Temps - 2019-08-10-11

(Grace) #1
LE TEMPS SAMEDI 10 AOÛT 2019

14 Culture


Bâle


Lausanne


Sion


Verbier


Locarno


Zurich
Saint-Gall

Coire


Saint-Moritz


Genève


La Chaux-de-Fonds
Berne

MÉTÉO

Situation générale


aujourd’hui à 13h


LE MATIN, LE CIEL restera
très chargé avec des averses, par-
fois orageuses, les quantités de
pluie pourront être localement
fortes, notamment le long du
Jura. Le Valais devrait rester à
l’écart de ces pluies avec des
éclaircies. L’après-midi, le temps

s’asséchera rapidement et le
soleil reviendra progressive-
ment. En fin de journée, de nou-
velles averses sont possibles en
Haut-Valais. La journée de
dimanche devrait être belle mais
avec un risque orageux en aug-
mentation en soirée.

PRÉVISIONS À CINQ JOURS

DIMANCHE
80 %

LUNDI
80 %

MARDI
70 %

MERCREDI
50 %

JEUDI
30 %

Bassin lémanique,
Plateau romand
et Jura

14° 28° 17° 21° 12° 22° 11° 24° 11° 23°

Limite des chutes de neige –––––

Alpes
vaudoises
et valaisannes
(500 m)

16° 30° 18° 21° 13° 24° 12° 26° 12° 25°

Limite des chutes de neige –––––

Suisse
centrale
et orientale

16° 30° 18° 21° 13° 24° 12° 26° 12° 25°

Limite des chutes de neige –––––

Sud
des Alpes

16° 30° 18° 21° 13° 24° 12° 26° 12° 25°

Limite des chutes de neige –––––


  • de -15°-15 à-10°-10 à -5°-5 à 0° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25°25° et +


ÉPHÉMÉRIDE
Samedi 10 août 2019

lever: 06h
coucher: 20h
3 minutes de soleil en moins

lever: 17h
coucher: 01h

lune croissante
taux de remplissage: 78%

14°20°

20°25°

16°21°

19°27°
20°25°

19°25°

18°23°

21°31°

10°23°

18°20°

19°24°

19°22°

Prévisions en Suisse pour le matin et l’après-midi.
Les températures indiquées sont les valeurs minimales (en bleu)
et maximales (en rouge)

MétéoSuisse tél. 0900 162 666
en ligne avec nos météorologues, 24 heures sur 24
(fr. 2.90 la minute)

http://www.MeteoSuisse.ch

Haute
pression


Basse
pression


Front
froid


Front
chaud


Front
occlus


Isobares
(hPa)


H


B


1015


STÉPHANE GOBBO, LOCARNO
t @StephGobbo


Inès est une redoutable et froide
femme d’affaires allemande. A
Bucarest, employée par une
entreprise ultralibérale à défaut
d’être humaine, elle a pour mis-
sion de délocaliser les sous-trai-
tants d’un grand groupe pétrolier.
Est-elle heureuse? On en doute,
tout comme son père Winfried
lorsqu’il lui rend visite, mais
qu’elle n’a pas de temps pour lui.
Celui-ci décide alors de rester à
ses côtés, mais en mode inco-
gnito. Voici qu’il se déguise en
Toni Erdmann, alter ego facé-
tieux qui à coups de perruques et
dentiers improbables se fait pas-
ser d’abord pour un coach per-
sonnel, puis pour l’ambassadeur
d’Allemagne, afin de garder un
œil sur Inès.


Prix à Sundance
En mai 2017, Toni Erdmann ,
troisième long métrage de Maren
Ade, avait fait sensation lors de
sa première mondiale au Festival
de Cannes. Son ton décalé et son
humour foutraque avaient ins-
tantanément fait de Maren Ade
une cinéaste à suivre. On ignorait
alors qu’elle avait déjà une solide
expérience de productrice au
sein de la société Komplizen
Film, qu’elle dirige aux côtés
de Janine Jackowski et de Jonas
Dornbach, et à qui l’on doit
notamment, ces dernières
années, des films comme Wes-
tern
, de Valeska Grisebach, Une
Femme fantastique
, de Sebastian
Lelio, Tabou , de Miguel Gomes,
ou encore Les Siffleurs , de Cor-
neliu Porumboiu. En 2008, Kom-
plizen avait également copro-
duit, avec Intermezzo Films, Du
bruit dans la tête
, du Genevois
Vincent Pluss.


Jeudi soir, le dynamique trio qui
préside aux destinées de Kom-
plizen Film est monté sur la
scène de la Piazza Grande pour
y recevoir le Prix Raimondo
Rezzonico, récompensant depuis
dix-sept ans la vista d’un produc-
teur indépendant engagé dans la
défense du cinéma d’auteur.
Cette récompense aura surtout
été, pour les festivaliers, l’occa-
sion de découvrir le premier long
métrage produit par la société,
qui se trouve également être le
premier long de Maren Ade: Der
Wald vor lauter Bäumen. Film de
diplôme à petit budget réalisé en
vidéo, le film a connu sa première
allemande en 2003, avant d’être
sélectionné plus d’une année
plus tard, à la grande surprise de
son autrice, par le Toronto Inter-
national Film Festival.
«C’est un peu étrange: vous
envoyez une cassette VHS à
l’autre bout du monde, où per-
sonne ne vous connaît, et long-
temps après vous recevez une
lettre vous informant que votre
film a été retenu», a rigolé Maren
Ade en présentant son film à
Locarno. Cette sélection à
Toronto sera pour elle décisive,
puisque  Der Wald vor lauter

Bäumen sera ensuite montré à
Vancouver et à Sundance, où il
sera primé.

Avec le recul, l’Allemande – qui
s’est dans un premier temps
engagé dans la production par
manque de courage face au défi
de la réalisation, dit-elle – s’avère
très critique envers ce film, qu’elle
juge trop cruel. De fait, cette his-
toire d’une jeune enseignante
solitaire et émotionnellement
handicapée n’arrivant pas à gérer
sa classe et tentant de manière
intrusive de devenir amie avec
une voisine, jusqu’à la harceler,
met profondément mal à l’aise. On
y trouve par contre le même
humour volontiers cynique et le
même second degré qui fera une

quinzaine d’années plus tard de
Toni Erdmann – coproduit par le
Genevois Michel Merkt, récipien-
daire il y a deux ans du Prix Rai-
mondo Rezzonico – un des meil-
leurs films européens récents.

Fin mal comprise
Der Wald vor lauter Bäumen
s’avère être un petit conte cruel
de la solitude dont on comprend,
vu le peu d’empathie que l’on
ressent au final pour son héroïne,
d’une maladresse folle lorsqu’il
s’agit de communiquer avec les
autres, qu’il met Maren Ade mal
à l’aise. La réalisatrice aime par
contre sa dernière séquence, qui,
au-delà du tragique, a quelque
chose de poétique. Séquence
qu’elle a tenu à expliciter avant
la projection: «Je sais que nor-
malement on ne dévoile pas la fin
d’un film, mais comme elle est
souvent mal interprétée, je tiens
à le faire!»
Belle découverte en tout cas
que ce premier long qui, doréna-
vant visible dans une copie
numérique restaurée (mais qui
conserve la touche vintage inhé-
rente à la vidéo), mériterait
d’être montré dans le circuit des
salles indépendantes. ■

Quand Maren Ade raconte


un petit conte cruel de la solitude


«Der Wald vor lauter Bäumen» met en scène une enseignante solitaire, plutôt mal à l’aise quand il s’agit de communiquer.

LOCARNO FESTIVAL Révélée
il y a trois ans à Cannes avec la
comédie décalée «Toni Erdmann»,
la réalisatrice et productrice alle-
mande a reçu, avec ses collègues
de Komplizen Film, le Prix Rai-
mondo Rezzonico, récompensant
chaque année le travail d’un pro-
ducteur indépendant. L’occasion
de découvrir son premier long
métrage, réalisé en 2003


ANTOINE DUPLAN, LOCARNO
t @duplantoine

Pistache, fuchsia, vanille, citron, lavande et plus
kitsch encore, leurs vêtements ont des couleurs
de gâteaux américains. Frappés de délire ortho-
dontique, ils portent tous, comme un signe d’ap-
partenance, un appareil dentaire. Au générique de
début s’affiche d’ailleurs un sourire éclatant
quoique corseté dont la niaiserie ostentatoire fait
peur. Ils vivent au cœur du cœur de l’American
Dream, une de ces zones suburbaines ripolinées
que le cinéma raille régulièrement – qu’on se sou-
vienne de Bienvenue à Suburbicon , de True Stories
de David Byrne, sans oublier Wisteria Lane, home
des Desperate Housewives.
Là où l’herbe est définitivement plus verte qu’ail-
leurs, c’est une société matriarcale. Les femmes
préparent des pâtisseries monumentales et autres
plats cuisinés à sept couches de cholestérol. Bimbos
et tigresses à la fois, elles exhibent leur réussite
sociale de toutes les manières possibles. Les maris
sont lisses comme des savonnettes, benêts et ventri-
potents – l’un a pour hobby de boire l’eau de sa pis-
cine, tellement elle est pure...
Dawn Luebbe, une grande gigue dépassant le mètre
80, tient le rôle de la blonde Lisa Kutrempé (!); Joce-
lyne DeBoer, ardente et brune, est son amie Jill. Elles
ont réalisé à quatre mains cette farce hénaurme qui,
après avoir ébranlé Sundance, s’est posée à minuit
sur la Piazza Grande. C’est le premier des films label-
lisés Crazy Midnight par Lili Hinstin, la nouvelle
directrice artistique, à être projeté et il n’usurpe pas
son AOC: un glaçage complètement dingue, une
ganache plutôt flippante.

Sourire mutilé
Si Quentin Dupieux changeait de sexe, si David
Lynch troquait le café noir contre le lait de fraise,
ils auraient pu imaginer Greener Grass : on y trouve
l’absurde du premier et l’inquiétante étrangeté du
second. La nunucherie affecte chaque forme de réa-
lité, comme en atteste une piñata en forme de licorne
rose. Un petit nul en gym tombe dans la piscine et
en ressort sous la forme d’un golden retriever ado-
rant courir derrière la baballe. Jill offre son bébé à
Lisa – celle-ci sera ultérieurement enceinte d’un
ballon de foot...
Mais il y a un os dans la guimauve, des fantômes
sous la pelouse, des résurgences de monstruosité
tel le hideux cochon se carbonisant sur la broche.
Cette société du paraître et de la consommation
regorge d’interdits (on ne parle pas de la Pangée dans
la maison d’un chrétien, un gosse est blâmé pour
avoir dit «popotin», un autre tourne bad boy après
avoir vu une série télé...). Quant à Jill, elle déchoit
de son statut. Bannie, elle ôte ses fers, son appareil
dentaire, et les vaches en meuglent d’épouvante dans
la nuit. La délirante pochade se termine logiquement
par un sourire mutilé. ■

CRAZY MIDNIGHT «Greener Grass» a sonné le
premier coup de minuit sur la Piazza Grande. Réalisé
et interprété par deux filles sérieusement azimutées,
ce gâteau fourré de dinguerie malmène le Rêve

(KOMPLIZEN FILM/LOCARNO FESTIVAL)

Avec le recul,

Maren Ade s’avère

très critique

envers son

premier long

métrage

Un cauchemar

bubble-gum

Un film suisse
candidat
aux Oscars
La Suisse est
candidate à
un Oscar pour
le meilleur film
en langue
étrangère avec
«Wolkenbruch» de
Michael Steiner, a
indiqué l’Office
fédéral de la
culture.
L’Académie des
arts et des
sciences du
cinéma décidera
en décembre si
l’œuvre figure sur
sa présélection.
Au Festival du film
de Locarno, le film
sera projeté le
17 août dans la
catégorie
«Panorama
Suisse». ATS

MAIS ENCORE
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