Top’s Cars N°630 – Août 2019

(Amelia) #1

64 TOP’S CARS Août 2019


MOTORBUSINESS INTERVIEW


Quelle est
l’évolution du
marché sur le
premier semestre 2019 ?
Pour Aguttes, c’est un début
d’année record dans un marché
pourtant bien plus tendu que
précédemment. Je dirai que,
depuis un an, tout ce que nous
avons mis en place avec la
nouvelle équipe d’Aguttes On
Wheels est en train de porter ses
fruits. Nos catalogues n’ont rien
à envier à ceux de RM Sotheby’s,
Gooding ou Artcurial, et surtout
nous misons sur une vraie qualité
de service. Tout cela nous a
amenés à franchir un palier, et
sur les six premiers mois de
2019, nous faisons le même
chiffre d’affaires que sur
l’ensemble de 2017. Or cette
année-là fut la meilleure pour
nous, enchères et ventes privées
confondues... Et puis 2019, c’est
aussi notre arrivée à Paris où
nous avons opéré les ventes de
Printemps et d’Été à l’Espace
Champerret dans le
17 e arrondissement. Pour ce qui
est du marché en général, les
prix demeurent globalement plus


élevés qu’en 2012. Il ne faut
donc pas tirer sur l’ambulance.
N’oublions pas qu’en mars, nous
avons fait 76 % de lots vendus et
deux records du monde. Les
ventes que nous venons de lancer
sur Aguttes Online pour
l’Automobilia se passent bien,
et tout ce qu’on adjuge l’est à
de bons prix. Autre constat,
nous faisons de plus en plus

d’after sales. Nous avons des
appels de gens qui ne se
présentent pas à la vente,
préférant rester à l’affût.

Tous les vendeurs ont-ils
accepté la récente
correction des valeurs ?
Non, une partie d’entre eux n’a
pas encore accepté la baisse de
cote de certains modèles
– principalement Porsche et

Ferrari –, surtout ceux qui ont
acheté au plus haut. Mais ça
change. Ce qui a participé à la
chute, c’est que tout le monde,
même des collectionneurs
reconnus, s’était pris au jeu de la
plus-value. Du coup, les tarifs
sont tellement montés que
beaucoup de gens ont renoncé à
acquérir. Ça a entraîné, pour une
part, la correction des prix.

Y a-t-il un intérêt nouveau
pour les modèles récents ?
Absolument, mais cela n’a pas
lieu au détriment des autos des
années 1950 à 1980. En
revanche, les caisses carrées
d’avant-guerre voient leur cote
d’amour baisser encore, même
si, sur cette époque, les sportives
et les belles carrosseries restent
recherchées. En clair, les
acheteurs élargissent leurs

centres d’intérêt qui, pour
certains d’entre eux, se limitent
aux voitures des années 1990-
2000.

Que veulent les
acheteurs ?
Ils recherchent le côté
exceptionnel des autos. Par
exemple, une première main, un
état extraordinaire, un historique
complet ou encore un intérieur
d’origine sont des critères très
prisés. Si une Mercedes 300 SL
ne coche pas ces cases, elle
restera à 850 000 €, pour ne
citer qu’elle. Évidemment, si une
voiture est rare, c’est un plus.
En fait, le comportement des
acheteurs d’autos de collection
rejoint celui des amateurs d’art.
D’ailleurs, fiscalement, la voiture
de collection est reconnue comme
objet d’art : la taxe sur la
plus-value est calculée
comme celle d’un tableau. Seul
l’exceptionnel, les vraies, les
belles et bonnes autos se vendent
à des prix élevés. Le milieu du
panier quant à lui ne fait plus
franchement recette, à moins
d’être au bon prix.

GAUTIER ROSSIGNOL


DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT AUTOMOBILE DE COLLECTION & AUTOMOBILIA
CHEZ AGUTTES

PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE SCHLESINGER

“LES PRIX DEMEURENT


GLOBALEMENT PLUS ÉLEVÉS


QU’EN 2012. IL NE FAUT DONC


PAS TIRER SUR L’AMBULANCE”

Free download pdf