14 AOÛT 2019 L’ E X P R E S S 35
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l y a quelques années, dans la
France du XXe siècle, comment
appelait-on celle qui multipliait
les partenaires? Une fille facile.
Une allumeuse. Dans le langage
courant : une salope. En 2019, à
l’heure du féminisme triomphant,
comment la surnomme-t-on? Une
femme libérée? Une séductrice? Pas
du tout. On l’appelle toujours... une
salope. Pourtant, au cours de ces vingt
années, tout a changé : la révolution
numérique a bouleversé les modes de
rencontre, la facilité d’accès à la por-
nographie a banalisé la fellation ou la
sodomie, la parole féminine a com-
mencé de se faire entendre, les tabous
sont tombés les uns après les autres.
Aujourd’hui, les jeunes discutent
beaucoup plus facilement de sexe que
leurs aînés, ils posent sans fausse
pudeur des mots sur des pratiques,
l’égalité hommes-femmes a (un peu)
progressé, l’homosexualité est plus
naturellement assumée, et beaucoup
d’interdits n’en sont plus.
Il n’empêche : malgré ces vingt
années écoulées, les représentations
n’ont pas évolué. Se prévaloir de nom-
breuses conquêtes reste valorisant
pour un homme et suspect chez une
femme. Au moment de l’entrée dans
la vie sexuelle, les jeunes s’obstinent
à se moquer d’un garçon qui aspire au
FILADENDRON/ISTOCKPHOTOmariage ou à l’Amour avec un grand ALe porno, les sites
de rencontre,le cybersexisme :
la révolutionnumérique a peu
à peu bouleverséles pratiques
des moins de 30 ans.
Jusqu’à quel point?
Par Elise KarlinL
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