L\'Express - 14.08.2019

(Nandana) #1

66 L’ E X P R E S S 14 AOÛT 2019


économie


innovations


D


epuis le 2 août dernier,
227 passagers débarquent
trois fois par semaine à
l’aéro port de Nice en pro-
venance de Pékin, profitant de l’ou-
verture de la première ligne aérienne
directe entre les deux villes. Une
nouvelle clientèle de touristes qui ne
parlent bien souvent que le mandarin.
La start-up OuiSpeak vient d’installer
dans l’aéroport plusieurs bornes inter-
actives pour les aiguiller dans leur
langue natale. Elles leur permettent
de s’adresser à des
interprètes en chair et
en os, qui répondent à
leurs questions, à dis-
tance en visioconfé-
rence via une tablette.
Trois langues (chinois,
russe et japonais) sont
déjà disponibles, le

coréen et l’arabe devant bientôt com-
pléter la liste. Ce service s’étend aux
boutiques du centre commercial qui
sont situées à la sortie de l’aéro port et
permet de faire l’intermédiaire entre
le commerçant et le voyageur.
C’est d’ailleurs à destination des
commerces qu’Andrea Miglietta et
Valentin Effantin, les deux cofonda-
teurs de OuiSpeak, ont développé
cette formule en 2016. « Le plus gros
défi était de rendre un interprète dis-
ponible en quelques secondes, et ce à
n’importe quelle heure
de la journée », se rap-
pelle Andrea Miglietta.
Son frère Valentin
Effantin, diplômé d’un
master de négociation
internationale et inter-
culturelle, s’est servi de
son réseau pour faire

appel à une armée d’interprètes. Ils
sont plus de 160 aujourd’hui.
Moins d’un an après, la jeune
pousse a déjà convaincu une institu-
tion parisienne, le BHV-Marais, de
souscrire à sa solution, qui coûte 450 €
par mois aux entreprises. On retrouve
ainsi les tablettes dans une quin-
zaine de boutiques du grand maga-
sin, parmi lesquelles Longchamp,
Dior ou Chanel. « Les clients sont
ravis d’être conseillés dans leur langue.
Les premières études sur la solution
démontrent ainsi que 71 % des appels
passés depuis la plateforme abou-
tissent à une vente », avancent les
deux frères. Le genre d’argument qui
fait fondre le cœur des banquiers. B. Br

EN CHIFFRES



  • 5 000 appels sur
    les tablettes depuis
    septembre 2018
    -^ 160 interprètes
    -^ 21 000 euros
    remportés
    au concours
    Tourisme Innov


ANDREA MIGLIETTA
DU TAC AU TAC

Comment est née l’idée
de OuiSpeak?
Il y a deux ans, mon frère a été
le témoin d’un vol sur un couple
de Japonais. Pour qu’ils
puissent déposer leur plainte
et que lui puisse témoigner, il
a fallu attendre près de quatre
heures l’arrivée d’un traducteur.
C’est à la suite de ce malheureux
épisode que l’on a commencé
à réfl échir à des solutions.
Les traducteurs passent-ils
leur journée chez eux à attendre?
Non, ce sont des personnes
qui travaillent déjà souvent
à domicile via Skype pour
donner des cours, et se rendent
disponibles dès qu’ils reçoivent
un appel.
L’ouverture de la ligne aérienne
entre Pékin et Nice est donc une
sacrée opportunité pour vous...
En effet, mais l’aéroport de Nice
cherchait déjà des solutions
pour répondre aux vagues
toujours plus importantes
de touristes russes.
Vous envisagez d’ouvrir
des bornes à l’étranger
pour aider les Français?
Le but, c’est d’abord
d’introduire la langue anglaise,
plus universelle, et d’avoir
ainsi des interprètes qui soient
capables d’intervenir partout
dans le monde.

SDP

OuiSpeak


Un service d’interprètes


en ligne destiné


aux touristes


(^) Grâce aux tablettes que propose la start-up, les voyageurs
peuvent être mis en relation avec un traducteur
qui les épaule dans leurs achats ou leurs visites.
Par Bogdan Bodnar

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