Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

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samedi 17

t 21.55 LCP-Public Sénat Documentaire

J’ai décidé de mourir

| Documentaire d’Antoine Laura (France, 2018) | 50 mn. Rediffusion.

« Elle est pas facile, la petiote. » Le moins que l’on pouvait dire

d’Anne Bert, c’est son compagnon, Rémi, qui le déclare, face ca-

méra, quelques mois avant la mort de sa femme. Souffrant de

l’irréversible maladie de Charcot, l’écrivaine avait décidé

qu’elle interromprait son existence le jour où, prisonnière de

son corps, elle ne pourrait plus manger ni faire sa toilette seule.

Informé de son projet, le réalisateur Antoine Laura lui avait de-

mandé l’autorisation de filmer ses derniers mois ; tout à son dé-

sir de faire avancer la réflexion sur l’euthanasie, Anne Bert, au-

teure du Tout Dernier Eté (éd. Fayard), avait accepté. Pour être

utile, son combat devait se poursuivre jusqu’après sa mort — le

2 octobre 2017, en Belgique.

Tout au long de ce compte à rebours baigné de soleil, la

presque sexagénaire fait preuve d’une impressionnante honnê-

teté intellectuelle. Tenue à distance respectable, la caméra la

regarde rayonner sur les siens, exigeante, inébranlable, quasi

autoritaire. Le pathos ne tient ici aucune place — Anne Bert

n’aurait pas laissé sa dignité être entamée —, et rien, pas même

la beauté de la lumière, n’était de nature à la faire chanceler. Pas

plus que ses proches, on ne doute du bien-fondé de sa décision.

Mais à voir la fermeté dont il lui a fallu faire preuve, on mesure

à quel point la décision d’abréger ses jours n’est pas à la portée

de la première venue. — Aude Dassonville

i 22.35 Arte Opéra

Orphée aux Enfers

t 21.00 LCP-Public Sénat Documentaire

Etats-Unis : la ruée vers l’herbe

| Documentaire de Frédéric Biamonti et Gilles Biassette.

Réalisation : G. Biassette (France, 2017) | 55 mn. Rediffusion.

Le marché du cannabis légal s’envole aux Etats-Unis. De la Califor-

nie à Washington, les réalisateurs de cette enquête de 2017 dressent

un panorama de la variété des situations, car chaque Etat fixe ses

propres règles. Immense paradoxe, le cannabis est interdit au ni-

veau fédéral. La menace d’une véritable prohibition semble toute-

fois vite balayée par la démonstration de la puissance du « canna-

business » légal : 6,7 milliards de dollars d’achats en 2016.

Si l’emballement des investisseurs, des économistes et de cer-

tains politiques est montré par le menu, le traitement des aspects

négatifs reste elliptique. Quel est l’impact de la légalisation sur le

marché noir? Quels sont les effets secondaires? Où en est la re-

cherche? Le Massachusetts impose pour sa part des analyses

strictes. « Une bonne partie de la marijuana ne passe pas nos tests de

pollution : on trouve des moisissures, des bactéries, des métaux

lourds, du plomb, de l’arsenic... » explique le dirigeant d’un labo.

Dommage que la question n’ait pas été creusée dans les Etats dé-

pourvus de réglementation. La fin du doc donne la parole au lob-

byiste « anti » Kevin Sabet, qui craint que les risques ne soient élu-

dés pour ne pas entacher un business qu’il compare à celui du

tabac. Mais le film ne nous aide pas à savoir que penser de toutes

ces peurs et ces réserves. — Marie-Hélène Soenen

MeMento/Arte 2018 Rediffusion : 21/8 à 18.00.

| MA

ts Bäcker

| siMon P

Auly

| uzAn

internA

tionAl Artists

| Opéra-bouffe de Jacques Offenbach.

Livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy

| En différé du Festival de Salzbourg | Direction

musicale : Enrique Mazzola | Mise en scène :

Barrie Kosky. Costumes : Victoria Behr.

Lumières : Franck Evin. Chorégraphie :

Otto Pichler | Par l’Orchestre philharmonique

de Vienne, le Vocalconsort Berlin | 105 mn

| Avec Marcel Beekman (Aristée/Pluton),

Martin Winckler (Jupiter), Joel Prieto (Orphée),

Kathryn Lewek (Eurydice), Max Hopp (Styx),

Anne Sofie von Otter (L’Opinion Publique).

Révisée par Jacques Offenbach et ses li-

brettistes, la légende d’Orphée et Eury-

dice n’a rien de tragique. Les tourte-

reaux ne se supportent plus, et c’est avec

soulagement qu’Eurydice, exaspérée

par le violon de son mari, se retrouve aux

Enfers. Orphée, lui, est ravi, mais L’Opi-

nion Publique l’oblige à déposer une ré-

clamation auprès des dieux...

Salzbourg fête dans la Haus für Mo-

zart celui que Gioachino Rossini appe-

lait justement le « petit Mozart des

Champs-Elysées », avec une alléchante

production chantée en français, parlée

en allemand, et dirigée par un tandem

de choc. A la mise en scène, Barrie Kos-

ky, intendant de la Komische Oper ber-

linoise et formidable artiste, veut mé-

langer les styles et les époques, et

restituer à sa manière le côté subversif et

avant-gardiste du livret. En fosse, on

peut compter sur le chef Enrique

Mazzola pour faire pétiller et galoper la

musique. — Sophie Bourdais

Anne Sofie von

Otter, Joel Prieto

et Kathryn Lewek.

Ce soir à Salzbourg,

mais aussi sur Arte :

un plan d’enfer.

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