L\'Express - 14.08.2019

(Nandana) #1

90 L’ E X P R E S S 14 AOÛT 2019


burlesque de Quentin Dupieux,
ajoutez la poésie de Wes Anderson,
remuez bien et vous obtiendrez
Perdrix, l’une des plus belles
originalités du cinéma
français de ces derniers mois.
Le film d’Erwan Le Duc est une
merveille d’absurdité, où le rire
côtoie habilement l’émotion.

A ce titre, la scène dans la
discothèque au son d’un vieux
tube de Niagara a de quoi devenir
culte. La cerise sur ce bon
et beau gâteau décalé se nomme
Maud Wyler, trop souvent
abonnée aux seconds rôles,
qui se retrouve enfin au premier
plan. Il était temps! A. L. F.

CINÉMA

LE GANGSTER, LE FLIC
ET L’ASSASSIN
DE LEE WON-TAE.
AVEC MA DONG-SEOK,
KIM MOO-YUL... 1 H 50.
13/20

Ils sont donc
trois : un chef
de gang brutal,
un inspecteur
rentre-dedans,
un mystérieux
serial killer, et les
deux premiers vont s’unir pour
arrêter le troisième. Un principe
déjà traité au cinéma, notamment
dans M, le maudit, de Fritz Lang,
en 1931 – ce qui ne rajeunit
personne. Mais ce polar est
assaisonné à la mode coréenne,
c’est-à-dire avec énergie, humour
(si, si) et un sens du spectaculaire
indéniable. Les rebondissements
et les moments de bravoure
ne manquent pas, et le plaisir
est souvent au rendez-vous,
alimenté par une question tenace
dont la réponse ne cesse
de changer de camp : mais
comment tout cela va-t-il finir?
C’est d’ailleurs dans la dernière
partie que le bât blesse : après
avoir épuisé les scènes d’action,
Lee Won-tae se pique de morale
et verse dans une très discutable
opposition entre peine de mort
et vengeance personnelle, en
s’éloignant alors de ce chaudron
violent et expressionniste qu’était
son film. Davantage de distance
ironique eût été préférable. E. L.

PERDRIX
D’ERWAN LE DUC.
AVEC SWANN ARLAUD,
MAUD WYLER... 1 H 39.
17/20

Il est assez
compliqué
de qualifier Perdrix,
premier long-
métrage réalisé
par Erwan Le Duc.
C’est l’histoire
d’une intrusion à grand fracas.
Celle de la très fantasque Juliette
Webb dans la vie bien ordonnée
de Pierre Perdrix, gardien
de la paix vosgien, vivant en vase
clos avec son frère et sa mère.
De fil en aiguille, les deux jeunes
gens vont tomber amoureux
l’un de l’autre. Prenez la folie

Plus dure sera la chute


L


e titre est on ne peut plus explicite. Pendant des années,
Harvey Weinstein a été intouchable à Hollywood.
Producteur de films à succès tels que Pulp Fiction ou La Leçon
de piano, homme derrière le sacre de Gwyneth Paltrow aux
oscars pour son rôle dans Shakespeare in love, il était ce der-
nier nabab qui faisait la pluie et le beau temps dans le cinéma
américain. Mais ça, c’était avant l’automne 2017. A la suite de
la très longue série de plaintes pour harcèlement sexuel, le
magnat du 7e art est passé du statut d’homme craint et respec-
té à celui d’accusé. Une destinée que retrace aujourd’hui la
cinéaste anglaise Ursula MacFarlane (One Deadly Weekend in
America). Le documentaire emprunte le schéma, classique
mais plutôt efficace, de l’ascension puis de la chute du géant.
Les débuts dans le cinéma, la fondation de la société Miramax
avec son frère Bob, les tapis rouges... Et, évidemment, l’appé-
tit sexuel insatiable du monsieur pour les comédiennes,
jeunes et débutantes, de préférence. La grande qualité du
film? Ses témoignages. Plutôt que d’interviewer des stars, la
réalisatrice a préféré se focaliser sur des actrices inconnues.
Des femmes dont la carrière s’est brutalement arrêtée le jour
où elles ont refusé les avances de Harvey Weinstein. Le film
évite toute complaisance et enchaîne les révélations inédites
et les coups de théâtre. Un documentaire des plus passion-
nants sur la face sombre de Hollywood. A. L. F.

L’INTOUCHABLE, HARVEY WEINSTEIN
D’URSULA MACFARLANE. 1 H 39. 15/20

ABUS DE POUVOIR

P. FOLEY/EPA/REX/SHUTTERSTOCK

le guide des arts et spectacles


90 L’ E X P R E S S

Free download pdf