Temps - 2019-08-07

(Barry) #1
LE TEMPS MERCREDI 7 AOÛT 2019

4 Actualité


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YAN PAUCHARD
t @yanpauchard

C’est l’issue – pour l’heure provisoire


  • d’une douloureuse affaire qui secoue
    le milieu de l’enseignement vaudois
    depuis plusieurs mois. Suspendu fin
    mars, suite à une lettre d’élèves l’accu-
    sant de propos déplacés et sexistes, un
    professeur de français du gymnase
    Auguste-Piccard, à Lausanne, a finale-
    ment été licencié avec effet immédiat le
    29 juillet dernier par la Direction géné-
    rale de l’enseignement postobligatoire
    (DGEP). Une sanction qui fait sortir de
    sa torpeur estivale l’Association vau-
    doise des maître-sse-s de gymnase
    (AVMG), laquelle dénonce vigoureuse-
    ment ce mardi «la conclusion catastro-
    phique [...] d’un banal conflit scolaire
    entre un enseignant et un groupe
    d’élèves, qui aurait dû être traité par la
    direction mais a été transformé en une
    véritable cabale destructrice».
    Contacté, l’enseignant de 58  ans
    confie vivre «un cauchemar éveillé». Il
    se déclare «sidéré» et «écœuré» d’être


traité de la sorte après 30 ans de service:
«En quatre mois de suspension, je n’ai
jamais pu rencontrer le directeur géné-
ral, Lionel Eperon, ni la cheffe de dépar-
tement, Cesla Amarelle.» Il s’appuie
notamment sur le rapport d’enquête
demandé par la conseillère d’Etat à
l’ancien juge François Meylan. Daté du
18 juin, celui-ci conclut à des faits certes
«graves», mais «pas particulièrement
graves». «Ce rapport donnait éventuel-
lement à mon employeur de quoi for-
muler un avertissement, que j’aurais
d’ailleurs pu contester, mais rien de
plus», souligne, incrédule, le profes-
seur.

Le début de l’affaire
Comment en est-on arrivé à ce
dénouement expéditif? Il faut remon-
ter au 17 mars. Neuf gymnasiennes
d’une classe de dernière année écrivent
à la direction de l’établissement
Auguste-Piccard. Dans leur missive,
elles dénoncent principalement les
propos crus et graveleux de leur ensei-
gnant de français, qui utiliserait de
manière récurrente des termes vul-
gaires, tels que «pute», «bite» ou «bai-
ser». La sanction du Département ne
tarde pas: le 27 mars, c’est la suspen-
sion.
La nouvelle fait alors l’effet d’une
bombe. Sous le choc, ses collègues se
réunissent en assemblée extraordi-
naire et votent à la quasi-unanimité une

résolution dénonçant une mise à pied
totalement disproportionnée à leurs
yeux. Ils confirmeront leur soutien, le
3 juin, avec une deuxième résolution.
Les syndicats déplorent eux «la bruta-
lité administrative» et accusent le
Département d’autoritarisme.

Des soutiens
Pendant ce temps, des élèves et
anciens élèves se mobilisent pour
défendre ce prof jugé charismatique et
libre d’esprit. Il est certain que l’homme,
sarcastique, aussi provocateur que sen-
sible, ne laisse personne indifférent. Il
est aussi un syndicaliste actif, membre
du comité de l’AVMG, ainsi que du
comité fédéral de la fédération syndicale
SUD.
Un tempérament qui va néanmoins lui
jouer des tours. Fin mars, craignant déjà
d’être licencié, l’enseignant envoie un
message via un réseau social à son direc-
teur de gymnase, Yvan Salzmann, le
menaçant d’une guerre syndicale en cas
de renvoi. Un geste qu’il regrette
aujourd’hui et qu’il justifie par «son état
de profonde détresse», mais qui termi-
nera de creuser le fossé entre les parties.
Ce renvoi, le prof va le contester auprès
du Tribunal de prud’hommes de l’Ad-
ministration cantonale (Tripac). Son
avocat, Eric Stauffacher, a demandé ce
lundi à en connaître les motifs. «Ils
restent totalement obscurs. La lettre de
licenciement est si succincte qu’on ne

comprend pas ce qu’on reproche fina-
lement à mon client. Il n’y a rien en tout
cas qui justifie de mettre un terme avec
effet immédiat à 30 ans de carrière,
durant laquelle aucune critique n’a été
formulée sur son enseignement.»

Rupture de confiance
Du côté de la DGEP, son directeur,
Lionel Eperon, confirme le licencie-
ment, mais ne souhaite faire aucun
commentaire, la cause étant désormais
portée devant le Tripac. Il renvoie à une
courte note à la presse: «Sur la base
d’un rapport d’un expert indépendant
mandaté par l’employeur, la DGEP a
considéré que le lien de confiance avec
cet enseignant était irrémédiablement
rompu. La DGEP regrette d’avoir été
contrainte d’en arriver à cette mesure
et tient à souligner que les droits des
divers protagonistes ont été respectés,
en particulier le droit d’être entendu.»
Reste que les prochaines semaines
promettent d’être électriques. Le syn-
dicat SUD promet «une batterie d’ac-
tions pour la rentrée». «Cette affaire
ébranle toute la profession depuis le
mois d’avril», légitime la syndica-
liste Françoise-Emmanuelle Nicolet.
«Beaucoup sont inquiets. Que peut-on
encore dire en classe? Peut-on faire
preuve d’ironie ou de deuxième degré
sans risquer une dénonciation? On ne
peut quand même pas aller enseigner
la boule au ventre.» ■

Propos sexistes: un professeur lausannois


est licencié avec effet immédiat


VAUD Suspendu depuis ce printemps
suite à une plainte d’élèves, un ensei-
gnant du gymnase Auguste-Piccard
à Lausanne a finalement été licencié.
Alors que l’affaire ébranle le milieu
scolaire, les syndicats dénoncent une
sanction aussi brutale que dispropor-
tionnée

ATS


L’annonce de la candidature du
cofondateur et ancien patron du
Mouvement Citoyens genevois
(MCG) Eric Stauffer au Conseil
national sur une liste alliée au
Parti bourgeois démocrate (PDB)
à Genève provoque des remous.
La direction nationale du parti
émet de sérieuses réserves par
rapport à sa demande d’adhésion.
La secrétaire générale du PBD
suisse, Astrid Bärtschi, a confirmé
mardi à Keystone-ATS une infor-
mation de la SRF, selon laquelle
Eric Stauffer a déposé sa demande
d’adhésion il y a quelques jours.
Le parti précise dans un commu-
niqué qu’il traitera cette demande
«sous peu» et décidera de son
affiliation.
«Au vu de l’état actuel des
connaissances concernant le
positionnement politique d’Eric
Stauffer, il semble très douteux
qu’il soit accepté comme membre
du PBD et qu’il puisse donc se
présenter comme candidat», écrit
toutefois le parti. «Beaucoup de
ses positions ne correspondent
pas aux nôtres», précise Astrid
Bärtschi. ■


ÉLECTIONS La direction natio-
nale du Parti bourgeois démo-
crate émet des réserves


La candidature


d’Eric Stauffer


suscite des remous


au sein du PBD


Près de 42,1%
de candidates
à Berne
Dans le canton de
Berne, 274
femmes, sur 651
candidats, se
présentent pour le
Conseil national
lors des élections
fédérales du
20 octobre (où
24 sièges seront
en jeu).
La proportion de
femmes s’établit
ainsi à près de
42,1%, contre
37,4% en 2015.
ATS

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