Les sorties cinéma
d e l ’ é t é
WESTERN (1h40) d’Ivan Kavanagh,
avec Emile Hirsch, John Cusack, Déborah
FrançoisL’histoire
Un charpentier et entrepreneur de
pompes funèbres irlandais, Patrick Tate,
vitavec sa jeune familleàlapériphérie
d’une petite ville sur la route de la Califor-
nie, pendant la ruée vers l’or de 1849. La
vie yest dure mais paisible jusqu’à l’arri-
vée de Dutch Albert et sa bande de
hors-la-loi qui va toutfaire basculeret
l’obligeràprotéger sa famille...Notre avis
En attendant la semaine prochaine et la
sortie de Once uponatime ...inHollywood
de Quentin Tarantino,àl’influencewes-
tern prononcée, il est agréable de voir que
le genre, devenu rare, continue d’attirer les
cinéastes. Plutôtque de filmer une ruée
vers l’ouest, l’irlandais Ivan Kavanagh si-
tue entièrement son intrigue dans une
bourgade sous l’emprise de l’église qui
multiplie les interdits et limite aussi les rè-
glements de compte... L’arrivée d’un ban-
dit sans scrupule, que prend un malin plai-
sir àincarner John Cusack, modifielequoti-
dien d’un honnête croque-mortàlalimite
du chômage technique subitement em-
bourgeoisé par les cadavres qui
s’amassent sous ses yeux. Le conflit inté-
rieur de cet homme, souvent passif, pose
habilementune question morale.Emile
Hirsch apporte un côté énigmatiqueàson
personnage,àl’inverse de son épouse (Dé-
borah François, dont on se réjouit de la pré-
sencedans une production an-
glo-saxonne) qui tente de lui faire garder
lespieds sur terre.Impeccable dans sa
mise en scène aux couleurs crépusculaires,
Never Grow Old ,endépit d’un manque de
folie ou tout simplement de scènes mémo-
rables, tient en haleine... Là est l’essentiel.C. CopFILM D’ACTION (2h14), de David Leitch, avec Dwayne
Johnson, Jason Statham, Idris Elba
Depuisque Hobbs, fidèle agent de sécurité au servicediplo-
matique des États-Unis, combatif mais droit,etShaw, un
homme sans foi ni loi, ancien membre de l’élitemilitaire bri-
tannique, se sont affrontés en 2015 dans Fast&Furious 7,
les deux hommes font tout ce qu’ils peuvent pour se nuire
l’un àl’autre. Mais lorsque Brixton, un anarchiste génétique-
ment modifié,met la main sur une arme de destructionmas-
sive, après avoir battu le meilleur agent du MI6 qui se trouve
être la sœur de Shaw, les deux ennemis de longue date dé-cident de faire équipe...
En huit épisodes et malgré des baisses de régimes et le deuil
de Paul Walker, héros originel de la saga, Fast and furious
s’est imposécomme l’héritier des films d’action des an-
nées 90. Le cocktail:course-poursuite/baston/humour dé-
complexé fait des ravages etose la surenchère, pour tou-
jour splusdeséquences spectaculaires. Hobbsand Shaw
marque un nouveau tournant, puisque pour la première
fois, la franchise s’essaie au spin-off en écartant Vin Diesel
et sa bande pour mettre en lumière Dwayne Johnson et Ja-
son Statham. Non finalisé lors de la venue de l’acteur britan-
niqueàParis le mois dernier (voir page ouverture du ca-
hier), seuls de long extraits mettant en scène les deux starsnous ontété dévoilés. Un split-screenpour opposer les
modes de vie:àl’américaine ou so-smart britannique, de la
castagneàmains nues dans des couloirs, une descente en
rappel sur un building, des virées en bagnoles ouàbord
d’autres véhicules plus inattendus... les promesses
semblent tenues,ycompris celledelaprésence d’une
femme de poigne, incarnée par Vanessa Kirby, déjà aperçue
dans le dernier Mission:Impossible .Quantàlamise en
scène, elle est assurée par l’ancien cascadeur David Leitch,
connu pouravoir signé John Wick, Atomic Blonde et Dead-
pool 2. Nuldoutequ’avecautant d’atouts, leblockbuster
semble parti pour être un des succès de l’été.
C. CopDRAME (2h17),deKantemir
Balagov Avec Viktoria Miroshni-
chenko, Vasilisa Perelygina, Ti-
mofey GlazkovL’histoire
- La Deuxième Guerre
mondialearavagé Leningrad. Au
seindeces ruines, deux jeunes
femmes, Iya et Masha, tentent de
se reconstruire et de donner un
sensàleur vie...
Notre avis
Disciple d’AlexanderSokurov,
Kantemir Balagovs’inscritdans
la tradition du cinéma russe. Il
s’attache donc dans Une grande
fille àrevenir sur un pan de l’his-
toire de son pays au sein d’une
mise en scène rigoureuse, récom-
pensée au Festival de Cannes
dans la section"Un certain re-
gard". Un film résolument fémi-
niste, complexe avec certaines
scènes chocs, donnant une vraie
noirceur aux personnages.
L’amour, la jalousie, le chantage
et la mort se mélangent constam-
ment pour finalement nous mon-
trer àquel point la guerrelaisse
des traces et perturbe les âmes
qui peinentàaller de l’avant.Àla
fois blessés dans leur psyché et
dans leur chair, tous essaient desortir de cetimmobilisme mais
sont constamment rattrapéspar
le spectre de l’horreur. Nerveux et
radical, le film doit aussibeau-
coupàla prestation troublante
des deux jeunes comédiennes.
Viktoria Miroshnichenko pro-
mène sa grande silhouette(d’où
le titre) commeuncorps mal-
adroit,hésitant,etVasilisaPerely-gina masque sesblessures par
une belle froideur. Au travers de
leur relation ambiguë, le réalisa-
teur trentenaire, révélé l’ander-
nier par le percutant Tesnota ,in-
siste sur les non-dits et dresse le
constat d’une période charnière
tout en questionnant sur son pré-
sent. Pertinent.
C. CopFILM D’ANIMATION (1h40), de Lino DiSalvo
AvecKadMerad,FranckDubosc,JeniferBartoliL’histoire
Lorsque sonpetitfrère Charlie disparaît dansl’uni-
versdes Playmobil, Marlapartàsa recherche. Un
sympathique vendeur ambulant, qui vit dansun
food truck, un agentsecret élégant, un affectueuxpe-
tit robot et une bonne fée fantasque rencontrés en
chemin, l’aident dans sa quête...Notre avis
Désormais bien implantés au cinéma, les Lego
ont pris pour habitude de mixer différents univers
tout en s’appuyant sur des visages connus, tels les
super héros Marvel. Désormaisc’est au tour du
concurrent Playmobil d’être adapté sur grand écran.
Suiteàune introduction en prise de vue réelle qui
implante une jolie relation frère-sœur, marquée par
le deuil des parents, le film propulse les person-
nages dans l’univers des jouets. Dès lors, Lino DiSal-
vo s’essaieàdifférents registres:Vikings, western,
espionnage... L’idée n’est pasmauvaise mais malex-
ploitée. Le scénario se contente en effet de passer
d’un universàl’autre sans véritable liant ni véritable
personnalité et oublie de donner une âmeàses figu-
rines.Onpeine doncàs’émouvoir devant les péripé-
ties mollassonnes et les dangers qui guettent le duo
et leurs nouveaux amis. Les référencesàdes block-
busters du 7e
art sont là, mais l’humour se fait rare.
On aalors l’impression d’assisteràune longue dé-
monstrationdes nombreuses possibilités offertes
par les véritables Playmobil "physiques" qu’onaen-
vie de (re) sortir des cartons,pour vivre des aven-
tures plus dynamiques et imaginatives. Sur ce point,
l’objectif est atteint...C. CopççNEVERGROWOLD
Les tourments
du croque-mort
DRAME (1h27), d’Olivier
Coussemacq, avec Jamil Idrissi,
Jalila Talemsi, Assma El Hadra-
miL’histoire
ATanger, Naïma élèveseule
ses trois fils. Les côtes espa-
gnoles sontàportée de regard,
les deux aînés succombentàla
tentation de l’exil. Avantque le
dernier, Hossein, ne suive le
même chemin, Naïma entre en
résistance. Quoi qu’il en coûte,celui-là ne partira pas...
Notre avis
Les envies de départ et d’un
autre Maroc, vues par le prisme
du regard d’un adolescent,qui
va se retrouver forcément
confrontéàlarigueur de l’an-
ciennegénération, représentée
par sa mère. Le choc est inévita-
ble... Propre dans sa réalisation
et sa direction d’acteurs,pour la
plupart non professionnels et
qui réussissent donc leurs pre-miers pas devantlacaméra, Oli-
vier Coussemacq reste cepen-
dantàlasurface du problème.
Chaque vision:la tradition
contre le renouveaudemeure
trop simpliste. En optant quasi
exclusivement pour le regard du
jeune Hossein, le film oublie
peu àpeu le contrepoint, préfé-
rant se perdre dans des ro-
mances aussi banales qu’atten-
dues.Al’image du résultat, en
demi-teinte, donc.C. CopSpin-off musclé
FAST&FURIOUS:HOBBS&SHAW
çPLAYMOBIL
Une idéemal exploitée
et desjouetssans âme
çNOMADES
Conflit générationnel au Maroc
çççUNE GRANDE FILLE
Exister aprèslaguerre
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