Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1
132 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir

câble | satellite


t 22.30 Ciné+ Club Film

We Blew It


| Documentaire de Jean-Baptiste Thoret
(France, 2017) | 140 mn. Rediffusion.
« On a tout foutu en l’air. » A partir de la my-
thique réplique d’Easy Rider, et en s’ap-
puyant sur les grands cinéastes de cette
époque (Michael Mann, Bob Rafelson,
Jerry Schatzberg, Peter Bogdanovich), le
critique et historien du cinéma Jean-Bap-
tiste Thoret montre comment les Etats-
Unis sont passés de l’utopie hippie des an-
nées 1960 au cauchemar réactionnaire de
Donald Trump. Un exercice ambitieux et

y 20.40 Ushuaïa TV Documentaire

Yosemite, terre vivante


| Documentaire de Joseph Pontecorvo
(USA, 2017) | 55 mn. Inédit.
Tandis que la Terre accuse sa période la
plus chaude depuis deux mille ans, Us-
huaïa TV consacre un doc au parc national
de Yosemite, affecté par des sécheresses
consécutives. Au cœur de la sierra Nevada,
la plus haute chaîne de montagnes de Ca-
lifornie, cette vallée abrite un trésor : l’eau.
Jusqu’à présent, le cumul des neiges a été
suffisant pour fournir à la Californie plus
de 30 % de ses réserves d’eau douce. Mais
à la suite du réchauffement climatique,
les réserves sont largement inférieures à
la normale. Cette situation alarmante
concerne également la flore et la faune.
Les séquoias géants — protégés du feu par
leur écorce spongieuse — ont atteint un
niveau de stress hydrique record.
S’il est bien question de fragilité de la
nature ici, le documentaire choisit de trai-
ter le sujet en magnifiant chaque élément.
Du pika d’Amérique, cousin craquant du
lapin, jusqu’aux chutes d’eau baignées par
les couleurs du soleil couchant, les images
sont d’une grande intensité. Une vallée
inédite se dévoile alors sous nos yeux
comme « si Dieu l’avait creusée avec ses
doigts pour donner de la joie aux hommes ».

— Alexandra Klinnik


y 21.00 Mezzo Live HD Opéra

Cendrillon


| Opéra de Jules Massenet. Livret d’Henri Cain et Paul Collin, d’après la fable de Charles Perrault
| Enregistré au Festival de Glyndebourne, le 30 juin 2019 | Décors : Jon Bausor. Costumes : Nicky
Gillibrand. Lumières : Anna Watson | Mise en scène : Fiona Shaw | Réalisation : François Roussillon
| 150 mn. Rediffusion | Par l’Orchestre philharmonique de Londres et le Chœur de Glyndebourne,
dirigé par John Wilson | Avec Danielle de Niese, Kate Lindsey, Nina Minasyan.
Cendrillon, ce n’est pas que Walt Disney. Après Johann Strauss et Prokofiev, qui en ti-
rèrent des ballets, et Rossini, qui en avait déjà fait un opéra-bouffe, Massenet composa
son propre opéra en 1894-1895. La représentation qui en a été donnée à Glyndebourne
House le 30 juin dernier prend le parti de la farce en situant l’intrigue au cœur d’une dé-
cadence bourgeoise plus proche de Feydeau que de Perrault. Quand le mari déplore de
ne pas être maître chez lui, la marâtre se pare des atours grotesques d’une nouvelle
riche ( jogging, peignoir en léopard et mules dorées) et ses deux pestes de filles, de toute
la laideur obscène des narcisses contemporains. Quant au Prince, interprété par une
mezzo-soprano (Kate Lindsey) comme le commande la tradition, il a des attitudes de
rocker neurasthénique.
Cette modernisation opérée par la mise en scène de Fiona Shaw s’avère percutante
sans trahir le livret d’Henri Cain. Si elle tend à généraliser la dérision en prêtant des rêves
de fashion victim à Lucette-Cendrillon (interprétée par Danielle de Niese avec une alter-
nance de grâce et de vulgarité naïve), le charme agit, et l’on se surprend finalement à
considérer avec tendresse cette midinette bien de notre temps. Le merveilleux affleure
d’ailleurs, en accord avec la partition teintée de gaieté, d’ironie et de féerie romantique
qui fait de cet opéra l’un des plus réussis de Massenet. — Louis-Julien Nicolaou
Rediffusion : 18/8 à 9.30.

t 21.25 Histoire Documentaire

L’Histoire de l’Amérique


en couleur


Les années 1930
| Série documentaire de Lucie Ridout
(2/5, USA, 2017) | 45 mn. Rediffusion.
Du krach de 1929 à la guerre, les années
1930 américaines ont l’allure d’une décen-
nie bizarre bornée par deux cauchemars.
Née dans un cortège de faillites, de chô-
mage et de misère, la période offrira fina-
lement une parenthèse de prospérité avec
l’impulsion du New Deal, le gigantesque
plan de relance de Roosevelt. Avec jus-
tesse, ce film n’oublie pas les damnés de
cette période, en évoquant aussi bien les
ouvriers morts dans les grands chantiers,
comme le Golden Gate, que les victimes
de la tempête de poussière ayant inspiré à
Steinbeck ses Raisins de la colère.
Construit sur un sérieux travail d’ar-
chives, le doc nous raconte agréablement
cette histoire grâce à un montage fluide.
Mais, en zappant de la fin de la prohibition
à la création du FBI, du fordisme aux dé-
buts d’Orson Welles, cette promenade en
couleur n’échappe pas au défaut de son for-
mat : la superficialité. Laquelle est enrobée
d’une narration périmée sur le génie de
Roosevelt et du peuple américain. « L’éco-
nomie, la terre et le peuple ont vaincu les
épreuves pour créer une vie meilleure » : on
n’aurait pas mieux clos un film de propa-
gande soviétique... — Youness Bousenna
Précédé des Années 1920 (1/5).
Rediffusions : 17/8 à 23.00, 18/8 à 9.40.

Glyndeb

Ourne Pr

OductiOns

ltd. PhO

tO richard

hubert

smith

Une Cendrillon
attachante en
midinette bien
de notre temps.

passionnant, forcément partial et partiel.
Que le documentariste interroge les ar-
tistes concernés ou des anciens combat-
tants (du Vietnam, d’Irak...), le même
portrait d’une Amérique déboussolée
surgit. Une Amérique crépusculaire
( jusque dans la photo, superbe, toujours
entre chien et loup), qui a renoncé à ses
idéaux depuis longtemps pour s’identi-
fier à une sinistre starlette de télé-réalité
autobronzée. — Jérémie Couston
Rediffusion : 22/8 à 10.15

Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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