MX Magazine N°259 – Août 2019

(Nancy Kaufman) #1

D


iscret, Sébastien l’a toujours
été et il faut arpenter
les méandres des paddocks pour
arriver à le trouver, loin de la pit
lane du MXGP ou des grosses
structures. Impliqué avec des pilotes
étrangers de cultures bien
différentes, Seb a toujours le sourire
quand on le croise ou qu’on lui tend
un micro pour prendre de ses
nouvelles.

Que deviens-tu et pourquoi
ce retour sur les circuits français
et mondiaux?
« Cela va faire trois ans que je suis
rentré des USA et je travaille au-
jourd’hui avec plusieurs pilotes, dont
certains que je connaissais et avec qui
j’avais commencé à travailler quand
j’étais aux États-Unis. En rentrant en
Europe, je me suis retrouvé sur les
GP aux côtés de la Suissesse Virginie
Germond et dans la foulée sur les cir-
cuits français avec mon pilote israélien
Suff Sella qui venait de l’enduro et
commençait le cross. Il avait beaucoup
à apprendre et je l’ai dirigé vers le Ju-
nior, un championnat que j’ai fait
quand j’étais plus jeune et qui est un
beau championnat avec de bons pi-
lotes et de belles pistes. Entre les GP,
l’Europe 125, le championnat Junior
et le féminin sans oublier le super-

cross, cela fait un planning assez
chargé et pas mal de déplacements.
Je suis un peu partout! »

Comment ça se passe avec tous
tes pilotes?
« Je travaille avec cinq pilotes : un
jeune Espagnol (Edgar Canet) qui
roule en 85, une Suissesse (Virginie
Germond) qui dispute le Mondial et
le France féminin, un Israélien (Suff
Sella) qui fait l’Europe 125 et le Junior
et deux jeunes Allemands (Carl Os-
termann et Nique Thury) qui dispu-
tent les championnats de supercross.
Ce sont à chaque fois des contrats à
la carte, comprenant un accompagne-
ment sur les courses et ma présence
sur certaines périodes d’entraînement.
J’organise chaque hiver des stages de
groupe qui peuvent se tenir en France
ou ailleurs, par exemple en Sardaigne
où il fait meilleur qu’à Lommel l’hiver.
Après je dois gérer mon calendrier
en priorisant le Mondial puis la
France, sans oublier le SX qui m’oc-
cupe l’hiver! »

Ton agenda semble plus chargé que
celui que tu avais quand tu étais
pilote!
« C’est un calendrier à l’Américaine,
j’ai passé vingt ans là-bas et mon plan-
ning y ressemble. C’est un rythme sou-

tenu. En fait, je n’ai pas changé de
rythme de vie et le dimanche est
un jour comme un autre. C’est
une habitude à prendre et
quand je m’investis dans un
travail, c’est comme
quand j’étais pilote, c’est
“no limit”. »

Tu prends toujours du plaisir?
« Je me régale, surtout quand je vois
la progression de mes pilotes! Ils sont
tous différents les uns des autres, rou-
lent dans des catégories différentes
mais je m’adapte facilement et
j’adopte des attitudes, j’utilise des
mots différents selon avec qui je tra-
vaille. C’est propre à chacun, c’est su-
per important. J’ai du plaisir à tra-
vailler car je bosse avec des gens
sympas avec qui j’ai de bonnes sen-
sations. Je ne pourrais pas travail-
ler avec quelqu’un que je ne sens
pas. L’hiver dernier, on s’est re-
trouvé dans la région sarthoise
pour rouler un peu dans la
boue, des conditions que
l’on peut retrouver dans la
saison. On est amis de
longue date avec
Mickaël Pichon avec
qui on était, on s’ap-
précie vraiment et
Suff roulant dans
le team familial,
c’était sympa
d’avoir cette période
de groupe qui permet à chacun de re-
pousser ses limites et qui crée de
l’émulation. C’est d’autant plus agréa-
ble que tous se connaissent bien. On
travaille dans la bonne humeur. »

Tu as compté combien de jours
tu es parti de la maison en 2018?
« Non et je ne le souhaite pas. » (rires)

Quand on s’est revu à ton retour
en Europe, tu avais en projet
de monter une école en Espagne.
Tu en es où?
« C’est très difficile! Je montais ce
projet avec un ami qui tient absolu-
ment à ce qu’il voit le jour, mais créer
une piste aujourd’hui est toujours
compliqué, même si tu as toutes les
autorisations concernant le bruit, l’en-
vironnement, etc. Il y a des gens qui
savent tirer des ficelles et qui bloquent
un peu le projet. Quand la politique
s’en mêle, tout devient compliqué,
mais on ne perd pas espoir! »

Cela doit être frustrant?
« Non, mais j’aurais bien aimé pouvoir
offrir à mes pilotes la possibilité de
s’entraîner sur des circuits typés GP,
avec des ornières, un arrosage assez
important. Cela n’existe pas vraiment

« Quand je m’investis dans


un travail, c’est comme quand


j’étais pilote, c’est no limit! »


Sébastien Tortelli est un
coach attentionné. Il suit
de près la progression
de ses pilotes, qu’ils
évoluent à un niveau
européen ou national.
Avec chacun, c’est
un contrat à la carte.

interview
Sébastien Tortelli

MX259_P030A036_MX 12/07/2019 16:57 Page32

Free download pdf