
la technologie. Lanchuang Network Technology s’est
déjà emparé du marché. Lancée il y a tout juste quatre
mois, l’entreprise basée à Shandong propose un
ensemble de gadgets et de services permettant d’aider
au maintien de l’autonomie. Composé d’un assistant
vocal, d’une télévision équipée d’une webcam et d’une

box connectée, le service Lanchuang propose égale-
ment l’accès à un portail de télémédecine ainsi qu’à un
système d’appel d’urgence. Le tout pour un yuan par
jour (environs 13 centimes d’euros). Pour quelques
yuans supplémentaires, les utilisateurs peuvent égale-
ment bénéficier d’un service de ménage et de livraison
de repas ainsi que d’un robot de compagnie. Ces nou-
velles technologies, développées pour le maintien à
domicile des populations âgées, permettent de réaliser

des économies considérables, explique le quoti-
dien. L’objectif n’est toutefois pas de faire de l’argent
avec les clients, dont certains ne perçoivent que quel-
ques centaines de yuans par mois, mais d’offrir à terme
une alternative pouvant s’étendre à différents
pays. Pékin a subventionné la plate-forme Lanchuang
à hauteur de 22 millions de yuans. Active auprès de
220.000 personnes, l’entreprise prévoit d’atteindre les
30 millions d’utilisateurs d’ici à 2021. —S. F.

La technologie au service des seniors


06 // Mardi 20 août 2019 Les Echos


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