SUD OUEST bassin d\'Arcachon du Mardi 13 Août 2019

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SUD OUESTMardi 13 août 2019


Il suffit de parler de scandale po-
litico-sexuel en France et tout le
monde pense à trois initiales,
DSK, celles de Dominique
Strauss-Kahn. Le 14 mai 2011, les
Français – et surtout les socialis-
tes français – apprennent avec
stupeur que le directeur général
du FMI a été arrêté à New York.
Une femme de chambre du Sofi-
tel l’accuse de tentative de viol.
C’en est fini des espoirs de DSK
de remporter la prochaine pri-
maire (a priori une formalité) et
d’être élu président de la Républi-
que face au chef d’État sortant, Ni-
colas Sarkozy.
C’est à ce moment qu’entre en
scène la théorie du complot. À
qui DSK doit-il sa nomination à
Washington? À Nicolas Sarkozy.
Dans l’entourage du patron du
FMI, où on minimise le comporte-
ment de ce dernier, on assure
que Nicolas Sarkozy, parfaite-
ment au courant des mœurs li-
bertines de son probable rival, l’a
envoyé sciemment aux États-Unis
où on ne plaisante pas avec les
mœurs.

DSK lui-même évoquera à plu-
sieurs reprises « des zones d’om-
bre » et l’hypothèse d’un coup
monté contre lui au Sofitel dans
lequel la femme de ménage au-
rait tenu un rôle important. Rien
n’a pu étayer ces allégations en-
tretenues par un journaliste amé-
ricain, Edward Epstein.

L’atroce rumeur Baudis
Huit ans plus tôt, ce sont des me-
dia qui sont accusés d’avoir pro-
pagé des rumeurs atroces sur un
ancien journaliste, Dominique
Baudis, alors président du Con-
seil supérieur de l’audiovisuel.
Le tueur en série Patrice Alègre,
ainsi que deux prostituées, affir-
ment que l’ancien maire de Tou-
louse est impliqué dans des affai-
res de proxénétisme, de viol, de
meurtres et d’actes de barbarie.
Au mépris de toute enquête sé-
rieuse, Karl Zéro relaiera sur Ca-
nal+ les propos de Patrice Alègre.
Dominique Baudis accusera éga-
lement « La Dépêche du Midi » et
Edwy Plenel (alors au « Monde »)
d’avoir propagé cette rumeur
dont il sortira blanchi.

Mais Dominique Baudis ne par-
donnera jamais à son successeur
au Capitole, Philippe Douste-
Blazy, de n’avoir jamais condam-
né les rumeurs dont il était l’ob-
jet.

Soirées libertines
Pas plus que Georges Pompidou
ne pardonnera à certains cadres
de l’UDR, le mouvement gaulliste,
dont son successeur à Matignon,
Maurice Couve de Murville,
d’avoir laissé courir, ou même
nourri, en 1968, la rumeur selon
laquelle sa femme, Claude, aurait
participé à des soirées libertines.
Des « révélations » qui font suite
à l’affaire Markovic, du nom d’un
ancien garde du corps d’Alain De-
lon, retrouvé assassiné. Dans ce
marigot sont mêlés des hommes
politiques, des figures du grand
banditisme et de la jet-set, ainsi
que les services secrets français.
Georges Pompidou était alors
en course pour succéder à De
Gaulle et il ne cachera pas son
amertume à l’égard du Général
qui, selon lui, n’a rien fait pour
empêcher la mise en cause de sa
femme ni pour le soutenir.

Plus récemment, et à un niveau
inférieur de l’escalier politique,
l’ancien secrétaire d’État, Georges
Tron, accusé de viols et d’agres-
sions sexuelles dans sa mairie de
Draveil, désigne l’extrême droite et
le beau-frère de Marine Le Pen,
Philippe Olivier, comme instiga-
teurs d’un complot contre lui. Il
a été acquitté aux assises de Bobi-
gny, en novembre 2018, et le par-
quet général de Paris a fait appel.
Benoît Lasserre

SCANDALES L’ancien patron du FMI s’est dit
victime « d’un coup monté » dans l’affaire du Sofitel

Quand DSK évoquait


un coup monté


Dominique Baudis, le 26 juin
2003, après une confrontation
avec une accusatrice. AFP

avait conclu un accord avec la jus-
tice).


Epstein aujourd’hui, l’incendie de No-
tre-Dame en avril : y a-t-il encore des
faits d’actualité qui échappent à la
grille de lecture complotiste?
Oui, ceux qui ne sont pas du tout
politisés, justement. Souvenez-
vous de la mort de Johnny Hally-
day, en décembre 2017. Alors que le
décès de certaines stars a donné
lieu aux spéculations les plus fan-
taisistes, celui-ci n’a pas été exploi-


té d’une telle manière. On peut
penser que le sujet était si consen-
suel en France, si peu polémique,
qu’il n’était pas propice à l’émer-
gence de théories conspiration-
nistes. À l’inverse, l’incendie de
Notre-Dame de Paris est interve-
nu dans un contexte politique
avec lequel il est entré en réso-
nance. De ce fait, il a donné lieu à
une réécriture complotiste. Fon-
damentalement, le phénomène
complotiste relève de la politique
avant même de renvoyer à la psy-

chologie des individus qui le font
prospérer.

En ce sens, est-il nouveau?
Il faut relire un article du « New York
Times » daté de 1894. Il moquait la
rumeur selon laquelle les philatélis-
tes étaient pour quelque chose
dans le déclenchement de la guerre
de Sécession (1861-1865). Pour des rai-
sons diverses, le marché du timbre
avait plutôt profité de la guerre ci-
vile. De là à en déduire que les phila-
télistes en étaient responsables...

sud ouest.fr
Moqué pour une photo d’alpinisme manifestement truquée,
l’ancien ministre Éric Woerth (LR) persiste et signe

Le ministre William Barr, qui avait
annoncé, samedi, l’ouverture de
deux enquêtes après la mort de
Jeffrey Epstein, apparemment par
suicide, s’est dit « consterné » et
« franchement en colère » en ap-
prenant les carences « pour sécu-
riser de manière adéquate » la pri-
son de Manhattan où le milliar-
daire était détenu.
Dimanche, plusieurs médias
avaient indiqué que ce person-
nage de la jet-set devenu l’un des
détenus les plus en vue du pays,
avait été laissé seul dans sa cellule
alors qu’ils étaient censés être tou-
jours deux, et que les rondes pré-
vues toutes les 30 minutes
n’avaient pas été effectuées.


Pire, le 23 juillet, cet homme de
66 ans qui avait été retrouvé légè-
rement blessé après avoir, sem-
ble-t-il, tenté de mettre fin à ses
jours ne faisait déjà plus, la se-
maine suivante, l’objet de la sur-
veillance renforcée anti-suicide.

« Des comptes à rendre »
« Nous irons au fond des choses. Il y
aura des comptes à rendre », a assu-
ré Bill Barr, alors que le week-end a
vu une floraison de théories du
complot, relayées par Donald
Trump. Beaucoup laissaient enten-
dre que M. Epstein aurait été assas-
siné en raison des hommes de pou-
voir qu’il avait fréquentés et qui au-
raient voulu l’empêcher de parler.

Les causes de la mort n’ont pas
encore été confirmées, le méde-
cin légiste de Manhattan réser-
vant les conclusions de l’autopsie
dans l’attente de « plus d’informa-
tions ».

Le ministre de la justice,
William Barr. PHOTO ARCHIVES AFP

ENQUÊTE La justice a constaté des carences dans


les conditions d’incarcération de Jeffrey Epstein


« Graves irrégularités » à la prison


Georges Pompidou,
en juin 1969. AFP

Dominique Strauss-Kahn, le
15 mai 2011, après une audition
par la police de New York. AFP

En retweetant un message allé-
guant, sans preuve, que l’ex-pré-
sident Bill Clinton pourrait être lié
à la mort de Jeffrey Epstein, Do-
nald Trump a allongé la liste des
thèses complotistes qu’il a
contribué à propager. En voici
une liste non exhaustive. :
Parlant d’un « coup d’État
manqué », il a assuré en mai que
l’enquête du FBI sur les relations
de Moscou avec son équipe de
campagne s’était doublée d’un
« espionnage » de ses collabora-
teurs.
Le magnat de l’immobilier
avait pris la tête d’une campagne
infondée contestant la nationali-
té américaine de Barack Obama,
en mettant en doute la validité
de son certificat de naissance et
donc sa légitimé à être président.
Il a repris la thèse de l’exis-
tence d’un « État de l’ombre »,
théorie de l’extrême droite affir-
mant l’existence d’un gouverne-
ment parallèle.
En novembre 2017, il a relayé
sur son compte Twitter trois vi-
déos islamophobes propagées
par l’extrême droite britannique.
Il a répété que des « millions »
de personnes ont voté, selon lui,
de manière illégale à la présiden-
tielle 2016 qu’il a pourtant rem-
portée après avoir été distancé
de près de 3 millions de voix par
Hillary Clinton. Aucun élément
concret n’est venu corroborer ses
affirmations.

Donald Trump,


magnat de la


conspiration


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