158 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir
câble | satellite
u 20.30 Mezzo Opéra
Le Vaisseau fantôme
| Opéra de Richard Wagner.
Livret d’après Heinrich Heine
| Enregistré au Teatro real de Madrid
le 23 décembre 2016 | Mise en scène : Alex Ollé
| Décors : Alfons Flores. Costumes : Josep Abril.
Lumières : Urs Schönebaum.
Vidéo : Franc Aleu. | 140 mn. Rediffusion
| Par l’Orquesta sinfónica de Madrid, dirigé
par Pablo Heras-Casado | Avec Samuel Youn,
Kwangchul Youn, Ingela Brimberg,
Kai Rüütel, Nikolaï Schukoff.
Dès l’ouverture, une véritable bourrasque
musicale nous plonge dans l’enfer d’un
mort-vivant, ce Hollandais condamné à
n’accoster que tous les sept ans, dans l’es-
poir qu’une femme fidèle le délivre de son
errance perpétuelle. Un thème à la fois
houle et ressac. Dans son premier grand
opéra, Wagner inaugure le principe du
leitmotiv, qui, par la suite, sera sa signa-
ture artistique. Apparition aussi de la fi-
gure du héros poursuivi par une malédic-
tion (Tristan, Siegfried) et de celle de la
femme sacrifiée sur l’autel de la rédemp-
tion : ici, elle s’appelle Senta, « sœur
aînée » d’Elsa et de Sieglinde.
Pour aborder les rivages tempétueux
de cette fresque romantique, cette pro-
duction exemplaire s’impose. Par une dis-
tribution à la fois juste et habitée dans
tous les rôles et une direction brassant en
coloriste les embruns et les déferlantes,
l’écume et les coups de tabac des senti-
ments, les brumes du désespoir et le soleil
constamment voilé de l’espérance. Du
Turner musical auquel la mise en scène
d’Alex Ollé (de La Fura dels Baus) s’arrime
somptueusement. L’ouverture avec l’ap-
parition du vaisseau fantôme, la chute en
grappe des damnés de la mer dans les
abysses, l’engloutissement final du Hol-
landais et de ses spectres sont parmi les
plus beaux tableaux imaginés pour cette
œuvre. — Bernard Mérigaud
Rediffusion : 24/8 à 8.30. Mezzo Live HD :
31/8 à 17.00, 1/9 à 9.30, 5/9 à 2.00, 11/9 à 6.00,
12/9 à 13.00, 13/9 à 22.30, 14/9 à 2.00,
17/9 à 17.00, 20/9 à 9.30, 22/9 9 à 21.00,
23/9 à 6.00, 25/9 à 13.00.
u 20.50 Ciné+ Club Film
Les Nuits de la pleine lune
| Film d’Eric Rohmer (France, 1984) | 95 mn | Avec Pascale Ogier (Louise), Tchéky Karyo (Rémi),
Fabrice Luchini (Octave), Virginie Thévenet (Camille), Christian Vadim (Bastien),
László Szabó (le peintre du café), Lisa Garneri (Tina), Anne-Séverine Liotard (Marianne).
| GENRE : MARIVAUDAGE NöVO-ROHMéRIEN.
Réputé austère et suranné, bien que garni de jeunes filles en fleurs, le cinéma d’Eric Roh-
mer a plus souvent été ancré dans un territoire (comme les villes nouvelles ou la Bretagne)
que dans une époque. Ce quatrième épisode des « Comédies et proverbes », le plus beau
de la série, constitue une exception. Il tendait un miroir aux « jeunes gens modernes », ces
branchés des années 1980 écoutant Rectangle, de Jacno, lisant L’Incal et passant leurs nuits
au Palace, la boîte devant laquelle Pascale Ogier, actrice principale, s’effondra, à l’âge de
25 ans (overdose et souffle au cœur), à peine trois mois après la sortie du film.
L’icône növo (post-punk) aura juste eu le temps d’offrir sa silhouette gracile, son teint
diaphane, sa voix délicieusement aiguë et son excentricité non feinte à quelques cinéastes
vampires. Dont Rohmer, qui s’inspira de la vie amorale de sa jeune voisine du 3e étage (Pas-
cale avait grandi avec sa mère, Bulle, et son beau-père, Barbet Schroeder, dans l’immeuble
des Films du Losange, où Rohmer avait ses bureaux) pour imaginer le personnage de
Louise, tiraillée entre son amoureux, le sinistre Rémi (Tchéky Karyo), exilé à Marne-la-Val-
lée, et son prétendant parisien, le volubile Octave (Luchini, déjà grandiose), avec qui elle
sort le vendredi soir. Rarement mise en abyme aura été si déchirante. — Jérémie Couston
Rediffusions : 20/8 à 17.25, 21/8 à 4.30.
y 22.30 OCS City Film
Le Prix du succès
| Film de Teddy Lussi-Modeste (France, 2017)
| Scénario : T. Lussi-Modeste, Rebecca
Zlotowski | 90 mn | Avec Tahar Rahim (Brahim
Mecheri), Roschdy Zem (Mourad Mecheri),
Maïwenn (Linda), Grégoire Colin (Hervé).
| GENRE : SON FRèRE.
Brahim est un humoriste en train de de-
venir une idole. Sa famille, dont il a fait
la fortune, pourtant, l’enserre dans des
rets affectueux. Notamment son frère,
Mourad, à la fois agent, manager, avocat,
garde du corps. Capable de sortir une
matraque pour éloigner des fans encom-
brants de Brahim, mais de le fourvoyer
aussi dans des choix hasardeux qu’il Films AriAne/Films du
lO
sAnge
Pascale Ogier,
« jeune femme
moderne »
trop tôt disparue.
Et Fabrice,
déjà Luchini.
croit géniaux. Quand il apprend son évic-
tion pour un agent plus habile, plus ma-
lin, plus diplomate, Mourad perd la tête...
C’est cette rupture fraternelle, pres-
que passionnelle, que saisit le réalisa-
teur. Au vol, si l’on ose dire : il filme vite,
désireux d’exacerber la tension de
chaque scène. Il freine la violence,
d’abord, la laisse se répandre lentement,
avant de la faire exploser. Il existe, et
plus nombreux qu’on ne le pense, des
sportifs ou des humoristes prêts à renon-
cer à une carrière prometteuse pour
éloigner de leur entourage des profi-
teurs pour lesquels ils ne sont que des
vaches à lait. C’est dire que le relatif hap-
py end du Prix du succès — sans lequel
aucun film français actuel ne saurait être
financé — n’est qu’un leurre. Le vrai
dénouement de ce conte cruel, beau-
coup plus noir et désabusé, est à cher-
cher dans la lettre que Brahim envoie à
son frère : « Parfois, je me dis que ç’aurait
été plus simple, pour nous, de ne pas y
arriver. Un échec, dans notre milieu, c’est
banal. C’est la réussite qui fait mal. »
Comme le pouvoir, la gloire rend fou.
— Pierre Murat
Rediffusions : 19/8 à 11.20, 21/8 à 23.55,
23/8 à 12.30.
Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19