Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1
131

vendredi 16


y 22.50 Arte Film

Woodstock


Three Days of Peace and Music
| Documentaire de Michael Wadleigh (USA, 1970)
| Montage : Martin Scorsese | 220 mn. Rediffusion.
Du 15 au 17 août 1969, un demi-million de spectateurs assis-
taient, dans un champ de l’Etat de New York, au plus grand
concert de rock jamais organisé. On peut déguster ce documen-
taire historique en petites tranches au gré de ses appétits. Sé-
quence démago : Crosby, Stills, Nash and Co tentant de se dis-
culper — « On a le trouillomètre à zéro les gars, c’est seulement
notre deuxième concert... » Séquence fou rire : les olibrius gomi-
nés et pailletés de Sha Na Na ondulant du peigne et du pelvis

t 20.50 France 5 Documentaire

Les Routes de l’impossible


Sibérie, le désert de glace
| Série documentaire. Réalisation : Philippe
Lafaix (saison 12, France, 2019) | 50 mn. Inédit.
« Tu ne peux pas survivre ici si tu ne sais
pas faire. » En une phrase, Grigori, un
convoyeur de marchandises, décrit l’in-
trépidité des habitants de l’Iakoutie, dans
le nord-est de la Sibérie. Les hivers y sont
cauchemardesques, le thermomètre des-
cend jusqu’à - 40  degrés et la glace re-
couvre absolument tout. Dès lors, « on n’a
pas de routes, on n’a que des directions ». La
série nous fait parcourir des distances in-
commensurables, traverser cet immense
territoire de 3 millions de kilomètres car-
rés — autrefois royaume des mammouths
et des hommes préhistoriques  — avec

t 13.35 Arte Film

Selma


| Film d’Ava DuVernay (USA/GB, 2014) | Scénario : Paul Webb | 125 mn. VM
| Avec David Oyelowo (Martin Luther King Jr), Tim Roth (George Wallace),
Carmen Ejogo (Coretta Scott King), Giovanni Ribisi (Lee C. White),
Alessandro Nivola (John Doar), Martin Sheen (Frank Minis Johnson).
| GENRE : BIOPIC PéDAGOGIqUE.
De Martin Luther King, ce film ne raconte ni le fameux discours
de 1963, « I have a dream », ni l’assassinat, en 1968, mais le com-
bat pour le droit de vote des Noirs. En s’appuyant sur les rapports
du FBI, la réalisatrice entre dans les coulisses de l’action poli-
tique et militante et donne une portée pédagogique à cette re-
constitution. Les combats et la méthode de Martin Luther King
(sobrement interprété par le très doué David Oyelowo) peuvent
encore servir aujourd’hui. Ce message fort aurait pu être délivré
avec davantage de tempérament et d’âme. Quand, à la fin de Sel-
ma, des archives surgissent, la vitalité spontanée qu’elles
montrent souligne les limites de ce film mené avec rigueur, mais

BASSIGNAC-DAHER/GAMMA aussi avec raideur. — Frédéric Strauss


| EllIott


lAND


y/MAGNuM


PHoto


S


Un paradoxe qui dit
tout sur ces trois jours
de folie hippie : c’était
le début de quelque
chose et... la fin
de quelque chose...

pour guides des chauffeurs qui luttent
avec ténacité contre une nature hostile
afin de ravitailler les villages reculés.
Le spectateur est porté par la justesse
de la narration et la splendeur des pay-
sages enneigés. Mais ce n’est pas le pre-
mier numéro des Routes de l’impossible
consacré à la Sibérie. Il s’agit là d’un
énième documentaire consacré à la ru-
desse d’une région parmi les plus froides
au monde, dont le sous-sol regorge de mi-
nerais (diamants, or, uranium...). Tout l’in-
térêt du film est de nous dévoiler quelques
pans des coutumes ancestrales des
peuples iakoutes — moins de un million de
personnes  —, anciennement nomades.
Entre autres anecdotes, l’on apprend que
la distance des trajets se comptait, jadis,
au nombre de chansons chantées au cours
du voyage. — Raoul Mbog

devant un troupeau de hippies... babas. Séquence familiale :
Joan Baez dédiant un hymne syndicaliste à son mari, David, en
prison car opposé à la guerre du Vietnam, et à sa sœur Mimi, qui
ne se sent pas très bien...
Mais la véritable vedette de ces « trois jours de paix et de mu-
sique », c’est le public. Se baignant à poil et se poilant comme des
baigneurs. Faisant l’amour, pas la gueule, beaux comme des si-
phonnés, sales comme des chiffonniers. Et la seule morale de
l’histoire tient dans cette phrase négligemment lâchée par un
gamin : « On est tous venus chercher une réponse ici, mais il n’y en a
pas... » Vous pouvez répéter la question? — Philippe Barbot

Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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