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Un colibri sUr le rocher
Radio Ethic
à écouter
sur http://www.radio
ethic.com
Série d’été 5/6 | LeS oreiLLeS au vert
Depuis quinze ans, elle s’y attelle :
quand elle n’est pas dans son oliveraie
des hauteurs de Nice, elle sillonne la
région armée de son petit enregistreur.
Son millier d’auditeurs quotidien, lui,
ne se trouve pas que dans le Sud : dif-
fusée sur Internet, la webradio séduit
« pas mal de Parisiens ».
Le métier de journaliste, elle l’a ap-
pris sur le tas en réalisant à Monaco des
reportages sur la protection des océans,
ou bien sur les nouveaux modes de
transport urbain. Pas évident cepen-
dant de faire tourner une radio à elle
seule. Les subventions de l’association
couvrent tout juste les frais de diffu-
sion (sur le Web, en DAB+ et en FM à
Monaco) : Radio Ethic n’a pas les
moyens de payer beaucoup de journa-
listes, ou alors ponctuellement. Les
autres sont bénévoles, comme Hervé
Pichat, qui gère la technique.
Même si la radio ne diffuse pas de
publicité, Evelyne Tonelli réalise des
chroniques sponsorisées, qu’elle
tente de multiplier sans sacrifier sa
ligne éditoriale. Et qui dit Côte d’Azur
dit luxe et entreprises de standing,
mais encore faut-il qu’elles adoptent
une démarche écologique. Ce jour-là,
elle rencontre Julie Poirot, respon-
sable RSE (responsabilité sociale des
entreprises) à l’hôtel du Cap-Eden-Roc
d’Antibes, qui explique comment le
palace entend diminuer son em-
preinte carbone tout en préservant le
luxe attendu par les clients. Peut-être
cette interview permettra-t-elle de dé-
crocher un nouveau sponsor?
L’autre épreuve est celle du passage
de relais. « C’est le problème de ces peti
tes radios : bien souvent, elles meurent
avec leur fondateur », commente Eve-
lyne Tonelli. Pour pallier ces deux pro-
blèmes — le manque de moyens et la
pérennité —, elle envisage notamment
un partenariat avec l’école de journa-
lisme de Nice, dont les étudiants pour-
raient réaliser des reportages gratuite-
ment. Et, pourquoi pas, devenir les
« petits colibris » de demain.
— Matilde Meslin
Photo Olivier Metzger pour Télérama
Dans les rues de Monaco, Evelyne To-
nelli est chez elle et les garçons de café
la saluent chaleureusement dès qu’elle
s’attable. C’est dans la Principauté que
cette franco-monégasque de 64 ans
réalise une partie des reportages diffu-
sés sur sa webradio associative, Radio
Ethic. Depuis quinze ans, entre deux
morceaux de musique, elle y parle de
développement durable, d’écologie et
d’économie solidaire à travers de
courts reportages qu’elle réalise sou-
vent elle-même.
Fille de Robert Schick, directeur
général de Radio Monte-Carlo (future
RMC) après la guerre, elle fait carrière
dans la vente de programmes éduca-
tifs à des chaînes de radio. Très sen-
sible à la nature, elle ressent le besoin
de parler de développement durable.
En 2005, entourée de son mari et
d’amis, elle crée sa webradio sans y
connaître grand-chose : Radio Ethic
est née. « Au début, on nous reprochait
ce nom, raconte-t-elle. On nous disait :
c’est pas très joli comme mot, “éthique”.
Et puis quelques mois après le lance
ment, le prince Albert II est monté sur le
trône. Dans son discours d’intronisa
tion, il a parlé d’éthique. Soudainement,
le mot était devenu tendance. »
Engagée pour l’écologie, cette mili-
tante souhaite faire ce qu’elle appelle
« un travail de petit colibri » — en réfé-
rence au mythe amérindien populari-
sé par Pierre Rabhi, où un petit oiseau
tente d’éteindre un incendie de forêt
avec les quelques gouttes que peut
contenir son bec, pour faire sa part de
l’effort collectif. Elle veut éveiller les
consciences, « mais en apportant des
solutions, pas en culpabilisant les gens ».
Adepte de la parabole du colibri chère à Pierre Rabhi, Evelyne Tonelli
a fondé Radio Ethic, à Monaco. Sans pub, mais soutenue par des sponsors.
Voilà quinze ans
qu’Evelyne Tonelli
a créé sa webradio.
Animée d’un seul
désir : éveiller
les consciences
sur l’écologie.
Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19