L\'Express - 14.08.2019

(Nandana) #1

14 AOÛT 2019 LEXPRESS 71


avion de ligne – autour de 35 000 pieds
(10,67 kilomètres) –, il largue son
LauncherOne, précise Kendall Russell.
Puis le lanceur, doté d’un moteur à
propulsion classique – kérosène et
oxygène –, s’allume pendant trois
minutes afin d’atteindre l’orbite basse. »
La pertinence du système repose donc
sur sa simplicité et sur des technologies
éprouvées.
En novembre 2017, le vaisseau a
décollé avec son encombrant passager
pour la première fois ; début 2018, les
moteurs Newton étaient éprouvés sur
un banc au sol, dans le désert de Mojave
(Californie). Et Virgin Orbit a étendu
la taille de son usine (1 500 mètres
carrés) qui, aujourd’hui, compte plus
de 500 employés. Mi-juillet, un test
de largage a été effectué avec une
fusée remplie d’eau pour simuler les
conditions de poids. « Il était crucial
parce qu’il marque un tournant dans
notre programme de qualification
en validant définitivement le dispo-
sitif d’arrimage », poursuit Kendall
Russell. La prochaine étape passera
par une mission de mise en orbite.
Actuellement la société est entrée dans
la phase finale d’assemblage avec un
nouveau LauncherOne. « Une fois la
campagne d’intégration terminée
nous réaliserons une série de vérifi-
cations techniques. Et nous espérons
procéder au premier lancement
complet avant la fin de l’été », conclut
le porte-parole de Virgin Orbit.

Les fusées prennent l’avion


Richard Branson entend bien
commercialiser son joujou dès l’an-
née prochaine. Tarif catalogue :
12 millions d’euros. « Pour être
rentable, il faudra descendre un
peu en dessous de cette somme,
croit Jérôme Vila. L’équation est
simple : proposer un lanceur évo-
luant à une vitesse de 9 kilomètres
par seconde au prix d’une ou de
deux Formule 1. » Le LauncherOne
devra donc engranger les contrats
pour devenir une machine à cash. En
2020, Virgin Orbit compte réaliser
une douzaine de lancements, une
cadence qui augmentera par la suite
autour de 20 par an. « Nous assistons
à une démocratisation de l’accès à
l’espace où (presque) n’importe qui
peut envoyer un CubeSat, constate
Florence Gaillard-Sborowsky, de la
Fondation pour la recherche straté-
gique. Le marché des nanos et micro-
satellites est en plein boom, si bien
qu’il y a de la place pour de nouveaux
lanceurs, qu’il s’agisse de minifusées
ou de lancements aéroportés. » Les
différents programmes de constel-
lations de satellites pour connecter
tous les Terriens à Internet donnent
raison à la spécialiste : OneWeb veut
en déployer 650 d’ici à 2021, contre
300 pour Telesat. Mais, là encore,
les champions toutes catégories se
situent du côté des milliardaires de la
Silicon Valley. D’un côté, Jeff Bezos,
avec le Projet Kuiper, qui porte sur le
haut débit, espère lancer 3 336 engins
entre 590 et 630 kilomètres d’altitude ;
de l’autre, Elon Musk, via sa constel-
lation Starlink, promet de déployer en
orbite basse près de... 12 000 micro-
satellites de la taille d’une machine à
laver. Coût de l’opération : 10 milliards
de dollars. « De telles perspectives
attisent les convoitises et, selon nos
calculs, il existe aujourd’hui près de
144 projets de petits lanceurs en cours
de développement, ajoute Florence
Gaillard-Sborowsky. Une dizaine
seulement pourraient aboutir, dont
celui de Virgin Orbit, considéré
comme l’un des plus crédibles. »
Décidément, le New Space est un
univers impitoyable. B. D. C.

VIRGIN
Cosmic Girl, avion de
ligne spécialement
adapté, lancerait la
fusée LauncherOne.


VIRGIN
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