Temps - 2019-08-10-11

(Grace) #1
SAMEDI 10 AOÛT 2019 LE TEMPS

Actualité 5

Naissances

La famille Selleger-Gali Bejerano a l’immense joie
d’annoncer la naissance de

BASILE, AKIM

né le 5 août 2019 à Meyrin.


Camille Selleger & Jorge Gali Bejerano. Elijah, Maël & Seny
Esplanade des Récréations 27, 1217 Meyrin

Les annonces de naissance, avec photos des bébés,
sont disponibles sur le site http://www.grangettes.ch

Nous avons le bonheur d’annoncer
la naissance de
Emilie, Louise
le 5 août 2019 à 13h

Alexia Morel et Pedro De Oliveira
Route de l’Eglise 36
1246 Corsier

Nous sommes très heureux
d’annoncer la naissance de
Liv, Esther
le 31 juillet 2019 à 10h

Sabrina et Anthony Nüscheler

Nous avons le bonheur d’annoncer
la naissance de
Cassiopée
le 30 juillet 2019 à 11h

Céline, Christopher et Léopold
Parc du Martin-Pêcheur 35
1226 Thônex

EMMANUEL GRYNSZPAN, MOSCOU
t @_zerez_

Vendredi, rien à signaler sur la place
Rouge. Ni à la télévision d’Etat, qui ne
cesse d’habitude de vanter les succès du
président russe. Pourtant, vingt ans
plus tôt exactement, Vladimir Poutine
a été promis aux plus hautes fonctions
de l’Etat. Curieuse omission dans un
pays où l’on vend des t-shirts, des pos-
ters et des tasses à l’effigie du président
à chaque coin de rue. Le culte de la per-
sonnalité a-t-il peur de vieillir?
«Vingt ans, c’est bon pour un
monarque ou un dictateur, mais pour
un chef d’Etat élu, c’est une durée
incroyable, commente le politologue
Fiodor Krasheninnikov dans les
colonnes du quotidien Vedomosti. Si l’on
répète ce chiffre en public, même les
citoyens déférents envers le pouvoir
peuvent se mettre à douter: comment
se fait-il que le successeur énergique
d’Eltsine ait gouverné plus longtemps
que Brejnev et même plus longtemps
qu’Andropov, Tchernenko, Gorbatchev
et Eltsine réunis?»

Une nouvelle ère
Au matin du 8 août 1999, le président
russe Boris Eltsine, politiquement et
physiquement affaibli, ordonne son
quatrième remaniement ministériel en
un an. Il nomme premier ministre un
obscur bureaucrate de 46 ans: Vladimir
Poutine, vétéran du KGB et ancien direc-
teur de son successeur, le FSB. Son pro-
fil ne fait guère tiquer: son éphémère
prédécesseur, Sergueï Stepachine, avait
le même parcours.
Les observateurs réalisent qu’un chan-
gement est à l’œuvre lorsque Boris Elt-
sine lâche, plus tard dans la journée,
qu’il voit en Vladimir Poutine son suc-
cesseur. C’est fait le 1er janvier 2000,
après une démission inopinée du pré-

sident. S’ouvre alors une nouvelle ère,
qui démarre par la sanglante seconde
guerre de Tchétchénie, la prise de
contrôle de la télévision, la mise au pas
des oligarques. Des opérations suivies,
de manière plus échelonnée, de l’exclu-
sion de toute opposition réelle au sein
du système de représentation politique.
La «verticale du pouvoir» de Vladimir
Poutine se met rapidement en place, au
terme d’une sorte de contrat passé avec
les Russes: consommez davantage mais
renoncez au pluralisme politique. L’éco-
nomie russe croît de 7% par an grâce à
l’envol des prix du pétrole. Le «ruissel-
lement» des pétrodollars profite à la
population, la grande pauvreté se réduit
et une classe moyenne apparaît. Les
investissements étrangers fondent sur
ce marché émergent.

Le contrat fonctionne sans accroc
majeur jusqu’en août 2008. Surviennent
la guerre éclair avec la Géorgie, l’effon-
drement des prix du pétrole et une
première crise économique en dix ans.
Le système patine et lorsque Vladimir
Poutine brigue un troisième mandat en
2012, une partie des citadins, au mode
de vie et de pensée «occidentalisé»,
descend dans la rue pour réclamer une
alternance du pouvoir. Une campagne
d’intimidation brise cette vague de
mécontentement. Piqué au vif, Vladimir
Poutine amorce un virage conservateur
et anti-occidental qui va culminer en
2014 par l’annexion de la Crimée. Il pro-
pose un second contrat aux Russes:
ramener le pays au rang de superpuis-
sance, en échange, toujours, de leur
passivité politique. Mais le mécanisme
se grippe. Sanctions, nouvelle chute du
pétrole. Le pouvoir d’achat des Russes

baisse depuis cinq ans. La courbe de
popularité du président montre des
signes d’érosion.
«Si Poutine était parti en 2008 [au
terme de son second mandat] il serait
resté comme l’un des dirigeants les plus
brillants de l’histoire», juge le polito-
logue Kirill Rogov, pour qui la seconde
décennie de Poutine fut le contraire de
la première. «La décision de convertir
la confrontation avec l’Occident en
cadre de vie principal du pays a défini-
tivement entériné la domination des
élites issues des services de sécurité.»
Une direction de plus en plus autori-
taire, qui rencontre une résistance
croissante, comme en témoignent les
manifestations de l’opposition chaque
samedi dans les rues de Moscou. Plus
largement, la sensation d’impasse
transparaît dans un sondage du Centre
Levada paru le 30 juillet, une enquête
dans laquelle 24% des Russes confient
«ne pas croire que Poutine puisse
résoudre les problèmes du pays».

Les problèmes s’accumulent
Aujourd’hui, les problèmes s’accu-
mulent. Glacial à Moscou, l’été 2019 est
catastrophiquement chaud dans toute
la Sibérie. «Cet été bat, dirait-on, tous
les records en termes d’informations
négatives, note le politologue Alexeï
Makarkine, du Centre de technologies
politiques. Les incendies de Sibérie,
précédés d’inondations mortelles dans
la région d’Irkoutsk. L’accident mortel
d’un sous-marin nucléaire dans la mer
de Barents. La répression des manifes-
tations à Moscou. L’explosion d’un
gigantesque dépôt de munitions dans
la région de Krasnoïarsk et celle, jeudi,
d’un missile près d’Arkhangelsk. Tout
cela, sur fond de stagnation prolongée,
renforce la sensation de fatigue. Il y
avait déjà des tendances «dégagistes»
dans certaines régions. Désormais, la
situation est encore plus compliquée
pour le pouvoir.»
Le moment n’est pas opportun ces jours
pour fêter le pouvoir. Mais peut-être Vla-
dimir Poutine espère-t-il qu’un répit lui
permettra de célébrer le 20e anniver-
saire de son accession à la présidence de
plein exercice, et non plus seulement par
intérim, le 7 mai prochain. ■

Vladimir Poutine, 20 ans déjà


Vladimir Poutine a renforcé la domination des élites issues des services de sécurité. (KONSTANTIN ZAVRAZHIN/GETTY IMAGES)

KREMLIN Le président russe a perdu
beaucoup de sa popularité au fil du
temps. Le contrat proposé à ses compa-
triotes – leur passivité contre la restau-
ration de la grandeur de leur pays

- peine de plus en plus à convaincre face
à la baisse du pouvoir d’achat et à l’éro-
sion des libertés politiques


AFP

A peine la grenade lacrymogène
a-t-elle explosé qu’un manifestant
sprinte vers elle pour l’étouffer
avec un cône de signalisation. La
scène est de plus en plus récur-
rente depuis le début de la contes-
tation à Hongkong, qui a vu les
protestataires développer d’ingé-
nieuses tactiques.
La mégapole du sud de la Chine
traverse depuis deux mois sa crise
politique la plus grave depuis sa
rétrocession par Londres en 1997.
Quasi quotidiennes, les manifesta-
tions sont aussi très souvent émail-
lées de heurts avec les forces de
l’ordre, qui ont musclé leur riposte
face à des protestataires de plus en
plus violents. Une évolution qui a
été illustrée par l’utilisation de
800 grenades lacrymogènes lors de
la seule journée de lundi, surnom-
mée le «festival des lacrymos».
Au fil des confrontations avec la
police, les manifestants ont rodé
leurs tactiques pour se protéger des
gaz. Dans leur arsenal, on trouve
les gants ignifuges résistants à la
chaleur pour empoigner des gre-
nades brûlantes ou encore les
masques à gaz surnommés «groins
de cochon» en cantonais.
Les forums en ligne regorgent de
discussions sur les modèles de
masques les plus adaptés, sur les
meilleures adresses où les acheter.
«Il m’en faut vraiment un! Il est déjà
difficile de trouver de bons
masques», écrit un internaute.

Mais les protestataires ont aussi
mis en place des «unités» spéciali-
sées dans la gestion des grenades
qui émettent des lacrymogènes dès
qu’elles sont tirées par la police.
Certains couvrent leurs bras de
film alimentaire pour éviter les
irritations provoquées par les gaz
et transportent un stock de sérum
physiologique pour rincer les yeux
de quiconque est incommodé. Par-
fois une grenade est saisie et retour-
née à l’envoyeur, parfois elle est
sommairement aspergée à l’aide de
bouteilles d’eau. Mais la tactique la
plus élaborée est celle du cône de
signalisation qu’un premier mani-
festant pose sur la grenade fumante
pour contenir son gaz, avant qu’un
deuxième n’arrive pour verser de
l’eau par le trou qui est à sa pointe,
afin de la noyer.

Une «armée organisée»
«Ce qui se passe à Hongkong a
permis aux manifestants d’ap-
prendre et de développer leurs
tactiques», observe Tony Davis,
un spécialiste des questions de
sécurité basé à Bangkok pour le
groupe IHS Jane’s. «Ils sont en un
sens en train de devenir une
armée organisée, ce qu’ils
n’étaient pas initialement.»
Ils sont peut-être une «armée»,
mais leur équipement est particu-
lièrement artisanal, venu parfois
tout droit des placards de la cuisine.
Beaucoup de manifestants partent
ainsi défiler avec dans leur sac un
couvercle de wok, un ustensile
banal qui s’est avéré redoutable
pour étouffer les grenades. La plu-
part ne sortent plus sans leur
parapluie, là encore pour se proté-
ger des gaz, ou sans leurs lunettes
de piscine, efficace contre les
vaporisateurs de gaz poivre. ■

CHINE Les opposants à la main-
mise de Pékin ont perfectionné
leur technique au fil des affron-
tements avec la police. Beaucoup
ne sortent pas sans un couvercle
de wok dans leur sac

A Hongkong, l’arsenal

du parfait manifestant

Moscou met
en garde contre
le déploiement
de missiles
américains
en Asie
La Russie
considérera tout
déploiement de
missiles
américains en
Asie/Pacifique
comme une
«menace» pour
ses intérêts. Elle
s’en est prise
vendredi à Genève
au conseiller à la
Sécurité nationale
John Bolton, qui
«entrave» l’avenir
de discussions sur
un traité
nucléaire.
Il y a quelques
jours, le nouveau
secrétaire
américain à la
Défense, Mark
Esper, avait plaidé
pour le
déploiement «le
plus tôt possible»
de nouveaux
missiles
américains en
Asie. Des
déclarations
rapidement
dénoncées par la
Chine. ATS

MAIS ENCORE

«Si Poutine était parti

en 2008, il serait resté

comme l’un des

dirigeants les plus

brillants de l’histoire»
KIRILL ROGOV, POLITOLOGUE
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