Top’s Cars N°630 – Août 2019

(Amelia) #1
Août 2019 TOP’S CARS 47

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TERRE D’ABONDANCE, LES ÉTATS-UNIS ONT
DÉMOCRATISÉ DÈS LES ANNÉES 1960 LES
VOITURES GAVÉES DE CHEVAUX : LES PONY
ET MUSCLE-CARS. ASSEZ BON MARCHÉ, ELLES
SONT ENTRÉES DANS LA LÉGENDE AVANT
D’ÊTRE SACRIFIÉES SUR L’AUTEL DE L’ÉCOLOGIE.
REVENUES DANS LES ANNÉES 2000, ELLES
ONT ÉTÉ IMPORTÉES PAR DES PASSIONNÉS EN
FRANCE, DE SORTE QUE GRÂCE À ELLES, ON
PEUT S’OFFRIR UN PARFUM ÉPICÉ D’AMÉRIQUE
POUR PAS TROP CHER. VOICI NOTRE SÉLECTION
DES MODÈLES LES PLUS ALLÉCHANTS : CORVETTE
C6, FORD MUSTANG SHELBY GT500 ET DODGE
CHALLENGER HELLCAT. PLACE AUX WATTS !

TEXTE STÉPHANE SCHLESINGER PHOTOS ADRIEN CORTESI

S


oixante-dix ans déjà que les muscle-cars ont rendu l’automobile
américaine affriolante. Et quelque peu sulfureuse ! En effet, celle
que l’on peut considérer comme la première du genre,
l’Oldsmobile Rocket 88 de 1949, une brave familiale dotée d’un
moteur surpuissant pour l’époque (un V8 5,0 l de 135 ch), ne
vient pas de nulle part. Elle a été inspirée par les modèles
modifiés par les trafiquants d’alcool durant la Prohibition ! Pour semer la
police, ceux-ci prenaient des voitures banales et les dotaient de moteurs
extrêmement puissants. Une fois la Prohibition terminée, ces engins, devenus
inutiles, ont été reconvertis en voitures de course et ont dominé les débats sur
circuit dans les années 1940. C’est dire leur degré de performances !
Oldsmobile récupère ainsi la formule sur la Rocket 88, qui elle aussi brille en
compétition. Ceci ne peut pas laisser insensible la concurrence. Chrysler lance
donc dès 1951 la série des fameux V8 “Hemi”, ainsi nommés d’après leurs
chambres de combustion hémisphériques. Gentiment, les familiales de
M. Toulemonde transformées en missiles routiers se répandent. Mais l’accident
de Pierre Levegh au Mans en 1955 traumatise le grand public (lors du crash,
responsable en tout de 84 morts, des fragments de sa Mercedes 300 SLR
percutent et tuent des spectateurs dans les gradins : la plus grosse catastrophe
de l’histoire du sport automobile). Les grands constructeurs américains
décident donc d’eux-mêmes de mettre la puissance en veilleuse en 1957.
Interdiction de sponsoriser des courses mais aussi de vanter les qualités
sportives des voitures dans les publicités ! Mais dès 1963, ils y renoncent, et
en 1964 Pontiac sort sa Tempest GTO, qui relance pour de bon les muscle-
cars. Celles-ci vont atteindre des sommets ahurissants, symbolisés par l’aileron
arrière de la Dodge Charger Daytona, forte de 425 ch en 1971.
Parallèlement se développent les pony-cars, une gamme inférieure de voitures
puissantes, initiée par un coup de maître : la Ford Mustang en 1964. Celle-ci
inspire les Chevrolet Camaro, Pontiac Firebird et Dodge Challenger
notamment, dont les puissances rattrapent progressivement celles des
muscle-cars. Lors des drag races, très populaires dans les rues américaines
des années 1960, la bataille fait rage ! Quant à la Corvette, toujours
considérée à l’écart des muscle-cars car dès le départ conçue comme voiture
de sport, elle ne demeure pas en reste, sa cavalerie culminant à 435 ch.
Curieusement, les Européens ne viennent pas concurrencer les Américains sur
le terrain des muscle-cars, incapables qu’ils sont à cette époque d’aligner des
puissances similaires, surtout à des prix comparables ! Songez qu’une
inabordable Ferrari Daytona se cantonne à 352 ch... Les normes antipollution
ont finalement raison des muscle-cars, qui disparaissent en 1973 pour ne
revenir que plus de 30 ans après. La course à la puissance reprend ainsi de
plus belle, la Challenger Hellcat passant les 700 ch !
Aujourd’hui, ces modèles, héritiers d’une riche tradition, proposent toujours
un rapport prix/puissance inégalable, en plus d’une grande exclusivité en
France. Ce qui leur permet de préserver étonnamment bien leur valeur. Alors,
pourquoi résister au charme des Dodge Challenger Hellcat, Ford Mustang
Shelby et Corvette C6 ?
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