Gironde Mardi 13 août 2019SUD OUEST
La saison
2019/
La saison
2019/
C
omment savoir si l’on peut
mettre 13 Pince-Mi et Pince-
Moi sur un bateau, au lieu de
huit, sans que personne ne tombe à
l’eau? L’association Le Coudey de
Lanton tente de résoudre le pro-
blème, en demandant un change-
ment de certification de sa nouvelle
« Plate » à moteur, en aluminium,
longue de 9 mètres sur 2,60 mètres
qui remplace l’ancienne en bois, ar-
rivée en bout de course et nécessi-
tant beaucoup d’entretien. Pour ce-
la, il a fallu faire appel à un orga-
nisme de La Rochelle, l’ICNN, Institut
pour la certification et la normalisa-
tion dans le nautisme (lire ci-des-
sous).
Le principe de base est simple :
on met tout le monde sur le
même bord. C’est évidemment à
éviter en navigation, mais, sécuri-
té oblige, ce test est un critère ma-
jeur pour définir le nombre de
passagers maximum d’un bateau.
Il figure sur une plaque rivetée à
l’intérieur du cockpit. Et si ça cha-
vire pendant ce petit jeu, adieu
tout le monde? Jeudi dernier,
dans le port de Cassy, il n’y avait
pas péril sur le chaland et les co-
bayes, adhérents de l’association
ont gardé le sourire aux lèvres. Car
ils sont montés l’un après l’autre,
avant de s’aligner le long de la
rambarde tribord tels des hiron-
delles sur un fil électrique. Au pas-
sage, ils ont été pesés, comme des
jockeys avant un grand prix... en
plus lourds : 85 kilos en moyenne
par personne. À ces 13 premiers
volontaires, soit un peu plus d’1,
tonne, s’en sont ajoutées quatre
autres, assis au milieu dans le rôle
des... sacs, glacières, articles de pê-
che et autres, pour figurer la
charge éventuelle de matériel. Al-
lez! 340 kilos de plus.
« L’Indépendant II » a salué ses
invités en s’inclinant de bonne
grâce, mais tout de même avec
une gîte de 10 degrés à l’inclino-
mètre.
Certes, à ce moment-là, l’eau est
encore à une dizaine de centimè-
tres des pieds des passagers avant,
mais à l’arrière, elle semble prête
à leur lécher les semelles. Pas de
panique, le chaland est par nature
bas sur l’eau.Changer de bord
« Ce n’est pas avec ce type de ba-
teau carré, ponté et conçu pour la
charge qu’il y a le plus de problè-
mes », confirme Alexandra Sour-
bier, ingénieure architecte navale.
Elle effectue les mesures le long de
la coque, y compris du côté où ça
se soulève, depuis un petit canot
pneumatique qu’elle a gonflé sur
place. Les mains dans l’eau, sa po-
sition semble bien plus acrobati-
que que celle des cobayes du jour.
Le renouvellement du test en
changeant de bord prouve que les
mêmes causes produisent... pres-
que les mêmes effets. Car une pe-
tite différence existait déjà à vide,
liée au positionnement du réser-
voir d’essence, des batteries...
A 13, sans compter les « baga-
ges », Le Coudey a rimé avec coude
à coude : « On était bien assez ser-
rés », confirme Camille Béguin, an-
cien président. Le nombre (
plus le pilote) n’a pas été choisi au
hasard : « – On voulait retrouver la
capacité qu’on avait avec l’an-
cienne plate », précise Bernard Pel-
loux qui s’occupe de la partie ba-
teau à moteur. En effet, bien qu’as-
sociation, Le Coudey doit garder
son cap économique : « Nous
louons la plate pour des sorties
pêche et promenade, avec un tarif
préférentiel aux adhérents :
120 euros sur la base de 10, plus le
pilote, soit 12 euros par personne.
Si on réduit le nombre, le prix
pour chacun va augmenter et ça
risque d’être dissuasif. »600 passagers par an
Or, en transportant chaque année
500 à 600 passagers par an, ce
chaland a un rôle moteur pour
l’autre activité du Coudey : la
quinzaine de régates disputées
chaque saison par la pinasse à
voile « Voltigeuse II » (qui elle, est
propriété de la commune de Lan-
ton).
Le président de l’association, De-
nis Inglebert est d’ailleurs un « voi-
leux ». Pendant ces courses emblé-
matiques du bassin d’Arcachon,
« L’Indépendant » assure l’accom-
pagnement, la sécurité et éven-
tuellement le convoyage de « Vol-
tigeuse »...
La centaine d’adhérents du
Coudey attend donc avec impa-
tience les conclusions du rapport
de l’ICNN qui seront rendues
dans un délai de trois mois maxi-
mum.
Willy DallayLANTON Pour espérer avoir le droit de
transporter plus de monde sur leur plate,
les adhérents de l’association Le Coudey
ont dû la faire expertiser par l’ICNN
Tous du même bord, sans couler
Tout le monde sur le même bord, pendant qu’Alexandra Sourbier mesure : ça tient! PHOTO WILLY DALLAYL’ICNN est un organisme indépen-
dant, de statut associatif, créé à l’ini-
tiative de la Fédération des indus-
tries nautiques, depuis la mise en
place d’une directive européenne en- Il est accrédité par l’État. Basé
à La Rochelle, c’est le seul à opérer en
France sur le créneau des bateaux de
2,5 à 24 mètres, mais avec une tren-
taine de concurrents en Europe. «
Nous avons bien sûr beaucoup de
chantiers français parmi nos clients
comme Bénéteau, Fountaine Pajot,
Dufour, Rhéa Marine, CNB, Couach,
Dubourdieu... », égrène le directeur,
Alexandre Cocheril. Des esquifs
échappent pourtant à son expertise :
pédalos, gondoles, sous-marins, ca-
noës, kayaks, planches, etc. et cons-
tructions amateurs, où la réglemen-
tation nationale prend le pas. Une
grosse flotte se dispense également
de ses services : « Jusqu’à 7-8 mètres
en catégorie C et D, les chantiers font
de l’autocertification et jusqu’à
12 mètres, on intervient seulement
sur la stabilité dans les catégories A
et B (NDLR catégories fixées selon
les conditions de mer et de vent). »
Le dossier de « l’Indépendant »du
Coudey est l’un des plus simples :
structure carrée, pontée, large, sta-
ble. Le contrôle a essentiellement
consisté en un test de flottabilité et
de stabilité. Mais la diversité des ta-
rifs montre celle des situations et leur
complexité, notamment pour les voi-
liers : monocoques, multicoques, dé-
riveurs, quillards... « C’est en fonction
du type architectural et il y a des pro-
cédures à tiroirs », confirme Alexan-
dre Cocheril. « Donc, cela peut aller
de 800 à 10 000 euros hors taxes
pour le suivi complet d’une construc-
tion sur un an ou un an et demi. »
W. D.ICNN, SEUL OPÉRATEUR FRANÇAIS
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